Minuit sonne au clocher de Beaujeu. Décalage horaire oblige, alors qu’au Japon  le primeur coule déjà à flot (6 millions de cols), à Beaujeu dans cette capitale mondiale du Beaujolais, Michel Mercier, le Garde des Sceaux « Primeur » (il a été nommé il y a trois jours !) met le tonneau officiel du Beaujolais en perce. A son tour l’heure des festivités a sonné  pour cinq jours de folie beaujolaise, les Beaujolais’ Days*.

Intronisations par l'Ordre International des Compagnons du Beaujolais. Marc Béchet, Gérard Perissin-Fabert, Directeur général et Président de Rhône-Alpes Tourisme, le Maire de Beaujeu et le Président des Sarmentelles avec quelques dignitaires !

Nozomu Miyajima San, fermier (70 vaches) et producteur de fromages au Japon !

Sur l’estrade, pour la circonstance et après avoir été intronisé Compagnons du Beaujolais par Georges Pédat le Grand Maître International, Gérard Périssin-Fabert, président de Rhône-Alpes Tourisme et son directeur général Marc Béchet, Frédéric Miguet, président de Rhône Tourisme, les parlementaires du Beaujolais Elisbath Namure et Bernard Perrut, Sylvain Sotton le Maire de Beaujeu boivent tour à tour la tassée majuscule sans chichi et en toute convivialité.

Le Président du Conseil Général du Rhône et Garde des Sceaux "Primeur" effectue sa première sortie officielle comme Ministre de la Justice à Beaujeu au cœur de son département !

Après un repas sous chapiteau servi à plus de 1 200 convives agrémenté par un spectacle brésilien sur scène, ce ne sont pas moins de 15 000 personnes venues de la France et du monde entiers, qui ont traversé Beaujeu pour se rendre sur la place de la Mairie pour applaudir cette perce du tonneau magique, sous une véritable voûte de lasers toute de vert tréssée.

Sous le double signe du Brésil et de la Fête

Cette année encore, l’heure est à la fête pour ce prince des vins qui, après quelques années de traversée du désert, retrouve enfin ses marques. Il était temps, mais la qualité de ces deux derniers millésimes y est pour beaucoup.

Dans les rues de Beaujeu, sous la voûte de lasers verts

2009 était une année exceptionnelle, presque sur les vins de garde.

2010 est tout aussi exceptionnelle avec une production certes moins importante, mais surtout une typicité qui rappellent celle des beaux jours. Un vin frais, fruité à souhait, gouleyant qui sonne la convivialité avant tout. Un verre appelant le second sans réfléchir, tellement il est agréable et plaisant au palais. Un vrai vin de copain que l’on boit en toute amitié au comptoir du zinc avec des charcuteries, de chez Bobosse ou encore de chez Sibiliat.

Voilà, le ton est donné pour ce produit issu du terroir beaujolais et surtout des vignerons attachés à leur terre qui ont cultivé le raisin, élaboré et  élevé le vin, avant de le mettre sur le marché le troisième jeudi de novembre.

Certes, on est loin des 400 000 hectolitres d’antan. La production du primeur tourne actuellement autour de 270 000 Hl (# 40 millions de cols) dont 40% pour l’export, c’est à dire environ un bon tiers de la production totale du vignoble.

Le Re-Nouveau !

Autre fait important, ce Beaujolais Nouveau retrouve enfin ses couleurs rouge grenat dans tous les bistrots, comme sur toutes les tables. Les clients en redemandent, comme à Lyon où une grande opération de séduction a été menées en octobre dernier en collaboration des Toques Blanches Lyonnaises.

Que la fête commence. A boire avec modération et gourmandise !

Michel Godet

* Beaujolais Days CLIC !

Première dégustation et premier mâchon à la Cave de Fleurie

Fiche Technique:

Après un mois de juillet beau et très chaud, la première quinzaine d’août a été plutôt fraîche. Les conditions climatologiques des dernières semaines du mois d’août et du début du mois de septembre ont été particulièrement favorables à l’état sanitaire du vignoble. Les vendanges qui ont débuté le 13 septembre, se sont terminées aux alentours du 6 octobre. Cette année, les conditions de récolte ont été idéales pour le développement des arômes : du soleil et un peu de fraîcheur avec, pour conséquence, une évolution régulière de la maturité des raisins, un très bon état sanitaire, et la possibilité pour les vignerons de retarder de quelques jours le démarrage de leur cueillette pour tirer le meilleur parti de la météo.

Dans les cuvages, les vinifications sont terminées et les dégustations commencent…

Après un millésime 2009 historique, les cuvées 2010 s’annoncent d’ores et déjà très prometteuses. « Les vins sont très aromatiques et colorés » explique Bertrand Chatelet, directeur de la Sicarex (Institut de recherche implanté à Villefranche sur Saône et dédié à l’étude des vignes du Beaujolais). Avec une belle structure, tout en rondeur et en souplesse, 2010 affiche une belle couleur rouge pourpre. Cette année, on retrouve les caractéristiques typiques du cépage Gamay : des vins colorés avec de jolis fruits, croquants et gourmands.

Pour les amateurs, quelques rappels:

Produire du beaujolais nouveau, c’est maîtriser un ensemble de savoir-faire :

–       dans sa cave, le vigneron pratique une macération courte qui exige une vigilance accrue.

–       dans ses vignes, toute l’année, il taille, ébourgeonne, relève, éclaircit… un cépage, le gamay noir à jus blanc, difficile à conduire.

Contrairement à la perception de certains consommateurs, les beaujolais nouveaux ne sont pas des vins « industriels »  ou « technologiques » mais bien des vins artisanaux.

Un seul cépage, une « vinification beaujolaise » unique en son genre

Pour produire un vin arômatique et fruité, le vigneron pratique une macération courte, de 4 à 5 jours maximum. Cette macération nécessite un savoir-faire complexe : en effet, un vin soutiré de la cuve trois heures trop tôt sera trop léger et sans couleur ; si, au contraire, la cuvaison dure trois heures de trop, le vin nouveau sera marqué par des tanins plus durs.

Un seul cépage : le gamay noir à jus blanc

–  Mode de vinification : en grappes entières. Il est spécifique au Beaujolais.

–  Durée de cuvaison : rapide, elle s’étend de 4 à 5 jours et doit extraire un maximum d’arômes de fruits, sans l’astringence de tanins trop présents.

Principales étapes :

–     les vendanges : elles sont manuelles, sauf exception. Le Beaujolais est le seul

vignoble français, avec la Champagne, où la vendange à la main est généralisée,

–     encuvage,

–       première fermentation alcoolique,

–       pressurage,

–       assemblage des jus de tire (jus issu de la cuve) et de presse (jus issu du pressurage) dans une cuve où ils achèvent leur fermentation,

–       fermentation malo-lactique : les bactéries transforment l’acide malique en acide lactique.  Le vin s’assouplit. Son acidité diminue. Pour la plupart des vins, cette deuxième fermentation permet d’atteindre la stabilité biologique dans le mois qui suit la récolte.

Deux appellations sont productrices de Beaujolais Nouveau : les beaujolais et beaujolais-villages. Elles couvrent 13 000 hectares de vignes et donnent naissance non pas à un seul beaujolais nouveau, mais à des beaujolais nouveaux, dont les caractéristiques varient en fonction des terroirs et de la « patte personnelle » du producteur.

L’appellation Beaujolais comprend 72 villages de la partie sud et est du vignoble. Implantée sur des sols argilo-calcaires et granitiques, elle est commercialisée pour moitié en Beaujolais nouveau. Elle représente les 2/3 des volumes de Beaujolais nouveau, soit 200 000 hl environ.

Les Beaujolais-villages sont situés sur 38 communes, aux sols granitiques, avec des coteaux escarpés. Ils représentent 1/3 des vins vendus en « nouveau » : plus de 90 000 hl de beaujolais-villages ont été commercialisés, en 2009, avec l’étiquette « Beaujolais-villages nouveau ».

La récolte globale, en 2009, pour les 12 appellations du Beaujolais, s’est élevée à 843 000 hl.

Des années cinquante, où la libération anticipée des vins nouveaux est autorisée par l’administration des contributions indirectes, à la fin du XXème siècle, les superficies de vignes et les volumes produits se sont nettement accrus :

–       le vignoble est passé de 14 680 hectares, en 1954, à 15 422 hectares en 1961 et 19 000 hectares aujourd’hui.

–       la production de beaujolais nouveau est passée de 15 000 hl (à peine 2 millions de bouteilles) à 300 000 hl (40 millions de bouteille) en moyenne. Ce fantastique accroissement résulte du succès planétaire de ce vin hors normes autour duquel est né un phénomène de société.

Le petit dernier. Le Beaujolais nouveau rosé a la cote, depuis son lancement, au Japon, en 2006.

Les premières cuvées de beaujolais et beaujolais-villages nouveaux rosés ont été commercialisées au Japon, en 2006. En 2007, le beaujolais nouveau rosé a fait son apparition sur les linéaires français. Si leur production est encore confidentielle, ces jolis vins fruités sont de plus en plus nombreux, de millésime en millésime : 2 700 hl, en 2007, 5 449 hl en 2009 répartis entre les deux appellations, beaujolais (5 220 hl) et beaujolais-villages (229 h). Soit un total de 726 000 bouteilles.