La plaisante sagesse lyonnaise indique depuis la fin du XIXè siècle, qu’il y a trois fleuves à Lyon. Le Rhône, la Saône et le Beaujolais. Dont acte. Et puis, comme certaines sources parfois, le troisième fleuve à défaut d’être tari, a connu un véritable étiage. En d’autres termes le beaujolais était tombé en désamour, comme diraient nos cousins québecois, et avait une désaffection qui se retrouvait jusque dans les moindres estaminets. Le snobisme lyonnais voulait que l’on commande tout sauf du Beaujolais.
Diantre ! Cela était-il vraiment raisonnable à l’endroit de ce vin qui a connu une réussite internationale incontestée et qui a sorti toute une région avec ses vignes et de ses vallons de nos frontières ?
Et puis si l’eau n’a pas manqué de couler dans le Rhône et dans la Saône, le Beaujolais s’écoule à nouveau correctement dans ce troisième fleuve virtuel. A l’origine de cette résurrection, le travail des vignerons qui tirent le vin de plus en plus vers le haut, le travail de l’Interprofession qui a compris que la reconnaissance d’un produit passait davantage par la valorisation et la communication de ses produits très qualitatifs, que par le marketing d’une semaine de Beaujolais nouveau.
En d’autres termes, certes il ne s’agit pas d’arrêter de communiquer sur les vins primeurs, mais de là à établir annuellement une campagne de communication sur le seul Beaujolais nouveau, que nenni !
Maintenant, tout un chacun s’accorde à valoriser ce nectar à base de Gamay essentiellement sur ses crus. Cela tombe bien ils sont une dizaine qui évoque la Bourgogne sud et qui font souvent la pige à bien d’autres vins, particulièrement dans des concours à l’aveugle.
Parmi les opérations qui vont dans ce sens et qui tentent de remobiliser les lyonnais, un mariage entre ces dix crus du Beaujolais aux noms qui fleurent bon le terroir et les dix arrondissements lyonnais. Pardon, les neuf arrondissements et la mairie centrale (9+1=10 !)
La première édition de ce mariage s’est déroulée en 2010 et le 15 octobre dernier en a fêté les noces de coton.
Pour la circonstance, un village beaujolais a été reconstitué place des Terreaux, avec manège pour les enfants, ateliers didactiques (Comment greffer, planter, vanner …) et surtout des dégustations gratuites de vin, comme de gourmandises réalisées par les vignerons et autres membres des Toques Blanches Lyonnaises, partenaires de cette 2è Fête des Crus beaujolais à Lyon.
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Une idée cautionnée par Gérard Collomb, sénateur-maire de Lyon qui pense que ce nectar doit revenir en force sur les tables lyonnaises. Alors, la dégustation (gratuite s’entend) n’est-elle pas un excellent moyen pour faire redécouvrir ces dix crus aux palais des gourmets d’entre Rhône et Saône ? Et le président des crus, Gilles Paris, n’est certainement pas étranger à cette re-conquête, aidé en cela par l’Interprofession, présidée par Dominique Capart.
« Que les pots à gros culs reviennent dans les bouchons et autres restaurants étoilés ». L’association des Toques Blanches Lyonnaises est l’un des partenaires de cette manifestation et s’engage à mettre davantage de Beaujolais sur ses tables, même si la frilosité était plutôt de mise au démarrage.
Moralité, la place des Terraux n’a pas désempli d’un godet en ce samedi automnal et ensoleillé dans une convivialité aussi beaujolaise que lyonnaise, qui fait autant de bien au cœur qu’au gosier.
La maire de Lyon en tête, chaque mairie était dignement représentée, par ses édiles et les vignerons du cru jumelé, mais aussi par Bernard Perrut, le Député Maire de Villefranche-sur-Saône, alias le Député du Beaujolais, Frédéric Miguet, conseiller général du Rhône (Représentant le Ministre président Michel Mercier), maire de Fleurie et président du Comité départemental de tourisme, sans oublier Jean-Michel Daclin, adjoint au maire de Lyon en charge du rayonnement qui n’hésite pas à dire à qui veut l’entendre que le Beaujolais n’a pas encore complètement retrouvé la place qui lui est due à Lyon.
Et puis après trois années d’un excellent millésime n’y a-t-il pas lieu de se réjouir en Calade, comme à Lyon et de dire que la mariée était superbe et que le mariage était de rêve ? Un mariage que l’on appelle de tous nos vœux à durer dans la convivialité et la gourmandise. Rendez-vous en 2012 pour les noces de cuir…
Michel Godet
(A consommer avec modération et délectation !)
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