« Une carotte est un assemblage de molécules : surtout de l’eau, puis font de la cellulose, des pectines, des sucres, des acides aminés… »
Cette phrase est à la fois juste… et incompréhensible pour tous mes amis qui ne connaissent pas la chimie. Elle n’est donc pas une explication correcte, et c’est pourquoi, aujourd’hui, j’ai décidé de donner des explications claires, parce que je sais que l’enjeu est de taille : il en va du développement de la cuisine, car, avec la cuisine note à note qui commence à apparaître, le succès dépendra de la bonne compréhension de l’idée de composé.
Il en va aussi du débat démocratique sur les pesticides, le bio, les OMG, le risque chimique… : comment juger si l’on ne comprend pas ce dont on parle ?
Pour commencer, commençons par le sens du mot « molécule », et, pour le comprendre, commençons par une comparaison.
Les molécules sont comme de très petites briques.
Très très petites, invisibles à l’oeil nu, ou même à la loupe, ou même au microscope optique classique. Elles sont environ mille fois plus petites que les plus petites structures que l’on peut apercevoir avec un bon microscope.
Et de la même façon qu’il peut y avoir des briques les différentes formes, il est facile de comprendre qu’il peut exister des briques de différentes formes.
Ces briques constituent la matière : dans un morceau de matière, solide ou liquide, ou gazeux, il n’y a que des molécules, avec rien (du « vide ») entre.
De l’eau, par exemple ?
Elle est entièrement de faite de « briques » toutes identiques, les « molécules d’eau » : dans un verre d’eau, il y a plein de molécules d’eau, toutes identiques.
Une carotte, maintenant ?
Elle est composée majoritairement d’eau : cette eau ne coule pas, ce qui signifie qu’elle est tenue, mais par quoi ?
La encore, une comparaison s’impose : pensons à un aquarium en empli d’eau ; cette fois, l’eau ne coule pas parce qu’elle est retenue par les parois de l’aquarium. De même dans une carotte il y a des espèces de parois, mais, dans ce cas particulier, il vaut mieux imaginer les parois qui forment les alvéoles dans un rayon d’abeilles. Le miel liquide est tenu dans les alvéoles, et les parois sont en cire.
Pour une carotte, les alvéoles sont considérablement plus petites que les alvéoles des rayons d’abeille, et elles ne sont pas en cire, mais faites majoritairement de celluloses (encore des molécules, analogues à des piliers, cette fois) et de pectines (des câbles qui solidariseraient les piliers).
Mais enfin, voici l’image que je propose : à l’aide de piliers -molécules de cellulose et de câbles-molécules de pectines, construisons un volume alvéolé ; dans les alvéoles, ajoutons des briques-molécules d’eau.
Nous avons là presque la structure d’une carotte ! Que manque-t-il ?
Bien des détails, mais je propose que nous nous cessions de considérer l’architecture, la structure physique, pour nous concentrer sur la « composition chimique », les types de briques présents.
Parmi les briques-molécules d’eau, il faut imaginer qu’il y a des briques-sucres, et des briques-acides aminés.
Les sucres ? Il y en a trois sortes : les briques glucose, les briques fructose, et les briques saccharose.
Les acides aminés ?
Pensons à une vingtaine de sortes de briques que nous nommons glycine, alanine, tyrosine, tryptophane…
Prenons de ces briques, et ajoutons-les dans les alvéoles, parmi les briques molécules d’eau. Cette fois, l’assemblage que nous avons construit est solide, mais il est composé essentiellement de liquide ; l’eau dissout les sucres et les acides aminés.
Évidemment, il manque encore beaucoup de choses pour faire une racine de carottes : des protéines, des pigments…
Et des composés qui font marcher tout l’ensemble, une sorte de plan qui est exécuté automatiquement : les molécules d’acide désoxyribonucléique, ou ADN.
Arrêtons-nous là, toutefois, pour passer à la notion de « composé ».
Jusqu’ici, nous avons parlé de molécules. Par exemple, les molécules d’eau. Ce que nous n’avons pas encore vu, c’est que l’eau est un composé.
Non pas qu’elle soit « composée » de molécules d’eau, mais parce que ce que l’on nomme eau est une sorte de molécules.
Il y a là la différence entre un objet d’une sorte, et la catégorie d’objet. Un chêne particulier est un chêne, mais les chênes forment une catégorie.
On en veux plus !!! de mon cote je vous met dans mes bookmarks, a bientot.