Après de nombreuses tergiversations, Lyon et Gérard Collomb son Sénateur-Maire se mettent  enfin à table pour défendre le projet de Cité internationale de la gastronomie du Grand Hôtel Dieu.

Mais ne dit-on pas que l’appétit vient en mangeant ?

Alors que le premier édile avait été plutôt discret jusqu’à présent sur cette candidature initiée par son adjoint Jean-Michel Daclin il y a près de deux ans, il semblerait que depuis son passage le 15 novembre devant la commission ad-hoc et devant quelques pressions des professionnels et autres réseaux,  il ait retrouvé un appétit de Lyon, pardon de lion… sur ce plat de résistance  pour la ville.

Cinq interviews et le reportage de la présentation se trouve sur Lyon-Saveurs TV sur notre page d’accueil:

http://www.lyon-saveurs.fr


Quid de ce projet ?

Selon le précepte hexagonal avéré «La gastronomique fait intégralement partie de notre patrimoine», corroboré par l’entrée du Repas gastronomique français au patrimoine culturel immatériel de l’humanité, la mission française du patrimoine et des cultures alimentaires (MFPCA)  a initié un projet intitulé «Pour une cité de la gastronomie».

Gastronomie s’entendant comme l’art du bien manger et du bien boire et étant un élément essentiel de la culture des français.

Il est en effet parfois aussi agréable de manger des mets de choix dans une table étoilé, que de déguster un ballon de beaujolais sur le coin du zinc d’un beau bar avec un sandwich, confectionné avec du vrai pain frais de boulanger, du jambon de cochon français et du beurre de baratte. Histoire d’authenticité et de convivialité.

La gastronomie étant pour nous plus un « art de vivre » que la chèreté des produits. Il n’empêche…

Enfin, n’est-il pas naturel qu’un pays profite de ses atouts naturels tant au niveau des produits, des hommes qui les mettent en valeur et de son patrimoine alimentaire et culinaire ?

C’est donc en toute logique que la MFPCA a initié cette volonté qui se traduira par la création d’une cité internationale de la gastronomie et l’obtention d’un label mondial UNESCO.

Reste à savoir où ?

Appel à candidature a donc été lancé et six villes se sont proposées. Tours, Chevilly-la-Rue/ Rungis, Dijon, Beaune, Lyon et Versailles. Cette dernière s’étant retirée, puis rétractée !

D’aucun souhaitent que cette cité, entièrement dédiée aux cultures culinaires françaises et mondiales soit un véritable et unique lieu d’effervescence, tout en associant expérience ludique et rigueur scientifique.

L’idée est simple, ou presque. Imaginer un lieu vivant avec des points forts:

Ecouter, sentir, toucher, savoir-faire, découvrir, déguster, excellence, pratiques culinaires ou encore tout simplement, référence internationale, sans oublier la transmission du savoir et la formation.

Ce lieu devrait être aussi un centre de ressources, ainsi qu’un pôle de développement touristique et économique qui devrait s’en suivre, avec 150 à 200 000 visiteurs chaque année.

Avec ces bases de réflexion et fort de son expertise du réseau Délice (Un réseau qui réunit 18 villes gourmandes dans le monde), Jean-Michel Daclin son président-fondateur et adjoint au maire a construit pierre après pierre le dossier,  mais sans beaucoup d’écoute semble-t-il de la part de Gérard Collomb qui nous disait encore fin août qu’il ne souhaitait pas  s’impliquer dans une opération à 40 millions d’euros !

Et puis au fur à mesure, chacun y est allé, seul, de son côté et de son soutien. Les Toques Blanches Lyonnaises qui ont organisé un dimanche pluvieux une photographie avec une trentaine de chefs, un Facebooqueur, un grand quotidien régional…

Mais peut-on gagner une bataille en y allant en ordre dispersé ?

Semble-t-il les choses ont donc changé du côté de l’hôtel de ville, sans doute sous «l’amicale pression » de syndicats patronaux ou professionnels et de quelques réseaux lyonnais».

L’organisation d’une grande messe a donc été décidée par la mairie le lundi 29 octobre, quelques heures avant les Trophées de la Gastronomie , histoire de regrouper plus de chefs, présents pour cette autre fête de la gastronomie.

Et c’est sans doute là l’un des problèmes d’un dossier presque uniquement porté par le monde de la cuisine. Il existe aussi des poissonniers, des boulangers, des charcutiers, des traiteurs, des pâtissiers dans ce monde là, ainsi que des producteurs, des viticulteurs, des vignerons… autant de professionnels en rapport avec les métiers de bouche, qui ont été quelque peu déçus de ce grand rassemblement. Une réunion style kermesse ou campagne électorale qui  s’est déroulée dans le plus grand désordre.

En particulier pour la réalisation d’une photographie majuscule sur laquelle chacun (plus d’une centaine de personnes) voulait être en bonne place et qui plus est, autour de Monsieur Paul.

Une réunion a ensuite permis au Sénateur-maire de présenter enfin ce projet (et à contre cœur ?) à côté de son architecte Albert Constantin, de son responsable chez Eiffage Construction Bernard Vitiello, de deux de ses adjoints (Jean-Michel Daclin et Nadine Gelas) et du chef régis Marcon triplement étoilé et Bocuse d’Or 1995.

Et ce dernier de tancer « Ce ne sera pas un Lourdes de la gastronomie… mais un lieu vivant avec des odeurs ! »

(NDLR Sans doute dans l’attente du miracle de l’obtention du titre !)

Le projet

A n’en pas douter, pour beaucoup, une cité de la gastronomie à Lyon semble une évidence particulièrement au cœur de l’Hôtel Dieu, qui pour la circonstance est devenu Grand Hôtel Dieu (Il serait le seul en France, sur 300 Hôtels Dieu à être un Grand Hôtel Dieu). Rabelais serait-il le lien entre médecine et gastronomie deux de ses «moteurs» ?

Inscrite au Patrimoine mondial de l’humanité, Lyon possède par ailleurs de nombreux atouts, pour ne citer que sa connexion au monde ou son cœur de ville européenne, qui a toujours conjugué culture et gastronomie.

François Rabelais 'Image domaine public)

Quant au nerf de la guerre, l’investissement, il semble enfin et définitivement valorisé. Soit 18 millions d’euros, dont 3 alloués par la ville à l’aménagement. Eiffage Construction mettant au pot 3 millions d’euros également et assurant l’équilibre du financement des 15 millions restant en s’assurant le concours d’autres partenaires, publics ou privés pour boucler le projet.

Bernard Vitiello, en charge du dossier chez le constructeur, parle d’une demi-douzaine de bons contacts allant dans ce sens. Encore faut-il qu’ils se concrétisent. Il ne suffit pas en effet de dire qu’il y a des bons contacts, simplement parque l’on a rencontré un « investisseur putatif » et qu’on lui a demandé de mettre 120 000€ au pot…

Pour faire vivre et vibrer cette hypothétique cité, les organisateurs comptent pour animer ces 4 500M2 sur 150 000 visiteurs au minimum annuelleme,nt  prompts à s’impliquer dans les expositions, le pôle de recherche et la formation.

Et, question stupide, si Lyon ne remportait pas ce concours ?

Droit dans ses bottes, Gérard Collomb affirme, comme pour marquer son territoire, que la ville ira jusqu’au bout du projet, avec ou sans caution du label. Rendez-vous étant pris fin 2017.

Pour information, la commission doit rendre ses conclusions fin décembre ou courant janvier, sachant qu’in fine les ministères de l’agriculture et de la Culture trancheront. (En rapport ou non avec la sensibilité des courants politiques des maires des villes candidates ?)

Dans tous les cas de figure, nous à LYON-SAVEURS nous soutenons le projet haut et fort avec un appétit féroce de réussite !

Michel Godet