Pour sa 14e édition consécutive, la Fête des lumières va embraser à ciel ouvert, Lyon, du 6 au 9 décembre.
Fête du 8 décembre, fête des illuminations et maintenant fête des lumières, le temps est loin où l’esprit de cette manifestation populaire n’était que religieux. Ou presque. Une vénération à la Vierge Marie, censée faire cesser l’épidémie de peste qui envahissait alors le sud-est de la France. Nous sommes en 1643.
Mais ce n’est qu’à partir de 1852, date de l’inauguration de la statue de la Vierge Marie à Notre-Dame de Fourvière (la basilique n’était pas encore alors consacrée), que les lumières apparaîtront ce 8 décembre. Une date décalée du 6 septembre (Fête de la nativité et vœux des échevins) pour cause de crue de la Saône.
Ces illuminations sont intervenues, après une seconde annulation pour cause d’orage cette fois, spontanément de la part des lyonnais qui décident, en profitant d’une éclaircie, d’illuminer leurs fenêtres et de faire brûler quelques feux de Bengale au pied de la statue, tout en chantant des cantiques.
Aujourd’hui, le 8 décembre, fortement ancré dans le cœur des lyonnais, semble avoir perdu sa signification originelle pour s’installer dans une grande manifestation événementielle, une sorte de festival dont le Dieu Lux serait le maître incontournable tout en servant de tremplin ou de porte d’entrée internationale aux artistes sélectionnés.
Une fête redessinée
Car c’est bien là maintenant le cœur du la fête. Une manifestation qui réunit de 2 à 4 millions de visiteurs selon les sources, de toute la région certes, mais aussi de l’hexagone (37%) et maintenant aussi de l’étranger (33%). Un événement qui attire aussi tous les marchands du temple, avec lumignons, vin chaud, merguez et autres frites et sandwiches indignes d’une capitale de la gastronomie.
Malgré tout, cette fête rime par ailleurs avec solidarité et générosité, n’en prenons pour preuve que la vente (depuis 2005) des lumignons du cœur au profit cette année de Handicap International (Prix Nobel de la paix-1997), qui fête ses trente années d’existence (2€ le lumignon, vendu à partir du 1er décembre).
Et puis et surtout, la fête est devenue depuis quelques années un festival des lumières ou mieux un festival dont les œuvres d’art sont réalisées essentiellement avec toutes sortes d’éclairages et autres interactions visuelles et sonores, pour ne parler que du traditionnel spectacle qui magnifie chaque année la place des Terreaux ou encore la façade de l’église Saint-Nizier.
Les projets affluent dès lors du monde entier et ce n’est pas sinécure pour les organisateurs que d’en sélectionner une centaine afin de les mettre en lumière, qu’ils proviennent d’artistes confirmés ou de jeunes pousses.
Pour cette édition 2012, la fête mettra le cap au sud pour le bonheur de la Confluence qui arborera fièrement des projets éphémères de ce quartier en devenir.
Plébiscités fortement l’année dernière, les chars du japonais Fukuno récidiveront dans une nouvelle déambulation lumineuse, sur le thème de l’Inde et de sa féérie.
Un enjeu économique incontestable
C’est grâce à un mode original que le montage financier est réalisé. Une moitié du budget global, évalué à 2,6 millions d’euros, étant pris en charge par la Ville de Lyon sous forme de marchés publiques et de subventions. Les autres 50% provenant de partenaires privés, réunis au sein du «club des partenaires».
C’est en 2002 que ce club s’est constitué sous l’impulsion dynamique de ses membres fondateurs, EDF et le Mat’électrique.
En 2012, le club est fort de 58 membres, dont 85% de fidèles, qui ont tous mis «la main au pot» pour un montant direct ou indirect de 1,3 million d’euros, dont 600 000€ d’apport en numéraire.
Techniquement, les partenaires peuvent s’impliquer dans un mécénat en numéraire, de compétence ou encore en nature. Et qui dit mécénat, dit – ne l’oublions pas – avantages fiscaux.
Certains partenaires s’impliquent également en apport en industrie, pour ne citer que le constructeur automobile Renault avec son véhicule officiel la Renault ZE, son nouveau véhicule électrique urbain.
Orange créera aussi pour la circonstance un «espace digital» au cœur de la fête. Un lieu tout entier dédié à une virtualité communicante pour publier et forwarder sur les réseaux sociaux ses images de la fête, recharger son mobile ou encore s’exercer au light painting.
Autre exemple de projet majuscule, celui de la place Bellecour de Gilbert Moity, intitulé Magic Cube, co-brandé JC Decaux et Everlite Concept.
Un panneau géant en polycarbonate translucide et lumineux sera posé devant un mur de Leds sur le socle de la statue de Louis XIV. Le rayonnement de ces dernières se diffractant au contact du panneau et créant ainsi un jeu de lumières surprenantes. Et comme preuve d’interactivité, les spectateurs pourront pédaler sur 28 Vélo’V, dont 8 plus petits pour les enfants, pour faire évoluer l’intensité et les couleurs du panneau.
Depuis la mandature municipale de Michel Noir, Lyon s’est parée de façon pérenne d’éclairages emblématiques, magnifiant et nimbant la ville de ses lumières. Cette fête 2012 abondera dans cette pérennité avec l’éclairage permanent du dôme du crayon à la Part Dieu, grâce à EDF, Nexity, Philipps lighting et le Mat Electrique.
La tour deviendra-t-elle ainsi un nouveau phare et balise surplombant Lugdunum ? Sans aucun doute, ce signal lumineux sera d’intérêt, d’autant qu’il apportera une économie énergétique de 60% avec ses nouvelles technologies. Le pérennité n’occultant pas de périodiques animations lumineuses, le prochain Sirha en étant certainement une putative.
Inutile de préciser que dans la centaine de projets présentés, le développement durable et ses économie d’énergie tient le haut du pavé, en particulier avec cette nouvelle technologie de lampes dites à économie d’énergie, autrement appelées lampes Leds (lampe à diode électroluminescente) à haut rendement lumineux et sans dégagement de chaleur contrairement aux lampes à incandescence.
Parrainages de projets artistiques
Dans cette catégorie, nous avons particulièrement apprécié celui de la de la Caisse d’épargne Rhône-Alpes, conçu par la styliste Agatha Ruiz de la Prada. Un immense cœur multi-couleurs installé place de la Bourse, porteur d’amour, de bonheur pour la ville, pour ses habitants ainsi que pour tous ses visiteurs, au pied de la Chambre de commerce et d’industrie de Lyon.
Un tremplin international
Pour un artiste, participer à la Fête des lumières à Lyon c’est aussi se retrouver dans une communication mondiale, tant du point de vue du nombre de visiteurs étrangers, mais aussi de celui des délégations internationales.
Ainsi, depuis 2008, une trentaine d’œuvres, réalisées par 25 artistes se sont retrouvées dans des festivals du monde entier. On parle même d’un CA de 2,5 à 3 millions d’euros générés ainsi à l’export.
Dans cet esprit, le cluster Lumière, l’association Luci, la Chambre de commerce et d’industrie de Lyon et la ville créent cette année le Lyon light festival forum. Une sorte de think-tank prenant la forme d’une plateforme de rencontres professionnelles relatives aux différents festivals lumière existant de par le monde. (Le 8 décembre de 9h00 à 13h00 à la CCI de Lyon).
Ce festival dans le festival s’inscrivant en complément des «Rencontres de la lumière» organisées chaque année par LUCI.
Michel Godet – Lyon Saveurs