« LA VÉRITÉ « : HUIS CLOS PSYCHOLOGIQUE
Hirokazu Kore-eda propose une chronique familiale française. Avec Catherine Deneuve et Juliette Binoche réunies pour la 1ère fois au cinéma.
Le cinéaste japonais le plus important du moment, Hirokazu Kore-eda, a tourné pour la première fois hors de son pays. Pendant dix semaines à Paris et en français !
Dans son film « La vérité », Catherine Deneuve incarne Fabienne, une star de cinéma française, adulée par ses proches et toujours courtisée par ses admirateurs masculins. Grande actrice vieillissante et narcissique, elle publie ses mémoires dans lesquelles elle élude la réalité.
Sa fille Lumir (Juliette Binoche), scénariste, débarque de New-York où elle vit, avec son mari (Ethan Hawke), un comédien de série B.
A Paris, les retrouvailles entre la mère et la fille tournent rapidement au vinaigre : « Évite de m’appeler Maman ».
Rancunes inavouées, jeux de mémoire puis repentance familiale au programme. Entre les lignes, l’égocentrique Fabienne se donne le beau rôle, escamotant ses absences et ne retenant que sa carrière glorieuse.
Quant à Lumir, elle revient chez sa mère pour tenter d’expliquer certains faits de son enfance. Une confrontation en forme de huis-clos psychologique, d’où surgissent tensions familiales et fêlures intimes.
Un vrai petit théâtre familial mis en scène par un orfèvre.
Kore-eda superpose une autre histoire, le tournage d’un film de science-fiction dans lequel Fabienne est la fille âgée d’une mère éternellement jeune.
Ainsi fiction et réalité se mélangent jusqu’à ce que la mère et la fille se retrouvent.
Répliques en or
Le réalisateur, Palme d’Or en 2018 avec « Une affaire de famille », ne parle que le japonais; il a quand même su faire partager ses directives de mise en scène. « Je sentais sur son visage si j’étais dans la bonne direction ou pas »
souffle Catherine Deneuve.
Si le film « La vérité » a tout d’une grande chronique familiale française, il se démarque vite de nos psychodrames franchouillards.
Kore-Eda n’est jamais bavard, va à l’essentiel, manie la douceur et démontre son goût du minimalisme. « La vérité » esquisse aussi une réflexion plaisante sur le jeu de l’acteur avec des répliques en or, servies par la très grande Catherine Deneuve, qui éclabousse le film de toute sa classe.
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