Le samedi 9 octobre 2010 restera gravé dans les mémoires des lyonnais certes, mais aussi dans celles des vignerons du beaujolais. Symbolisée par une photographie géante prise sur la place des Terreaux puis sur les marches de l’Hôtel de Ville, cette journée s’est voulu le renouveau d’un désamour patent entre une région viticole toute proche de Lyon et fière de ses treize appellations* et les lyonnais, cafetiers, hôteliers et restaurateurs en tête.

© Photo Michel Godet 10/2010
D’autre part, relan d’un marketing ancien de plusieurs dizaines d’année, certes très opportun en son temps, la communication de ce vin avait essentiellement pour base les primeurs.
Nous-mêmes l’avons maintes fois martelé mais d’autres aussi, avant et avec nous l’ont dit, il faut tirer le Beaujolais par le haut.
Profitons enfin de cette qualité incomparable des crus et considérons simplement le Nouveau comme un temps fort convivial, mais hélas par trop éphémère, de l’année viti-vinicole. Et puis, au fait, le Beaujolais ne fait-il pas partie de la zone Bourgogne et n’appelait-on pas le Gamay, il y a peu encore, le Bourguignon Noir ?
Exit ces pérégrinations dont chacun a conscience mais n’osait en sortir. Avec l’assentiment, l’aide et l’appui de l’Inter Profession beaujolaise, un homme l’a fait. Il s’appelle Frédéric Miguet. Il est vice-président du Conseil Général du Rhône, présidé par le Ministre Michel Mercier, mais aussi président du Comité Départemental du Tourisme du Rhône.
Vétérinaire de son état, c’est le 9 décembre dernier qu’il a écrit à Jean-Michel Daclin, adjoint au Maire de Lyon, pour lui proposer cette opération, certes médiatique, mais avant tout frappée au coin du bon sens. Marier, re-marier, devrions-nous dire, les dix crus du beaujolais avec les mairies de Lyon (9 arrondissements, plus la mairie centrale). Jean-Michel Daclin en a vite fait son affaire pour le bien d’une profession toute entière.

Daniel Capart (Inter Profession), Laurent Bouvier (Toques Blanches Lyonnaises), Frédéric Miguet (V-Pdt du Conseil général), Jean-Michel Daclin ( Adjoint au maire) et Gilles Paris (Inter Profession)
Il n’en faut pas plus, quelques fois, pour retourner le cours d’une histoire mêlant étroitement Lyon avec le Beaujolais. Ne dit-on pas à hue et à dia que le Beaujolais est le troisième fleuve de Lyon ? Encore faut-il maintenant que le monde du CHR joue le jeu et propose à des prix, si ce n’est doux, du moins corrects, du Beaujolais de qualité en pot, comme en flacon.
A cet instant louons l’énorme travail qui a été fait depuis de nombreuses années par un négociant (et oui messieurs les viticulteurs!) pour faire sortir le Beaujolais de son territoire sur les tables des restaurants à commencer par celle de Monsieur Paul à Collonges-au-Mont-d’Or et bien d’autres encore dans le monde entier. Je veux parler de Georges Duboeuf (Romanèche-Thorins).
Une fois ce pacte scellé entre les différents protagonistes, la journée a été conçue autour du vin et des mairies. Chacune d’elles entre Rhône et Saône s’est « mariée » pour ne pas dire s’est encanaillée, avec l’un des crus pour en faire la promotion et l’accompagner de diverses manières, une année durant. Pour commencer !

Denis Broliquier, Maire du 2è célèbre le mariage avec le Cru Brouilly
Quelques 500 vignerons se sont donc donné rendez-vous sur les quais de Saône dès poltron-minet ce samedi octobre pour se rendre ensemble au son d’une fanfare beaujolaise sur la place des Terreaux, devant l’Hôtel de Ville. Symboliquement, dix pièces de vin (Tonneaux) étaient roulées par dix vignerons représentant les dix crus, en tête de cette manifestation conviviale, colorée et bonne enfant.

Arrivée des dix tonneaux devant l'Hôtel de Ville de Lyon
Après la mise en place sur la place des Terreaux de 158 pieds de vigne (en container !) âgés d’une vingtaine d’année, les vignerons ont posé pour une série de photographies géantes en compagnie des Toques Blanches Lyonnaises et de leur Président Christophe Marguin, des responsables de l’Inter profession beaujolaise et des élus lyonnais, toujours prompts à être sur le devant des photos ! Gérard Collomb étant resté à Paris pour un comité national du PS.

La Place des Terreaux est devenue une vigne .... l'espace d'un samedi peu ordinaire!
Une manifestation empreinte d’une telle convivialité ne pouvait pas omettre le traditionnel mâchon et les non moins traditionnels discours sous les lambris dorés de l’Hôtel de Ville.
Il était temps ensuite pour cahcun de se rendre dans les neuf mairies d’arrondissement pour prêcher la bonne parole, célébrer les mariages et autres pactes d’une amitié à présent indéfectible, mais aussi et surtout déguster avec modération dix délicieux crus. CQFD !
Chacun, vous l’aurez compris, s’est félicité de cette opération et surtout de ce renouveau qui devrait mettre sous le boisseau quelques années de discorde, pour ne pas dire de disgrâce. Le « Je t’aime moi non plus » semble donc remisé aux oubliettes pour une période que nous souhaitons la plus longue possible.
Michel Godet
Le discours de mariage de Dominique Capart (Inter Profession )
Visualisez une scène de banquet d’épousailles, au centre les tourtereaux enamourés, à côté les parents, fiers, autour les amis jacassants et buvants, au fond les xxxxx ligotés et baillonnés…
C’est l’heure des discours:
Un ami, Jean de la Fontaine, me proposa ces mots pour retracer les faits:
En ce temps là, les Lyonnais n’en mourraient pas tous, mais tous étaient assoiffés, le 3è fleuve était tari.
Lyon convoqua ses dix maires et tint conseil pour étudier ensemble la raison de ce nouveau fléau. Après mûre réflexion, afin d’implorer pardon, il fût décidé d’envoyer le plus brave d’entre eux, un certain Collomb, à Canossa, aujourd’hui rebaptisée Régnié-en-Beaujolais.
Cette mission printanière se fit lors du grand rassemblement de la Fête des Crus, elle fût saluée par dix sages, nomément Brouilly, Chénas, Chiroubles, Côte de Brouilly, Fleurie, Juliénas, Morgon, Moulin à Vent, Régnié et Saint-Amour.
Devant ce fervent repentir, il fût décidé de marier sans trop attendre les dix plus belles filles du beaujolais avec dix preux lyonnais, la petite dernière étant dévolue au courageux émissaire.
Donc, en cet an de grâce 2010, la source rejaillit et les lyonnais retrouveront enfin chez eux ce précieux nectar.
Moralité: Union, force et dynamisme des uns, perfection, persévérance et convivialité des autres, ont garanti un nouveau plaisir de vivre à Lyon.

Un ban beaujolais géant sous les lambris dorés !
* Brouilly, Chénas, Chiroubles, Côte de Brouilly, Fleurie, Juliénas, Morgon, Moulin-à-Vent, Régnié, Saint-Amour, Beaujolais, Beaujolais-Villages et Beaujolais Blanc, sans parler des vins primeurs, alias Beaujolais Nouveau.
Pour lire un autre article sur le sujet paru samedi dernier sur Lyon Saveurs: Clic ! Merci de votre visite gourmande …

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