Si le milieu de semaine avait été favorable à Nicolas Le Bec, ce vendredi 13 ne lui aura pas porté chance.

La mort dans l’âme, il a annoncé à quelques véritables journalistes…, dont Lyon Saveurs, qu’il allait jeter l’éponge mardi prochain. Une nouvelle en masquant une autre, c’est mercredi qu’il annonçait la vente de son Comptoir Le Bec, rue Grôlée, à son ami triplement étoilé, Georges Blanc.

Georges Blanc et Nicolas Le Bec

Certes le talentueux chef breton était à Lyon depuis douze ans et avait décidé le 1er janvier dernier à l’aube de ses 40 ans de s’installer à Shanghai. Restait la Rue Le Bec, un navire amiral de 2 000 mètres carrés ouvert en 2009, alors que la Conflence n’en était qu’à ses balbutiements avec le Progrès de Lyon et le Groupe Communiquez de Georges Verney-Carron pratiquement comme seuls voisins. C’est les pieds dans les cailloux et bien souvent dans la boue que les premiers clients s’y rendaient pour se régaler, avec entre autres plats les crabes mous frits !

Il aura fallu de nombreuses années pour que ce quartier en devenir commence à prendre vie, malgré un accès en cul de sac et avec des parkings bien peu nombreux. Qui plus est, le quartier est malgré tout loin d’être finalisé, pour ne parler que des constructions du siège social de GL Events ou encore de l’immeuble d’Euronews.

Côté transports, un tramway assez lointain et des navettes parcimonieuses n’aidant en rien au déplacement automobile vers ce quartier.

Si le démarrage de la Rue Le Bec a été avec l’effet nouveauté et la capitalisation sur le nom de Nicolas Le Bec, doublement étoilé dans son restaurant gastronomique du centre ville, un succès, les années qui ont suivi n’ont pas connu le même engouement et ont largement pénalisé la gestion de cet énorme paquebot, dont les murs appartiennent à une SCI détenue, grosso modo à 1/3, par VNF (Voies navigables de France), la CDC (Caisse des Dépôts et Consignation) et JC Larose (Groupe immobilier Cardinal) avec quelques « amis ».

D’autre part, comme si le sort s’acharnait sur le chef au brillant parcours, des taquineries ne cessent de l’irriter. Verbalisation et cambriolages dans les voitures, fourrière intempestives, autorisations limitées pour les  soirées spéciales (Ex. une soirée DJ avec 624 clients seulement, alors que la CGPME vient de réunir il y a quelques jours plus de 4 000 personnes !) sont autant de tracasseries qui ne sont pas pour aider à un travail au quotidien apaisé.

Pour combler le tout, un début d’incendie la semaine passée oblige à une fermeture pour travaux. On comprend alors que Nicolas Le Bec veuille jeter l’éponge, d’autant que son projet chinois avec son épouse Yu prend forme à court terme.

« Ma seule préoccupation est celle de mes salariés et de mes fournisseurs » ajoute-t-il. Il aurait donc pu s’installer à Shanghai tout en gardant la Rue Le Bec en mettant en place sa succession, sous son nom.

Il en a donc décidé autrement et, après un entretien avec le président du TC de Lyon, jettera l’éponge mardi matin (16 juillet), si rien ne se passe d’içi là.

Une solution bien regrettable pour ses 40 salariés (128 au départ), mais aussi pour lui, au moment ou les comptes sont équilibrés depuis le début de l’année et les carnets de commande bien remplis pour l’automne (100 000€ environ pour chacun des deux premiers mois). Le CA étant valorisé à 5 millions d’euros pour le dernier exercice et la caution bancaire de la Caisse d’Epargne étant établie.

« C’est une grande tristesse, car avec cet arrêt, ce sont les banques qui vont y laisser des plumes » ajoute-t-il, alors que la situation redevenait normale. En lui demandant ce qu’il en était du côté d’une vente éventuelle, il remarque que la SCI ne voulant pas vendre les murs, les repreneurs étaient moins nombreux, tel ce jeune couple visiblement sans problème financier.

Alors que la mairie semble pour le moins gênée par cette situation (Si l’on considère qu’elle n’a pas répondu à un courrier du 16 juin dernier), on parle malgré tout de solutions alternatives. Le Groupe Ginon qui construit son siège social à côté, l’éternelle et très soudée triplette Viannay, Berthod et Marguin (33 Cité, TNP Villeurbanne ou encore le consulting au Maroc). Si les repreneurs sont dans un premier temps peu nombreux à payer un loyer annuel de 280 000€, les solutions sont sans doute assez nombreuses pour la reprise de la Rue Le Bec, y compris dans d’autres domaines que ceux de la restauration. Mais sur ce point la municipalité sera-t-elle d’accord, pour autant qu’elle ait son mot à dire ?

Alors, cette semaine verra-t-elle la fermeture du grand et beau livre gourmand de Nicolas Le Bec qui, durant une douzaine d’années a prouvé son audace et sa compétence gastronomique entre Rhône & Saône ? Réponse mardi matin à la barre.

En attendant, le projet chinois de Nicolas se construit autour d’un restaurant gastronomique qui sera installé sur 800 M2 au 4e étage d’un immeuble du groupe indonésien AAP, en attendant un projet beaucoup plus ambitieux, à Shanghai toujours, qui pourrait voir l’installation dans le nouveau quartier de cette mégapole asiatique qui ne cesse de grouiller (23 millions d’habitants en 2012, 50 millions en 2015 !) d’une nouvelle Rue Le Bec.

Et ce dernier de conclure: « Tout en pensant très fort à mes salariés, je ne suis  pas triste et je ne regrette rien, quand bien même je ne suis sans doute pas assez bien entouré. Ce passage est une expérience me rendra plus fort ! »

Merci Nicolas, tu nous a plus souvent qu’à ton tour régalé et émerveillé. Rendez vous sous peu pour une nouvelle route de la soie qui te mènera de Lyon à Shanghai en Chine !

Michel Godet


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Michel Godet (Courtoisie: Photo Pierre Augros) michel.godet@gmail.com