Monsieur le sous-préfet est en tournée. Cocher devant, le maire de Villefranche-sur-Saône à côté, la calèche de la sous-préfecture l’emporte majestueusement vers les vendanges …
Alphonse Daudet n’aurait pas mieux raconté la visite que Didier Loth, sous-préfet de l’arrondissement de Villefranche-sur-Saône a effectué le mercredi 31 août, quelques jours seulement après le début officiel des vendanges en Beaujolais.
Pour la circonstance, Bernard Perrut le parlementaire et députe maire de la capitale caladoise qui ne cesse de parcourir le terrain avec sa bonhomie habituelle, Dominique Capart, le président de l’Interprofession du beaujolais et quelques vignerons sont du voyage.
La volonté affichée de tout un chacun est de se rendre compte sur le terrain de la situation qui semble plutôt riante en cette fin d’août.
Certes rien n’est jamais parfait en viticulture comme ailleurs. Ainsi, alors que chacun pensait que le soleil brûlant de ces derniers jours serait salutaire, il n’en est pas tout à fait de la sorte. Pour faire simple, habituellement, ce sont les pieds de vigne qui pompent l’humidté et l’eau dans le sol. Cet excès de soleil a inversé ce cycle de la nature et c’est le sol qui a pompé l’humidité du raisin au profit des pieds de vigne.
Conséquence, un taux d’alcool difficilement maîtrisable que l’on a vu parfois passer en une nuit de 10°5 à 12°5 et surtout un rendement bien inférieur.
Didier Loth a découvert ce phénomène qui a réduit le rendement habituel et autorisé de 52 hectolitres à l’hectare à 40, voire quelques fois à 30Hl/ Ha, soit une quarantaine de pourcent en moins !
Loin de penser à une surproduction parfois difficile à écouler qui ne sera, à priori et en général, pas présente en Beaujolais les viticulteurs pensent que cette récolte sera cette année encore un beau millésime, voire un très beau millésime pour autant que le travail des vignerons soit réalisé avec attention et délicatesse.
Mais c’est bien là sans compter sur l’amour et le professionnalisme de ces hommes attachés à leur terroir et à leurs vignes.
Au gré des conversations, celle concernant les vérifications effectuées dans les vignes par la MSA ou encore les services de gendarmerie (qui ont par exemple fait appel en 2010 à un hélicoptère) a été abordée.
Chacun s’accorde à dire quelles sont nécessaires, mais qu’elles doivent être effectuées dans une ambiance sereine. Il est vrai que le viticulteur qui ne déclare pas son personnel réalise des économies substantielles en matière de charges sociales et patronales et qu’ainsi, il fausse le jeu de la concurrence, n’ayant pas les mêmes charges que ses confrères qui sont en règle.
A titre d’exemple, un viticulteur qui emploie environ 25 vendangeurs pendant une dizaine de jours est soumis à quelques 6 000 euros de charges. On comprend aisément la situation, sans parler des conséquences en cas de problème.
On ne parle pas non plus des vendangeurs en situation irrégulière. Une tendance qui semblent largement s’orienter à la baisse.
Quant à l’évolution des vendanges, la visite sur le terrain a permis de réaliser celles dites mécaniques qui commencent à prendre leurs marques en beaujolais, quand bien même on semble les évaluer à environ 10% seulement des vendanges totales,pour l’heure. Il est vrai malgré tout que l’on voit de plus en plus ces monstres enjambeurs dans les vignes à plat et que d’aucun hésitent à les mettre en service par crainte d’abîmer les raisins…
Et puis, pour bien démontrer qu’ils sont des hommes de terrain rompus à toutes les activités Didier Loth et Bernard Perrut ont tombé la veste, pris le sécateur pour vendanger d’une manière bonne enfant, mais cependant très professionnelle, quelques rangs, pardon quelques pieds de vigne.
Le sous préfet n’était pas aux champs, mais aux vignes ce mercredi. Un bonheur n’arrivant jamais seul, tout ce beau monde s’est retrouvé à table avec les vendangeurs venus des quatre coins de l’hexagone dans une ambiance aussi gourmande que conviviale, promettant que l’année prochaine, il transformerait les pieds de vigne en rang de vigne !
En guise de conclusion de cette journée sur le terrain qui s’est terminé par la visite du laboratoire œno 2010, le représentant de l’état comme le parlementaire ou encore les professionnels du secteur ont estimé que ce millésime serait, à n’en pas douter, encore d’une haute facture. De quoi rassurer un vignoble tout entier qui, de plus en plus, reprend pied !
Alphonse Daudet n’aurait pas mieux dit …
Ce mercredi, Monsieur le sous-préfet n’était couché ni sur le ventre, ni dans l’herbe, et n’était pas débraillé comme un bohème. Il n’a pas mâchonné des violettes mais quelques grains bien appétissants en faisant malgré tout quelques vers… démontrant à l’envie que cette fois encore l’état est au plus près de ses concitoyens.
Michel Godet