L’occasion est fréquente de vérifier la renommée de Michel Guérard auprès de la France qui mange. La preuve, par exemple, par l’un de nos enquêteurs qui déjeunait l’autre jour près d’Asniérois fiers de leur histoire : «C’est ici, à Asnières, qu’il a commencé, Michel Guérard ! Cela s’appelait le Pot-au-Feu !» Eh oui ! Les plus anciens se souviennent de cette décennie magique (en gros de 1965 à 1975) où Michel devient Guérard, attirant le Tout-Paris dans ce bistrot en lisière de Gennevilliers. Un demi-siècle a passé. Les heureux élus prennent aujourd’hui la route d’Eugénie-les-Bains pour découvrir cette merveilleuse bastide au charme colonial, où Michel Guérard, tout jeune nonagénaire, continue d’être une image idéale du savoir-recevoir et de la cuisine gourmande et passionnée. Les temps ont changé, l’agencement aussi, dans les salons de l’impératrice si joliment mis en valeur, et la cuisine s’adapte aux nouvelles modes, avec de grands menus et davantage de cartes. Le chef Hugo Souchet et sa brigade garantissent bien sûr la parfaite exécution des grands plats d’inspiration guérardienne : les asperges aux girolles et foie gras, le pannequet de crabe concombre et curry vert, le homard «tourne-feu» bouillon de crevettes au lait de coco et le ris de veau au sautoir et «mahonnaise» aux amandes. Les desserts sont brillants, l’atmosphère féérique et l’on tire une nouvelle fois le chapeau très bas devant les prouesses présidées par le doyen de nos académiciens Gault&Millau.