Dossier, Cité internationale de la gastronomie
Suite à la décision de la Mission française concernant le projet d’attribution du titre de Cité Internationale de la gastronomie à l’une des cinq villes candidates, suite à la déclaration du maire de Lyon et suite à ce que l’on peut appeler un véritable camouflet pour la ville, les commentaires pleuvent entre Rhône et Saône:
Communiqué de François-Noël Buffet – (Sénateur du Rhône)
Cité de la gastronomie
Lyon sur la touche, un cruel désaveu de la gouvernance de Gérard Collomb
La Mission française du patrimoine et des cultures alimentaires a proposé, ce vendredi matin, de créer, non pas une Cité de la gastronomie, mais un réseau de plusieurs « cités »… sans Lyon en l’état actuel.
« Le socle sera constitué par les projets de Tours, Paris-Rungis et Dijon ». Le projet de Beaune a été écarté mais « Lyon ne doit pas être exclue du schéma proposé » précise la MFPCA.
Les trois ministres concernés par ce dossier : Aurélie Filippetti (Culture), Stéphane Le Foll (Agriculture) et Guillaume Garot (Agroalimentaire) ont demandé des éléments complémentaires, en particulier le plan de financement, mais aussi l’offre culturelle et la dimension pédagogique des différents projets. Les villes candidates ont jusqu’à mi-avril pour rassembler ces différents renseignements. La décision définitive sera rendue fin avril, mais le projet de « réseau de cités » semble avoir séduit les trois ministres.
La Cité de la gastronomie est destinée à devenir, selon la Mission française du patrimoine et des cultures alimentaires, « un extraordinaire pôle culturel de développement économique et touristique ». Cette création intervient trois ans après l’inscription par l’Unesco du « repas gastronomique des Français » au patrimoine de l’humanité, en 2010.
Cette décision est un échec pour Lyon et, à nouveau, un cruel désaveu des méthodes de gouvernance de Gérard Collomb dont le soutien tardif au projet n’a été motivé que par le rassemblement des « Toques Blanches Lyonnaises » du 30 septembre dernier sous ses fenêtres de la place des Terreaux ; rassemblement auquel je participais aux côtés de nombreux Lyonnais amoureux de leur gastronomie.
Dans ce dossier, comme dans bien d’autres, la « méthode Collomb » prouve ses limites et pénalise grandement l’agglomération, les Lyonnais et l’image de la Capitale des Gaules.
Communiqué de Presse de Michel Havard
Cité de la gastronomie : une décision indigeste du Gouvernement
J’apprends ce jour que Lyon, grande cité de la gastronomie française et mondiale, devra se contenter d’une toute petite part du gâteau et s’accommoder de quelques miettes tandis que trois villes françaises se partageront un tiers du titre de « cité internationale de la gastronomie ». Beaune, seule commune dirigée par un maire UMP, est définitivement écartée par le Gouvernement.
Ce choix des Ministères de la culture et de l’agriculture reflète parfaitement l’incapacité de ce Gouvernement à prendre des décisions et à trancher, qui plus est entre quatre villes pilotées par des maires appartenant à sa majorité de gauche. La solution retenue par les équipes de François Hollande et de Jean-Marc Ayrault est sans doute la plus mauvaise. Par souci de soigner ses troupes et incapable d’arbitrer entre ses barons locaux, elle ne permettra à aucune de ces quatre villes de rayonner comme il se devrait sur le plan international, plus encore pour Lyon qui doit se contenter d’un strapontin !
Je suis désolé de ce résultat pour les Lyonnais et notamment pour le monde économique, agricole, touristique et gastronomique, qui se sont fortement mobilisés durant plusieurs mois. Lyon possédait tous les atouts pour l’emporter, sauf une mobilisation de son Maire et de son équipe municipale !
Gérard Collomb n’a pris conscience de l’enjeu que tardivement : un enjeu d’image et d’attractivité sur le plan national et international, un enjeu économique et un enjeu de valorisation du patrimoine et de la filière régionale.
Non Gérard Collomb n’a pas fourni l’effort nécessaire pour que Lyon s’impose. Comme par le passé avec le Grand prix de tennis de Lyon ou encore avec le salon international Lyon Mode City, il n’a pas su se battre et porter la ville au niveau qu’elle mérite. Ses 10 ans de mandat montrent son échec à faire rayonner notre ville à l’extérieur.
C’est bien trop tardivement et sous la pression de l’opinion publique qu’il a finalement préparé un dossier pour défendre les couleurs de notre ville ! Monté à la va-vite et sans conviction, ce dossier n’a pas su refléter l’engagement des Lyonnais, laissant à d’autres villes pro-actives tout le temps de se créer une image énergique et volontariste.
Au moment où Marseille inaugure son titre de Capitale européenne de la culture, la capacité de Gérard Collomb à faire rayonner notre ville pose question. Comme nous le disions déjà en 2008, la méthode Coué a ses limites et seule la capacité à agir en équipe peut être synonyme de succès.
Cette décision est donc une grande déception pour tous les Lyonnais.
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Communiqué de Presse de Nora BERRA
Cité de la gastronomie : Gérard Collomb inflige une nouvelle humiliation aux Lyonnais !
Avec l’échec de Lyon comme Cité de la gastronomie, Gérard COLLOMB démontre une nouvelle fois son incapacité à être présent dans les grands rendez-vous au service de sa ville.
Au-delà de son incapacité à porter ce dossier auprès des ministres de la Culture, de l’Agriculture et de l’Agro-alimentaire, cet échec témoigne du peu de crédit que sa propre majorité lui accorde.
Après le dernier camouflet infligé lors de la désignation de Marseille comme Capitale Européenne de la Culture, Lyon connait là une nouvelle sévère humiliation.
Notre ville avait tous les atouts pour devenir cette « Cité de la gastronomie », si son maire avait eu cette ambition pour elle.
De nombreux rendez-vous ont quitté le Rhône et la Saône pour être organisés dans des agglomérations où mener un projet collectif au service des habitants et du développement économique a un sens : le « grand prix de tennis » désormais organisé à Montpellier, « Lyon Mode City » délocalisé à Paris ou encore le « Vaccin Fund » installé à Genève. Hélas, cette liste est loin d’être exhaustive.
Après ce nouveau revers, il est peut-être temps pour le bien-être de Lyon et pour son rayonnement international que Gérard COLLOMB envisage de rendre son tablier…
Pour en savoir plus : http://www.noraberra.fr/
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Emmanuel Hamelin:
Cité de la gastronomie, Gérard COLLOMB retoqué!
L’État et la commission spéciale ont rendu leur verdict ce matin. C’est un réseau constitué par les villes de Tours, Rungis et Dijon, qui accueilleront la cité internationale de la gastronomie. Lyon ne devrait récupérer que quelques miettes…
Après avoir annoncé l’abandon du projet au Conseil Municipal le 17 septembre dernier, après avoir effectué un revirement début octobre face à la mobilisation des acteurs locaux, Gérard Collomb a préparé dans l’urgence un projet sans y associer les lyonnais.
A deux reprises (communiqués 18 septembre et 8 octobre) je m’étais exprimé pour dénoncer ces revirements et la méthode très personnelle du Maire de Lyon, de décider seul et sans concertation.
Gérard Collomb aurait du associer les lyonnais dès le début sur ce projet qui représente leur patrimoine et leur fierté.
La méthode de Gérard Collomb a ses limites, et c’est toute une ville qui en fait les frais. C’est un manque à gagner important pour l’image de Lyon, mais aussi pour tous les acteurs lyonnais du tourisme et de la gastronomie.
La déception est forte aujourd’hui, pour tous ceux qui ont soutenu ce projet, et qui voient la ville de Lyon, capitale de la gastronomie, écartée au profit de Tours, Rungis et Dijon.
La liste est longue des combats perdus par Gérard Collomb pour la ville de Lyon:
Lyon capitale européenne de la culture, parti à Marseille
Grand prix de tennis de Lyon, parti à Montpellier
France 3 région, parti à Marseille
Lyon mode city, parti à Paris
Centre français du commerce extérieur, parti à Marseille
Centre international de formation à la propriété industrielle, parti à Strasbourg
Collège européen de police, parti à Londres
Fonds mondial des vaccins, parti à Genève
Pôle scientifique et technique de l’IRSN, parti dans la drôme
etc
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Réaction de Romain Blachier:
La Capitale de la Gastronomie prise dans le syndrome Ecole des Fans
En explosant le projet de ville française capitale de la gastronomie, la commission en charge de choisir le projet a saboté une opportunité pour un territoire de notre pays et a refusé de donner la prime au projet le plus abouti sous prétexte d’aider les moins bon élèves. C’est à la place une dilution dans plusieurs villes françaises qui est acté. Un syndrome Ecole des Fans.
Beaucoup (beaucoup trop?) de lecteurs se souviennent de cette émission mythique émission dénommée l’école des fans.
Animée par le lyonnais d’origine et habitant de Neuilly, Jacques Martin, qui se fera piquer sa femme Cécilia par Nicolas Sarkozy, puis par Philippe Risoli, l’émission se déroulait autour d’un chanteur ou d’une chanteuse, qui me paraissait invariablement être Mireille Mathieu, et d’un groupe d’enfants, dimanche après dimanche.
Les enfants devaient interpréter des chansons de l’artiste (vous avez le droit de rajouter ou pas des guillemets à artiste) qui était l’invité principal. Leur prestation était notée et classée..
Pour ne vexer ni les personnalités des enfants en construction ni celle des parents, le moindre crissement sonore était notée 10 sur 10. Tout le monde ou presque était décrété vainqueur à la fin de chaque émission.
La cité de la gastronomie me fait penser un peu à cela dans ses conclusions de ce matin où tout le monde gagne: Pour faire vite et pour ceux qui n’auraient pas lu cet excellent billet sur Lyon Capitale de la Gastronomie, l’UNESCO avait accordé à une ville de France un label mondial pour devenir « capitale de la gastronomie française ».
Le gouvernement d’avant et celui d’aujourd’hui avaient demandé aux villes intéressées de porter candidature. Sans dire si oui ou non l’Etat mettrait et à quel montant à la poche. De quoi plomber sérieusement les finances municipales de beaucoup.
Niveau lyonnais, l’opération n’attirait pas, c’est le moins qu’on puisse le dire, l’enthousiasme de nombre d’acteurs locaux de la restauration. Si tout le monde s’accordait à se déclarer favorable à Lyon Cité de la Gastronomie, personne ne voulait y mettre un euro et même si quelques collectifs dynamiques et méritoires cherchaient à entrainer la population, le projet, mal communiqué, était loin d’amasser les foules. Au point de décourager parfois le Maire de Lyon, qui avait pourtant fait le travail international nécessaire. En trouvant ensuite un accord avec le groupe Alliade, le Maire de Lyon donnait un projet ambitieux à la ville, un dossier des plus dominants.
Hélas, des discours récurrents étaient tenus par les interlocuteurs au jury final « vous êtes déjà patrimoine mondial de l’UNESCO en matière d’architecture, capitale française du bien manger, ville riche et industrieuse, laissez-en aux autres ».Un peu le même discours que celui tenu pour justifier, pour des raisons quasi-humanitaires, la désignation de Marseille comme capitale européenne de la culture. La prime au mauvais élève et le symbole « tout le monde gagne les enfants ». Sauf que chacun gagne des clous et un micro Yoko…
Lorsque la décision est tombé ce jour, tout le monde avait gagné chez les finalistes: Tours, Paris-Rungis,Dijon (et donc un petit peu Beaune) et aussi un petit peu Lyon sont toutes gagnants sur un bout. Pour ne fâcher personne. Mais cela édulcore fortement l’impact du projet.
Bref, un projet qui devait donner lieu à un vrai dynamisme dans un lieu de France a été délayé et aura donc un impact quasi nul. En faisant ce choix, les gouvernants actuels et passés laissent passer une belle occasion de développement dans une région de notre pays. Et expliquent aux villes que rien ne sert de monter des projets ambitieux; l’Etat ne décide pas sur ces critères…