Suite aux discussions en cours au sein d’un Comité de filière «Restauration» mis en place et piloté par la Ministre Sylvia Pinel pour valoriser la restauration traditionnelle et artisanale,  tout un chacun parle à gorges chaudes de cette nouveauté ministérielle et plus particulièrement les organisations professionnelles de la restauration qui sont massivement contre (du moins sans une concertation préalable).

Notons aussi au passage, qu’existe déjà le titre de Maître – Restaurateur, frappé du drapeau tricolore et décerné par les préfectures. Mais rien n’étant jamais parfait, ce titre officiel ne semble pas trouver l’oreille des professionnels de la restauration qui voit en lui trop de contraintes. Il est vrai que ce titre contraint les dits professionnels dans sa charte à une honnêteté professionnelle rigoureuse !

Et puis, il faut également noter que son obtention est parfois soumise à questionnement(s).

Ainsi un restaurateur de la région, MOF qui plus est,  s’est vu refuser dernièrement ce titre, car il proposait à sa clientèle non pas quatre desserts, mais un chariot de desserts ! Itou pour les fromages.

A vous de juger…

Quoi qu’il en soit, on a bien interdit aux terminaux de cuisson (pour réchauffer des pâtons de pain surgelés) de ne pas apposer le vocable Boulangerie sur leur devanture. Maintenant, ils sont devenus simplement : « Vente de pain ». Quelle belle jambe ! Jésuitisme ou hypocrisie ? cela ne vous rappelle-t-il pas le sketch de Fernand Reynaud « Ici on vend de belles oranges pas chères » ?

Demain, ceux qui n’auront pas obtenu le titre « Restaurant » deviendront  sans aucun doute des « Vendeurs de repas chauds » …

Mais à notre avis, il existe des préoccupations beaucoup plus actuelles. L’honnêteté des restaurateurs, l’aspect locavore de leurs approvisionnements, la vérité des cartes et menus, comme l’accueil et le sourire, sans oublier le surgelé non mentionné ou les spécialités sorties des boîtes..

Dernièrement, nous avons vu sortir d’un magasin de hard discount un restaurateur lyonnais avec un chariot rempli de produits qui sans aucun doute se retrouveront sur sa carte avec des mentions très flatteuses. Produits du terroir, spécialités gourmandes….  J’oubliais, le transport du beurre et autres produits frais ne se sont pas retrouvés dans un véhicule réfrigéré, comme imposé. Heureusement, vous aurez compris que rien n’est jamais grave en période hivernale, même en mai !

Pour info, en suivant le lien suivant vous pourrez visionner notre intervention dans le journal de 20h00 de TF1 en date du 29 mai:

Finis micro-ondes et surgelés au restaurant (TF1 20h00 29 mai 2013)

Michel Godet

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Communiqué des Organisations professionnelle de l’Hôtellerie-Restauration:

  1. Cette proposition est conforme aux attentes des Français, qui sont 96% à juger que « la création d’un statut garantissant que les plats sont cuisinés sur place serait une bonne chose » (cf. Etude Opinion Way «Les restaurateurs vus par les Français » du 13 avril 2013).
  1. Tout en garantissant une information transparente au consommateur, elle respecte tous les types de restauration sans discrimination, allant du restaurant traditionnel le plus simple aux grandes tables étoilées, qui font la notoriété de la restauration française.
  1. Elle s’appuie sur le seul titre d’Etat existant, « Maître Restaurateur ». Ce titre mérite d’être davantage promu auprès des consommateurs. A l’heure où ils demandent à être rassurés sur la qualité de l’offre alimentaire, la promotion d’un titre soutenu par l’Etat serait un puissant vecteur de réassurance, sans multiplier les dispositifs.

Alors que les discussions sont en cours au sein d’un Comité de filière « Restauration » mis en place et piloté par la Ministre Sylvia Pinel pour valoriser la restauration traditionnelle et artisanale, six organisations professionnelles de l’Hôtellerie-Restauration (GNC, SNARR, SNRPO, SNRTC, UMIH et CPIH), soit la quasi-totalité du secteur, s’étonnent et ne soutiennent pas l’initiative sans concertation visant à déposer un amendement au projet de loi HAMON pour la création d’une appellation « restaurant ».

S’il est souhaitable d’apporter à nos clients une information juste et transparente, cette démarche doit se faire de manière constructive en évitant toute exclusion. Nous sommes tous favorables à valoriser la restauration qui travaille les produits bruts. Elle est non seulement source d’emplois, mais c’est elle qui assure la transmission des savoir-faire culinaires de notre pays. Elle est au cœur de la relation de confiance entre le consommateur et le restaurateur.

La protection de l’appellation « restaurant » c’est aller à l’encontre de la vraie richesse de la restauration française, qui dans sa grande diversité, est un atout majeur du rayonnement de la France à l’international, capable de servir des prestations de restauration pour toutes les occasions et pour tous les budgets. Cela n’aura pour effet que de créer une complète confusion dans l’esprit du public, des clients et surtout des touristes internationaux qui ne se retrouveront pas dans cette différenciation d’établissements de restauration. N’oublions pas que selon le Petit Robert, un restaurant est un établissement où l’on sert des repas moyennant paiement. C’est créer, par ignorance de la réalité de nos métiers, un handicap supplémentaire dans la promotion du tourisme à l’étranger.

Enfin, et surtout, cette appellation restrictive du mot « restaurant » aurait des conséquences dramatiques en termes d’emplois notamment chez les jeunes. Dans un contexte où plus d’un quart des 700 000 salariés du secteur a moins de 25 ans, que deviendront les salariés des établissements qui ne bénéficieront plus de la reconnaissance du mot « restaurant » ?

98% des professionnels syndiqués représentés par les 6 organisations professionnelles soutiennent avec force et conviction la proposition de l’UMIH (Union des Métiers et des Industries de l’Hôtellerie) qui, lors des réunions du Comité de filière « Restauration » en cours à Bercy, a proposé la création d’un statut d’artisan-restaurateur qui s’appuierait sur le développement du label d’Etat Maître Restaurateur :

Le Gouvernement saura trancher en faveur de la proposition qui préserve la cohérence du secteur tout en valorisant un savoir-faire et des pratiques artisanales, dans l’un des rares secteurs à ne pas encore bénéficier de cette reconnaissance.