Le chef Jacques Marcon vent debout contre la Loi du sénateur Duplomb
Si la famille Marcon (triplement étoilée Régis & Jacques) à Saint-Bonet-le-Froid (43) nous avait habitués à l’excellence gourmande et à la discrétion, le fils Jacques vient de publier sur son réseau Instagram un courrier à l’endroit du Sénateur Altiligérien Laurent Duplomb initiateur d’une loi éponyme.
Une loi votée à 58% par l’Assemblée nationale qui autorise à nouveau l’usage des néonicotinoïdes, un insecticide pour le moins dangereux.
« Cher Sénateur Duplomb,
Fiers d’être altiligeriens » est la devise de notre département mais aujourd’hui j’ai honte de vivre en Haute Loire, département dont vous êtes sénateur !
Avec cette loi, vous vous êtes érigé en porte parole de l’industrie agroalimentaire qui privilégie une agriculture intensive et néfaste pour les générations futures. Votre combat aurait du être celui des frontières en défendant l’équité des produits agricoles qui proviennent d’Europe en ne laissant pas entrer ces légumes gavés de pesticides. La France, pionnière en matière d’interdiction des pesticides vient de faire un grand pas en arrière grâce à vous …
Tout ceci, je l’écris avec humilité fort de plus de 20 ans d’écoute de ce monde agricole en pleine mutation qui doit relever des challenges importants … Ils ne trouveront pas de réponses avec une loi simpliste comme la vôtre. Encore moins dans un département comme la Haute Loire ou l’intensif est un non sens …
Mais aujourd’hui j’ai aussi honte de moi. Je n’ai fait que relayer les posts des ONG, des médecins qui alertent contre la recrudescence des cancers, de la Conf qui expose une voie plus censée et protectionniste de notre agriculture… Par mon inaction, je suis aussi responsable de cette loi rétrograde ! »
| Jacques Marcon sur Instagram
D’après Wikipédia :
Laurent Duplomb est né le est un exploitant agricole et un homme politique français, actuellement sénateur de la Haute-Loire.
Comme représentant de la FNSEA, il a été président de la Chambre d’agriculture de Haute-Loire. Il a également été président régional du groupe laitier Sodiaal (2014 à 2017) et membre du conseil de surveillance de Candia.
Il est un fervent défenseur de l’agriculture productiviste et un relai très actif des positions de laFNSEA.
Il est aussi l’un des fers de lance du dénigrement de l’OFB (Office français de la biodiversité). Selon Mediapart, il s’est associé à deux textes de reculs environnementaux importants venus dernièrement du Sénat et qui ont finalement trouvé gain de cause dans la loi de simplification économique votée à l’Assemblée : celui visant à supprimer les ZFE, et celui visant à réduire les objectifs du Zéro artificilialisation nette.
Le le Sénat vote une proposition de loi dans le domaine agricole à son initiative :
- Attribution d’un qualificatif d’« intérêt général majeur » aux retenues de substitution
- Possibilité de recours en cas de pertes de cultures
- Simplification administrative pour l’agrandissement ou la modernisation des élevages
- Suppression de la stricte séparation entre l’activité de conseil aux agriculteurs et la commercialisation de pesticides, qui avait en pratique pour effet d’empêcher les coopératives agricoles de donner des conseils aux agriculteurs
- Réintroduction de deux nénicotinoïdes (l’acétamipride et le flupyradifurone ), interdits depuis 2018 en raison de leur forte nocivité pour les abeilles
Laurent Duplomb défend sa proposition sur Public sénat, où il affirme que l’« acétamipride n’est pas considérée par l’EFSA Autorité européenne de sécurité des aliments) et d’ailleurs aussi par l’ANSES ( Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail)) français comme un produit toxique. Elle le dit, et dans plusieurs analyses [… ni] que c’est un produit qui tue les abeilles ».
Cette loi est adoptée par l’Assemblée nationale le à une majorité de 58 % des députés
Controverses sur les néonicotinoïdes
Leur réintroduction inquiète notamment les apiculteurs.
Plusieurs chercheurs spécialisés indiquent que l’acétamipride est d’une «toxicité terrible pour les insectes, mais aussi qu’il se diffuse dans l’environnement en touchant les oiseaux et les vers de terre », qu’il présente « une forte toxicité pour les organismes aquatiques et terrestres », et que sa toxicité est le pire pour la santé humaine, pouvant causer des problèmes de neuro-développement chez le fœtus, des cancers du foie, de la thyroïde et du testicule chez l’adulte ou des maladies rénales chroniques. Le rapport de l’ANSES suggère le classement de cette substance suspectée d’être cancérogène pour l’Homme comme «cancérogène de catégorie 2 ». Le chroniqueur Hugo Clément juge que le propos du député revient à reprendre la stratégie peur, incertitude et doute du lobby des pesticides.
Dans une lettre ouverte adressée à quatre ministères, un millier de scientifiques et médecins s’insurgent contre un texte qui prévoit la réintroduction de pesticides jugés dangereux pour la santé et l’environnement. Avant la date prévue pour le vote de la loi, dans une tribune publiée le par le Monde, vingt sociétés savantes scientifiques et médicales, dont la Ligue nationale contre le cancer, la Société française du cancer et la Société française de santé publique, le Conseil scientifique du CNRS, la Société française de pédiatrie ; estiment que cette proposition de loi, si elle était adoptée, serait un recul majeur en termes de santé environnementale.