Alors que d’aucun affirment que le rosé est le premier vin de l’histoire, ce dernier se porte de mieux en mieux commercialement , et ce tout autour de la planète.

Dans l’inconscient populaire, il est signe de convivialité, mais aussi de vin facile à boire en famille ou entre amis au bord de la piscine, du terrain de boules ou encore à côté du barbecue.

Mais loin de ces idées reçues et de tout plébiscite marketing, le rosé commence à faire briller ses lettres de noblesse sur les plus belles tables, jouant dans la cour des grands et démontrant ainsi son ascension.

Pour mettre ce vin en exergue et le faire sortir davantage de l’ombre, l’Union des œnologues de France (Uiœ) organise un concours spécifique intitulé le Mondial du Rosé, alias le Concours international des rosés du monde. Le seul en France avec celui des Vinalies (également organisé par l’Union des œnologues de France), à bénéficier du patronage de l’OIV (organisation international de la vigne et du vin), de Vinofed et de l’Uiœ donc. Somme toute, un concours spécial pour un vin spécial, dont la palette des couleurs est certainement la plus étendue et le vocabulaire le définissant très riche.

Pour informations, il y aurait actuellement 517 concours de dégustation dans le monde !

L’édition 2012, neuvième du nom, vient de se dérouler à Cannes dans un cadre aussi enchanteur qu’idyllique au bord de la grande bleue et de ses nombreux yachts et voiliers.

Cannes...

Pour la circonstance, un jury d’une soixantaine de jurés-dégustateurs venant du monde entier s’est attablé trois jours durant pour déguster trois jours durant 994 échantillons, eux aussi de provenance planétaire (Suisse, Turquie, Liban, USA, Portugal, Italie…). La règle étant pour ces dégustateurs, de toujours rester humbles.

Certifié AFAQ ISO 9001 depuis 2010, ce concours ne laisse rien au hasard dans son organisation sans faille et son déroulement.

Tous les producteurs peuvent concourir sans exclusive et sans limitation du nombre d’échantillons (150€ de frais d’inscription par échantillon) pour autant qu’ils proposent des vins rosés, tranquilles ou effervescents.

Dans un silence quasi monacal, (sauf lorsque la presse fait irruption !), les tables de travail sont au travail avec 6 ou 7 jurés. Deux sont des œnologues français, les 4 ou 5 autres étrangers, mais tous sont des professionnels du vin choisis et reconnus internationalement parmi 15 nations. Point d’amateurisme.

Une table de dégustateurs

Autour de chaque table, une serveuse ou un serveur dédié présente les échantillons cachés et numérotés, un président avec un petit ordinateur et les jurés avec chacun un PDA pour noter les vins. Un système informatique basé sur le Wi-Fi calculant et centralisant instantanément les notes devant le président de table qui les valide de suite alors vers un système central.

Echantillon référencé et "occulté"

PDA et ordinateur sur la table de travail des dégustateurs

Peu de commentaires verbaux donc, mais ici les commentaires écrits trouvent toute leur place. Ce sont du reste ces derniers que les vignerons attendent avec autant d’impatience que les médailles en Or (De 85 à 100 points) ou en Argent (De 82 à 84 points).

Parmi les critères de notation les qualificatifs sensoriels arrivent en tête, pour ne citer que les critères floraux, végétaux, fruités, minéraux, empyreumatiques, balsamiques, fermentaires, animaux…

Par exemple, citons la définition des critères balsamiques: camphre, encens, cyprès, eucalyptus, genévrier, pin, résine, résineux, térébenthine, cade, cèdre, santal….

La couleur, la limpidité, l’aspect, l’odorat et le goût sont autant d’autres critères, sans omettre le jugement global synonyme d’harmonie, qui entrent en ligne de compte pour la notation des échantillons.

Une dégustatrice

Dégustés dans des verres adaptés, les flacons correspondent à la classification officielle OIV des catégories de vins.

Exemple, IIA13 – Vins rosés non aromatiques tranquilles (Entre 12 et 45 g/L) ou encore IV.C.33 – Vins aromatiques mousseux (12 à 32 g/L).

In fine dans ce type de concours et selon les règles, la somme de toutes les récompenses ne doit pas dépasser 30% du total des échantillons présentés.

Les résultats:

300 vins récompensés sur un total de 994, dont 100 effervescents (672 vins français, 322 étrangers). Pour mémoire en 2004, 465 français et 128 étrangers (593 vins au total) avaient obtenus une médaille.

Nombre de pays présents en 2012: 28, plus la France, contre 21 en 2004.

Pour obtenir la liste complète des résultats, cliquez sur le lien ci-joint:  La liste officielle et exhaustive des résultats CLIC ICI !

A n’en pas douter l’édition 2013  fêtera avec brio son dixième anniversaire.

Michel Godet – michel.godet@gmail.com –  A consommer avec modération

Dégustateur à l'œuvre

L’Union des Oenologues de France

Ce syndicat professionnel créé en 1959 est fort de 1 700 membres travaillant en France, comme à l’étranger et présents au cœur de la filière viti-vinicole. Cyril Payon, élu pour trois années, en est l’actuel président, dont les attaches professionnelles et personnelles sont le Picpoul de Pinet (AOC Coteaux du Languedoc), ainsi qu’un domaine familiale de 20 Ha en Côtes du Rhône.

Cyril Payon, président des Œnologues de France

Formation, représentation, défense font partie de ses missions régaliennes, sans oublier l’édition de revues et l’organisation  de stages d’initiation, de concours (Vinalies Nationales, Internationales, America latina ou China, Mondial du Rosé…).

Parmi les autres missions de cette Union, celle aussi de représenter la France à l’étranger lors de manifestations conjointes avec un chef de cuisine pour valoriser le vin et la gastronomie françaises ou encore d’animer des soirées gourmandes de Monsieur l’Ambassadeur, dans différentes ambassades de France à l’étranger, voire lors de l’exposition internationale de Shanghai l’année dernière.

Le budget annuel de l’Uiœ est valorisé à 8 millions d’euros, aver une dizaine de salariés.

Né en 1955, le titre d’œnologue est réglementé et protégé. Seul les titulaires du diplôme national d’œnologie peuvent s’en prévaloir. Les œnologues exercent tous les métiers de la filière, conseils en œnologie travaillant pour des laboratoires, des structures particulières ou coopératives, mais aussi parfois directement salariés de grosses structures.

Table de dégustateurs

Le Rosé

Les premiers vins élaborés dans la haute antiquité, soit foulés, soit pressés directement  étaient donc très clairs, malgré des raisins noirs. Le rouge soutenu étant impossible à obtenir. Cette vinification en rosé est du reste largement représentée (Vases, mosaïques, bas-reliefs…).

On retrouve également ces vins clairs, «claret» puis «clairet», dans les ordres monastiques friands de ce qu’ils appelaient « vinum clarum ».

Palette des couleurs des vins rosés

Si parfois le rosé était réalisé avec des raisins blanc s et des noirs, certains vont même jusqu’à dire qu’il était parfois le résultat de l’assemblage de vin blanc et de vin rouge !

La véritable appellation de rosé apparaît, selon ceratins écrits, en 1682 dans le vignoble d’Argenteuil.

Sa définition reste malgré tout délicate, tant il est vrai qu’il était il y a encore peu, comptabilisé avec les rouges par l’organisation internationale de la vigne et du vin.

Aujourd’hui, l’on s’accorde à définir le vin rosé peut être décrit comme étant le produit issu de la fermentation alcoolique d’un moût   obtenu par une macération pelliculaire préfermentaire maîtrisée de raisins noirs à jus blanc.

Comment élabore-t-on un vin rosé ?

Après que les raisins noirs (vendengés) arrivent au chai, on les égrappe, on sépare les baies (grains de raisin) de la rafle (partie ligneuse de la grappe).

Ensuite on foule les baies. Ces dernières éclatent, ce qui libère la pulpe, la peau, les pépins et le jus de raisin. C’est ce qu’on appelle le moût.

On va alors laisser macérer le moût dans une cuve entre 2 h et 20 h à une température entre 16 °C à 20°C. On mélange ainsi les pigments et les arômes contenus dans la pellicule du raisin avec reste.

Le moût est alors pressé pour séparer la partie solide, le marc (peau, pépin) du jus. On le met à fermenter à basse température pour préserver les arômes. C’est cette courte macération qui donne sa couleur et ses arômes au vin rosé, contrairement au vin rouge.

On emploie également une autre technique : pressurage direct, qui consiste à presser directement les grappes entières ou éraflées et de mettre immédiatement le jus clair à fermenter.

La saignée et pressurage direct – la plus souvent retenue pour l’élaboration des rosés modernes – sont actuellement deux des techniques employées pour obtenir du rosé.

La couleur des rosés va du plus clair au plus foncé...

Quelques chiffres:

Aujourd’hui le vin rosé représente 8% de la production et 9% de la consommation mondiale de vin. Sa production mondiale a augmentée de 13% en 8 ans et la part de marché est passée de 9 à 26% en quinze ans (Production mondiale de rosés: 25,3 millions d’hectolitres par an).

Les trois quarts des vins rosés sont produits en Europe.

Le 1er consommateur et premier producteur mondial est la France avec 6 millions d’hectolitres produits en 2006 (29% de la production mondiale). Suivent l’Italie, l’Espagne et les Etats-Unis.

Derniers chiffres de la production française: 6,9 millions d’hectolitres – 400 millions de bouteilles – 28% du total mondial

La Provence est la 1ère région en France productrice de vins rosés AOC avec 145 millions de bouteilles produites (40% de la production Française), et fournit environ 8% des vins rosés du Monde.

Principaux pays producteurs: France (29%), Italie (23%); USA (16%), Espagne (13%), Allemagne (4%), Argentine (3%), Russie (2%), autres (11%).

Principaux pays consommateurs: France (35%), USA (14%), Allemagne (7%), Italie (6%), UK (6%), Russie (4%), Espagne (4%), PB (2%), autres (11%).




Dossier réalisé par Michel Godet – Rédacteur en chef de Lyon-Saveurs