L’ « Oignon de Roscoff » obtient l’appellation d’origine protégée (AOP)

Le règlement européen enregistrant l’appellation d’origine protégée « Oignon de Roscoff » a été publié au journal officiel de l’Union Européenne du 18 septembre 2013

L’« Oignon de Roscoff » est un oignon de garde. Les tuniques externes des bulbes sont sèches, elles présentent une couleur rosée à rosée-cuivrée, les écailles internes sont blanches à faiblement rosées et présentent une bordure rosée ;

C’est un oignon d’un calibre compris entre 30 et 80 millimètres de diamètre, de forme allant du rond-allongé au rond-aplati. Sa queue est solidement fixée au bulbe par le collet et mesure au moins 5 centimètres.

Il est récolté avant dessèchement complet des fanes, ce qui lui confère son caractère juteux et sa saveur sucrée peu piquante. Avant le conditionnement, chaque oignon est pris en main pour un nettoyage et un tri qui garantissent la qualité et la typicité des produits mis en marché.

Il est souvent présenté en tresses où les oignons sont rangés par ordre décroissant de taille jusqu’à un gros oignon terminal appelé « penn kapiten ». Pour les oignons commercialisés en contenant rigide, chaque oignon est identifié par l’apposition d’une vignette autocollante.

L’«Oignon de Roscoff» est doté d’une bonne capacité de dormance, il se conserve naturellement, sans traitement anti-germinatif.

L’« Oignon de Roscoff » est produit sur 24 communes du Haut-Léon, au nord du département du Finistère, le long du littoral de la Manche bénéficiant ainsi d’un climat océanique particulièrement doux et de sols souvent recouverts d’épais dépôts limoneux. Ces conditions ont permis le développement des cultures d’oignons depuis le 17e siècle. L’«Oignon de Roscoff» a acquis une notoriété au 19e siècle avec l’exportation d’une grande partie de la production vers la Grande-Bretagne par les « Johnnies », surnom donné aux producteurs d’oignons qui tressaient et vendaient au porte à porte leur récolte. Le savoir-faire propre à la culture de l’«Oignon de Roscoff» s’est maintenu jusqu’à nos jours dans cette aire géographique.

L’appellation d’origine protégée est l’équivalent européen de l’AOC et existe depuis 1992. L’AOP désigne un produit dont toutes les étapes de la fabrication (la production, la transformation et l’élaboration) sont réalisées selon un savoir-faire reconnu dans une même zone géographique, qui donne ses caractéristiques au produit.

Pour les producteurs, l’AOP garantit une protection de la dénomination « Oignon de Roscoff » sur tout le territoire de l’Union Européenne.

Données chiffrées 2012: 135 producteurs, 100 ha plantés pour un potentiel de 3000 tonnes.

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L’Oignon de Roscoff, une belle histoire à faire pleurer !

Un produit historique

L’histoire de l’oignon de Roscoff  est très particulière : elle mérite qu’on s’y attarde quelque peu pour comprendre l’attachement des producteurs à cet oignon qui fait la fierté de toute la région.

Des moines capucins…

Il faut remonter le temps jusqu’au 17ème Siècle pour découvrir l’origine de l’Oignon de Roscoff. C’est en effet en 1647 que Frère Cyril, un moine capucin, sema les premières graines dans les jardins du couvent à son retour de Lisbonne. A cette époque, la ville de Roscoff avait une activité essentiellement liée au commerce maritime, basée sur l’exportation de sel provenant du Sud de la Bretagne et de toiles de lin fabriquées dans la région. Les légumes étaient cultivés dans les jardins potagers et servaient au ravitaillement des marins. Les oignons constituaient un aliment essentiel pour eux, car ils permettaient de prémunir contre le scorbut, du fait de leur richesse en vitamine C.

Très vite remarqué pour ses qualités gustatives et sa très longue conservation, la culture de l’oignon de Roscoff se développa rapidement dans les environs du port. Au 18ème Siècle, avec le déclin du commerce de la toile, les paysans se tournèrent vers la culture de l’oignon et d’autres légumes sur Roscoff et les communes avoisinantes.

… aux routes de Grande-Bretagne…

Mais c’est véritablement au 19ème siècle que la notoriété de l’Oignon de Roscoff prit de l’ampleur. L’histoire retient qu’en 1828, Henri Ollivier, un jeune paysan de Roscoff, tenta l’aventure d’aller vendre ses oignons en Angleterre : il en revint les cales vides et les poches bien remplies…  C’est ainsi que débuta le phénomène « Johnny« , du surnom donné par les britanniques aux paysans de Roscoff et de sa région (petit Jean).

Chaque année plus nombreux, les Johnnies s’expatriaient dès la fin juillet après le pardon de Sainte Barbe pour aller vendre leurs oignons au porte à porte dans toute la Grande Bretagne, à pied tout d’abord puis à vélo à partir des années 1920. Le métier était difficile mais heureusement rentable. Le phénomène connut son apogée dans les années 20 avec 9000 tonnes vendues outre Manche par près de 1400 Johnnies.

La crise économique des années 1930, la deuxième guerre mondiale, la dévaluation de la livre et le protectionnisme anglais ont ensuite conduit au déclin des ventes outre Manche. Cependant il reste encore aujourd’hui une quinzaine de Johnnies qui font perdurer la tradition…

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