Quand la gastronomie se déguste avec les yeux !

Sur les cimaises de la Rotonde, Fredéric Durantet transcende la gastronomie avec ses pixels. Avant de s’exposer place Bellecour, son exposition photographique Food & Fashion continue de faire les beaux jours du restaurant étoilé de Charbonnières-les-Bains.

L’œil vif, la chevelure blonde et un peu folle, le sourire en coin du beau gosse, Fred Durantet a le look de l’artiste, mais la sagesse de l’homme avisé du haut de ses trente six printemps. La photographie, il est tombé dedans par passion. Celle d’un autodidacte qui un beau jour de 1996 a choisi la photo culinaire comme spécialité.

« Chaque repas, je vis les comme un cinéaste. Pour moi, les chefs vous proposent des œuvres culturelles. Il faut rentrer à l’intérieur, les décrypter pour pouvoir mieux les analyser et les vivre. C’est ainsi que l’on peut les faire revivre en image ».

Sa rencontre avec Nicolas LeBec est celle qui a été la plus marquante, d’autant que c’était l’une de ses premières approches avec un chef, de renom et de talent qui plus est. Sa personnalité l’impressionne, au même titre que l’aboutissement de son art, si jeune dans le métier.

Fort de cette expérience, le photographe se révèle petit à petit dans cette spécialité si délicate à mettre en musique. Au fur à mesure de ses missions argentiques, puis numériques, il décide de se réaliser autrement en concevant des expositions conceptuelles.

Du piano aux cimaises numériques, avec Philippe Gauvreau et Frédéric Durantet ! (© Photo Michel Godet Lyon-saveurs)

Sa dernière expérience est née de la rencontre du chef Philippe Gauvreau, de Nicolas Fafiotte et de Sébastien Bouillet. Des passionnés de gastronomie, de mode et de pâtisserie chacun, artiste dans son domaine. Ils n’ont donc pas hésité de mettre leurs talents en commun, lorsque Fred leur a proposé de réaliser une exposition picturale, dont le foie gras de la Maison masse serait la vedette et le fil d’Ariane.

Bouillet décline ses macarons à l’envie, Fafiotte propose ses accessoires de mode et de haute couture et Gauvreau orchestre la réalisation de véritables œuvres d’art gastronomiques. Il ne reste plus qu’à shooter comme disent les photographes, qui plus est avec un Hasselblad numérique. Les puristes apprécieront, eux qui rêvent de ce mythique appareil suédois qui a voyagé dans l’espace et sur la lune.

Les plans sont assez serrés, laissant entrevoir le foie gras dans moultes déclinaisons, tantôt posé sur une baleine de soutien gorges, tantôt avec des œillets de passe lacets. L’éclairage est présent, mais délicat mettant en relief le produit, plutôt que la technique. Quant aux tirages, ils ont été faits sur une sorte de tissus très soyeux qui amène des reflets et des brillances propres à transcender de mille facettes étincelantes cette gastronomie picturale.

Pour le bonheur des gourmets, qui vont passer un agréable moment à la Rotonde, ces tableaux carrés et au nombre d’une douzaine sont dans le couloir d’entrée au restaurant. Quel apéritif visuel et quelle mise en bouche !

Un seul petit regret, l’éclairage des cimaises qui ne met pas toutes les toiles à leur avantage. Bon appétit.

Michel Godet