Une fois de plus, notre ami le scientifique Hervé This, nous propose une réflexion frappée au coin du bon sens.
cette fois, il s’agit du soufflé.
Quels rapports peuvent exister entre la science quantitatives et les techniques et sciences ? Je ne me prends pas pour Jésus qui parlait en paraboles, car ce serait blasphéme, mais l’histoire de l’étude des soufflés répond bien à la question posée.
Partons de la cuisine et demandons nous pourquoi les soufflé gonflent ? Dans les années 1980, la théorie était que les soufflé gonflent, parce que les bulles d’air qui sont présentes (apportées lors du battage des blancs en neige) se dilatent à la chaleur, faisant augmenter le volume du soufflé. Voilà une « théorie » ; or les sciencitifique savent que toutes les théories sont fausses, disons insuffisantes.
En quoi cette théorie était-elle fausse ? Pour le savoir, il fallait mettre en oeuvre la méthode scientifique classique, qui consiste à chercher une conlusion de la théorie, une conséquences, puis à la tester expérimentalement. Pour chercher cettte conséquences, il suffit de penser à cette merveilleuse particularité de la méthode des sciences quantitatives, qui veut que tous les phénomènes soient nombrés, quantifiés, mesurés. En l’occurence, la théorie considérait l’expansion thermique, la dilatation d’un de l’air. Pour décrire ce phénomène, il existe des lois plus ou moins approchées, mais qui, quand même, donnent des résultats merveilleusement proches du résultat réel, pratique.
L’une des lois élémentaires qui décrivent le résultat est ce que l’on nomme la « loi les gaz parfaits ». Elle stipule le produit de la pression par le volume est proportionnel à la température. Je vous épargne les calculs (ils sont amusants, mais leur exposé nous ralentirait dans la discussion ici proposée) : ils conduisent à prévoir une augmentation de volume de 20 à 30 pour cent seulement… alors que les soufflés peuvent gonfler de 200 pour cent… Si l’on améliore les calculs en tenant compte de la pression, c’est plutôt pire, ce qui signifie que les meilleures lois conduiraient à penser que le gonflement des soufflés est très faible par rapport à celui qui est dû à la dilatation thermique.
Il fallait donc en conclure qu la théorie était très insuffisante, très fausse.
Mais alors, pourquoi les soufflés gonflent-ils ? C’est une chose amusante, rétrospectivement, que d’observer que, à l’époque, on en avait aucune idée ! Il a fallu en des centaines de mesures de pressions ou de la température dans des soufflés pour finalement arriver à la conclusion qu’un autre phénomène que la dilatation thermique était à l’oeuvre.
Ce phénomène est apparu parce que des soufflés avaient été pesés avant et après la cuisson. Pesés ! Là encore, il s’agissait de suivre les traces des grands anciens, en l’occurence Antoine Laurent de Lavoisier, pour qui la balance était l’outil essentiel. Or quand on pèse un soufflé, avant et après cuisson, on découvre qu’il perd environ 10 grammes. Dix grammes ? Dix grammes de quoi ? Analysons : un soufflé est fait majoritairement de farine, d’eau, de protéines, de graisses. De sorte que, puisque les protéines, la graisse et la farine ne sont pas évaporables à la chaleur, c’est l’eau qui est perdue. Et, effectivement, c’est naturel, car la température dans le four, environ 200 °C, est supérieure à la température d’ébullition de l’eau.
Il faut donc conclure que c’est l’eau qui fait gonfler les soufflés, parce qu’elle s’évapore. Tout s’éclaire alors : la présence de la croûte, qui est une partie sans eau, les bulles que l’on voit monter et crever à la surface, si l’on regarde dans un four dont la porte est transparente…
Et puis, il y a le fait que 10 grammes d’eau font environ 10 litres de vapeur ! Pourquoi n’obtient-on alors pas des soufflés de dix litres ? Parce que les bulles sont perdues à la surface.
Au total, on n’aura pas de prix Nobel avec cette découverte, mais on aura la satisfaction de voir une saine application de la méthode de sciences quantitatives conduire à une bonne compréhension des phénomènes.
Mais je n’oublie pas que ce billet particulier est destiné à parler de gourmandise, c’est-à-dire de soufflés plutôt que des mécanismes de son gonflement. Et, là, le résultat scientifique a des implications immédiates. Puisque c’est l’évaporation de l’eau, et non la dilatation des bulles d’air, qui est le mécanismes essentiel de gonflement, pourquoi battre des blancs neiges ? De fait, dans un séminaire de gastronomie moléculaire, nous avons comparé un soufflé avec des blancs battus et un soufflés avec des blancs qui n’étaient pas battus mais qui était chauffé par le fond. A la stupéfaction de tous les participants du séminaire, les deux soufflés ont gonflé de la même manière ! Et c’est ainsi que la gourmandise éclairée des travaux scientifiques.
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Hervé This s’ait fait connaître par son approche de la cuisine moléculaire. Quelles ne sont pas les expériences et démonstrations qu’il a menées avec le chez chef étoilé Pierre Gagnaire ?

Né le  5 juin 1955 à Suresnes, il est donc un physico-chimiste spécialisé en gastronomie moléculaire, diplômé de l’école de physique et de chimie insdustriells de la ville de Paris.

Depuis 2006, il anime le Groupe de gastronomie moléculaire dans l’UMR 1145 INRA/AgroParisTech, il est conseiller scientifique de la revue Pour la Science, président du Comité pédagogique de l’Institut des hautes études du goût, directeur scientifique de la Fondation Science & Culture Alimentaire (Académie des sciences), membre de l’Académie d’agriculture de France, dont il est secrétaire de la section VIII (alimentation humaine) et titulaire de nombreuses distinctions.

Dans son approch de la cuisine « Note à note » il vient de commettre un ouvrage chez Belin Editeur: « La cuisine note à note en douze questions souriante »

Expérience sur la mayonnaise (2) – Hervé This par AgroParisTech
Bibliographie:

  • 1993Les Secrets de la casseroleÉditions Belin.
  • 1995Révélations gastronomiques, Éditions Belin. (ISBN 2-7011-1756-9)
  • 1999La Casserole des enfants, Éditions Belin
  • 2002Six lettres gourmandes, Éditions Jane Otmezguine
  • 2002Traité élémentaire de cuisine, Éditions Belin.
  • 2002Casseroles et Éprouvettes, Éditions Pour la Science/Belin (ISBN 2-84245-039-6)
  • 2006La Cuisine, c’est de l’amour, de l’art, de la technique, Éditions Odile Jacob.
  • 2007Construisons un repas, Éditions Odile Jacob.
  • 2007De la science aux fourneaux, Éditions Pour la Science/Belin
  • 2007Alchimistes aux fourneaux, Éditions Flammarion.
  • 2008Propos culinaires et savants, Éditions Belin.
  • 2009La Sagesse du chimiste, Éditions L’œil 9.
  • 2009Cours de gastronomie moléculaire no 1 : Science, technologie, technique… culinaires : quelles relations? , Éditions Quae/Belin.
  • 2010Cours de gastronomie moléculaire no 2 : Les Précisions Culinaires, Éditions Quae/Belin.
  • 2012La cuisine note à note en douze questions souriantes, Éditions Belin.