La ville de Lyon communique-t-elle trop ?

Rapport de la Chambre régionale des comptes d’Auvergne Rhône-Alpes et de son président M. Lejeune

 

Le 26 septembre 2024

Madame, Monsieur,

Je vous informe de la mise en ligne sur notre site du rapport d’observations définitives concernant la communication externe de la ville de Lyon. Ce contrôle s’inscrit dans le cadre d’une enquête régionale de la chambre régionale des comptes Auvergne-Rhône-Alpes, portant sur la communication externe des collectivités locales.

Consulter le rapport

Selon l’estimation de la chambre, les effectifs affectés à la communication externe étaient de 72 équivalents temps plein (ETP) et les dépenses totales de communication s’élevaient à 10,4 M€ en 2022, ce qui représentait 19,8 € par habitant. La hausse de 2 % constatée sur la période 2018-2022 est inférieure à l’inflation. Ces dépenses ne se limitent pas à celles de la direction de la communication qui
ne représente que 39 % des dépenses de communication. Ceci s’explique notamment par l’existence des arrondissements et la gestion en régie municipale directe d’un théâtre, d’un orchestre et de nombreux musées, qui génèrent des dépenses de communication propres.

L’exécutif municipal a formalisé en 2022 une stratégie de communication, que la chambre recommande de présenter au conseil municipal. Pour évaluer l’impact de sa communication, la ville de Lyon s’appuie sur des indicateurs de fréquentation, des ateliers participatifs ponctuels, des enquêtes en ligne, mais aussi sur un baromètre annuel réalisé auprès d’un échantillon représentatif des habitants de Lyon.
À côté des vecteurs habituels de communication (journal municipal, réseaux sociaux, campagne d’affichage), l’image de la ville de Lyon est également mise en avant par de nombreux événements et animations, au premier rang desquels la Fête des Lumières qui dispose d’une communication dédiée.
Les réceptions et cérémonies organisées par le service du protocole y participent également, comme l’achat de prestation de « visibilité » auprès des clubs sportifs et les distributions de places en tribune ou en loge.

A ce sujet, la chambre recommande d’en assurer la traçabilité.

Deux autres recommandations de la chambre portent sur le respect des règles de l’achat public pour les achats d’espaces publicitaires et de veille de presse ainsi que sur l’obligation de rattacher hiérarchiquement, au directeur général des services, la direction de la communication et le service du protocole.

S’agissant de services administratifs, leur rattachement au cabinet du maire est en effet irrégulier.

Enfin, le contrôle a montré que les chargés de mission auprès des adjoints au maire, également officiellement rattachés au cabinet du maire jusqu’en octobre 2021, sont des interlocuteurs réguliers de la direction de la communication, ce qui a amené la chambre à étudier les fonctions de ces agents.

Sur la période contrôlée, durant laquelle trois maires se sont succédé, ces chargés de mission, au nombre d’une vingtaine, recrutés avec la participation des adjoints et souvent hors du cadre légal, exercent des missions recouvrant celles confiées à des collaborateurs de cabinet du maire et non pas des activités administratives. Dans ces conditions, la chambre estime qu’ils constituent en réalité des collaborateurs de cabinet et que la ville dépasse donc largement le plafond de 12 collaborateurs de cabinet que la loi lui impose.

Elle recommande de mettre un terme à cette pratique et de respecter le plafond réglementaire

Bernard LEJEUNE
Président de la CRC AURA

 

Lu sur Rue 89:

 

En réponse, la mairie de Lyon avait indiqué ne pas partager les conclusions de la CRC et avait plaidé que les 24 agents visés étaient « essentiels à l’action municipale. » Le pôle de chargé de mission a depuis été supprimé. Une réponse relue par le maire Grégory Doucet (EELV) au conseil municipal, qui a également indiqué ne pas répondre à davantage de questions sur ce sujet, une instruction pénale étant en cours.

Cette question est chère à la droite, puisqu’elle avait saisi la chambre à ce sujet dès février 2021. “Pour quelqu’un qui chante la vertu, il y a encore du job. La perfection est un exercice difficile”, a piqué Pierre Olivier (Droite, Centre et Indépendants). Il s’est pourtant peu attardé sur la question, se contentant de rappeler les inquiétudes formulées en conseil municipal de Lyon dès 2021 et de critiquer les « contorsions sémantiques » de la réponse de la Ville.