Actuellement, lorsque l’on parle d’ambroisie, chacun pense réactions allergiques.
Originaire d’Amérique du Nord, l’ambroisie à feuille d’armoise (Ambrosia Artemisiifolia) est apparue en France en 1863, sans doute introduite dans un lot de semences fourragères. Mais c’est au milieu du XXe siècle qu’elle a proliférée, en Rhône-Alpes particulièrement, à la faveur d’un climat favorable et des grands travaux d’aménagement du territoire. Aujourd’hui encore, au delà des talus et autres bordures de routes, c’est dans les lotissements, chantiers et autres terrains vagues délaissés ou jachères, qu’elle prolifère.
Celle que l’on appelle génériquement une mauvaise herbe appartient à la famille des Asteracées ou Composées à l’identique du tournesol.
Elle fait même partie, ai-je vu sur un vieux grimoire monacal, en distillat des ingrédients de certaines liqueurs régionales, du moins dans sa forme armoise.
Concrètement, à sa naissance l’ambroisie montre deux cotylédons arrondis, puis deux vrais feuilles opposées d’un vert franc et flatteur, découpées en 3 à 6 folioles.
Pouvant être facilement confondues avec d’autres plantes, elle se transforme au cours de son développement pour donner, au moment de la floraison, un buisson qui peut atteindre plus d’un mètre de haut.
Si on la trouve dans le Rhône, elle s’acclimate aussi d’altitude supérieure à 800 mètres, comme en Savoie.
Parmi une population française sensible évaluée à 10%, c’est son pollen qui provoque de nombreuses allergies. Cinq grains de pollen par mètre cube d’air pour que les symptômes apparaissent. Un plant équivalant à des millions de grains de pollen…
Dans notre secteur, c’est aux environs du 10 août que cette floraison débute avec libération du pollen, pour durer un mois environ, avec des conséquences graduées. Rhinite, conjonctivite, trachéite, asthme, urticaire, eczéma et hélas parfois décès.
Bien qu’il n’existe au niveau national et européen aucun texte législatif ou réglementaire spécifique contre sa lutte, le Conseil général du Rhône en a fait sienne la tentative d’éradication depuis une quinzaine d’années. Une initiative due à Jean-Luc da Pasano, alors conseiller général et pharmacien de son état.
A présent vice-président du Conseil général et apothicaire honoraire, il est loin d’avoir baissé la garde, quand bien même le mot éradication semble difficilement atteignable, pour être remplacé par celui de «maintien à un niveau supportable», selon l’esprit de l’article L.110-2 du Code de l’Environnement qui impose à chacun de veiller et de contribuer à la sauvegarde et à la protection de l’environnement, mais aussi selon l’arrêté préfectoral de juillet 2000. (Obligation aux propriétaires de prévenir la pousse et de nettoyer les espaces envahis).
Dans le département, cette lutte contre l’ambroisie se manifeste selon plusieurs aspects, qui passe tous par une sensibilisation générale, pour ne citer que la mise en place d’un numéro vert gratuit, dédié :
0 800 869 869
Brigades vertes, entreprises d’insertion, arrachage et fauchage (730 hectares en 2011) et gestion différentiée comme la végétalisation des abords routier, mais aussi maintien d’un réseau étoffé de référents, à l’instar de sentinelles efficaces.
Sachant que cette plante ne soutient pas la cohabitation (les autres végétaux présents l’étouffant systématiquement), la neutralisation des espaces est recommandée en végétalisant les lieux où elle pousse avec d’autres espèces. N’oublions pas cependant qu’une graine d’ambroisie peut rester plus de dix ans en léthargie dans le sol !
On l’aura compris, plante nuisible, l’ambroisie est aujourd’hui encore un véritable fléau avec des conséquences graves, voire désastreuse en matière de santé publique. Il est donc de la responsabilité de tous de s’en préoccuper et de s’en occuper, à commencer par le Conseil général du Rhône qui cette année encore va investir (530 000€) dans le plan ambroisie 2012.
Michel Godet – Lyon-Saveurs.fr
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