S’il est bien une profession qui est touchée actuellement par la pandémie liée au Covid-19, c’est celle des restaurateurs et autres métiers de bouche. En effet, à l’instar certes d’autres commerces, ces derniers ont interdiction d’ouvrir leur bar, restaurant, cafétéria ou encore salon de thé depuis samedi 14 mars minuit.
Une interdiction qui est tombée en fin d’après midi comme un cheveu sur la soupe et qui a surpris, quand bien même la situation était devenue anxiogène à ce propos, la profession tant il est vrai que le lendemain plusieurs établissements accueillaient encore et hélas du public !
A Lyon, ces établissements impactés avoisinent les quatre mille. S’en suit inéluctablement pour eux une situation économique pour le moins délicate.
Déjà à l’endroit du personnel qui va se trouver en chômage technique, mais également pour les propriétaires, souvent en situation financière tendue.
Si le gouvernement promet la prise en charge partielle du chômage technique, des mesures de blocage du paiement des charges fiscales comme sociales, ainsi qu’une aide globale de 45 milliards à l’endroit de l’économie, il n’empêche que l’absence d’activité, donc l’absence de chiffre d’affaires, seront définitivement perdus. Autre préoccupation induite, celle des produits de base nécessaires à confectionner des plats.
Si les produits secs (farine, pâtes, riz, épices…) peuvent se conserver, il n’en est pas de même pour les produits frais. Si d’aucun pensaient les surgeler, ce n’est pas la bonne idée. En effet, par exemple, les maître-restaurateurs ne devant servir que du frais, ils ne pourront le faire. Et puis, ne surgèle pas qui veut. Alors, pour nombre de cuisiniers, c’est une perte sèche, à moins qu’ils ne soient en contact avec des associations d’aide aux plus démunis.
Merci donc à tous ceux qui ont fait profiter autour d’eux les surplus alimentaires. Pas facile à gérer cependant. Dans la chaîne d’alimentation, n’oublions pas aussi les producteurs de fruits et légumes qui par cause de mévente vont devoir jeter leur production.
C’est vraiment une chaîne complète qui se trouve impacté par ce tsunami viral qui paralyse la France et son économie et ce pour plusieurs semaines, quoi qu’on en dise. Certains spécialistes scientifiques et médicaux parlant d’un minimum de 12 semaines pour voir décroitre la pandémie dans l’hexagone.
Alors, comme c’est souvent le cas, certains chefs essaient de mettre en place des solutions de remplacement, à savoir la création de «plateaux repas» à emporter que les clients viendraient chercher chez eux, voire même qu’ils pourraient livrer devant les portes des clients, se transformant ainsi de restaurateurs en traiteur-livreur.
Une solution pas facile à mettre en place et à gérer, tant il est vrai que l’interdiction – ou presque – de circuler ainsi que les contraintes sanitaires doivent être prises en compte.
Pour le lyonnais Laurent Duc, président de l’UMIH la vente à emporter peut contribuer dans une certaine mesure à diminuer les stocks de marchandise. Et ce dernier d’abonder: « Il y a par exemple à Perrache un restaurant qui se retrouve avec 70 000€ de marchandise et un autre dans le 5e avec 15 000€ ! »
La profession est donc inquiète quant à l’avenir, qu’il s’agisse d’établissements gastronomiques, de brasseries, de restaurants traditionnels ou à Lyon, plus spécialement, de bouchons.
Au delà de l’inquiétude, c’est aussi parfois de l’incompréhension qu’elle manifeste tout en respectant les mesures gouvernementales édictées pour la circonstance.
Ainsi, Christophe Geoffroy co-président des Chefs cuisiniers du monde se montre surpris qu’il y ait deux poids et deux mesures. Fermeture totale pour les restaurants et ouverture pour les épiceries qui font de la petite restauration. « Manger est pourtant un élément essentiel de notre vie ? »
Mais n’est-il pas vrai que la soudaineté des mesures prises a déstabilisé un pan entier de l’économie gérant de la fourche à la fourchette.
Quant à Christian Têtedoie, président des Maîtres Cuisiniers de France, il pense que même si les annonces sont rassurantes, on se trouve dans l’inconnu et que l’expectative est de mise. Quoi qu’il en soit, le retour à la normale verra des jours difficiles pour beaucoup dans la profession.
Et le Meilleur Ouvrier de France d’abonder « On est dans une situation hallucinante, dans laquelle on a perdu un mois d’anticipation avec, qui plus est, des concitoyens qui ont souvent manqué de civisme !
Michel Godet
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NB: Courage à tous les professionnels des métiers de bouche à qui nous adressons toutes nos pensées en cette difficile et délicate période. Soyez sur que nous serons à vos côtés dès la reprise d’une vie normale qui, je l’espère, ne durera pas 12 semaines comme le disent nos autorités sanitaires !