« L’Aïolli sans oeuf » est une périssologie, alors que « l’aïolli avec jaune d’oeuf » est un oxymore ; -)
Hier, j’ai twitté « aïolli sans oeuf » est une périssologie, alors que « aïolli avec jaune d’oeuf » est un oxymore ; -) », et l’on m’interroge sur le sens mystérieux de la phrase.
Commençons par l’aïoli, qui s’est écrit aussi bien aïolli, alioli… C’est une préparation que l’on obtient en broyant de l’ail dans un mortien, au pilon, avec ajout de gouttes d’huile d’olive, tout en broyant. Après un bon quart d’heure, on obtient une préparation si épaisse que le pilon tient debout dedans.
L’interprétation ? L’ail est fait d’eau, de phospholipides, des protéines, et de bien d’autres composés minoritaires pour la composition, mais majoritaires pour le goût. Quand on broye cela avec de l’huile, on obtient une émulsion. Et plus une émulsion contient de petites gouttes d’huile serrées les une contre les autres, plus elle est épaisse et blanche.
Bien sûr, au vingt-et-unième siècle, nous savons que nous pouvons obtenir le même système au mixer, mais il reste à savoir, par un test triangulaire, si les deux préparations sont gustativement identiques ou non.
Cela étant, le point du twitt était plutôt d’observer que, contrairement à ce que pratiquent certains, il n’est pas utile d’ajouter du jaune d’oeuf pour monter un aïoli ! Et comme le goût change alors considérablement, je maintiens qu’un aïoli au jaune d’oeuf n’est pas un aïoli, mais une préparation qui doit avoir un autre nom, tel mayonnaise à l’ail .
De sorte qu’un aïoli sans oeuf est bien une « périssologie » : un pléonasme fautif. Quand on dit aïoli, pas besoin de dire sans oeuf, tout comme monter en haut ou descendre en bas sont fautifs.
Aïoli avec jaune d’oeuf ? Cette fois, ce n’est pas possible, pour la même raison que précédemment : c’est donc un oxymore, ou oxymoron, une impossibilité.
Hervé This