Étiquetages des produits alimentaires : les consommateurs sont-ils bien informés ?

L’information du consommateur sur la qualité des aliments est au cœur des préoccupations européennes et françaises. Un rapport des services du ministère de l’agriculture et de la souveraineté alimentaire s’interroge toutefois sur la pertinence et la multiplication des informations concernant les étiquetages des produits alimentaires.

Rendu public en octobre 2023, le rapport du Conseil général de l’alimentation, de l’agriculture et des espaces ruraux (CGAAER) s’inscrit dans la volonté gouvernementale d’instaurer une stratégie nationale pour l’alimentation, la nutrition et le climat.

Quelles recommandations ?

Pour le CGAAER, le défi que représente l’accompagnement du consommateur vers une alimentation saine et durable implique une approche globale des différents critères de la durabilité des systèmes alimentaires et des denrées alimentaires. Pour y arriver, le Conseil préconise de :

  • limiter la confusion créée par le profusion d’informations sur les étiquetages ;
  • fiabiliser les scores alimentaires et les rendre « utiles et visibles » pour le consommateur ;
  • développer une politique globale et cohérente d’éducation et d’information des consommateurs vers une alimentation saine et durable en s’appuyant en particulier sur la restauration collective ;
  • prendre en compte l’évolution des connaissances scientifiques sur les liens entre nutrition et santé, notamment pour défendre la crédibilité et l’acceptabilité du Nutri-Score.

Selon le CGAAER, toute démarche visant à rendre obligatoire une mesure concernant l’étiquetage des denrées alimentaires ne peut que s’inscrire dans un cadre harmonisé européen, compte-tenu du principe de libre circulation des marchandises au sein du marché intérieur européen.

Pourtant, les débats entre les États membres de l’Union européenne (UE) sur la proposition d’étiquetage nutritionnel obligatoire harmonisé montrent la difficulté de parvenir à un consensus européen pour mieux informer le consommateur. Le Nutri-Score, mis en place par la France en 2017 et qui est utilisé par cinq autres États membres de l’UE (Allemagne, Espagne, Belgique, Pays-Bas et Luxembourg) semble désormais remis en cause par d’autres États membres tel que l’Italie.

Les enjeux d’une alimentation saine et durable

L’alimentation est reconnue comme l’un des déterminants majeurs de l’état de santé et de la qualité de vie. France Stratégie estime, dans un rapport publié en septembre 2021, que 11% des décès sont liés à l’alimentation en France (soit 74 000 décès par an). Sont principalement en cause les aliments trop riches en sucre ou en sel mais aussi leur transformation.

Les systèmes alimentaires ont aussi des effets néfastes sur l’environnement :

  • le système alimentaire représente 25% de l’empreinte carbone de la France ;
  • 37% des masses d’eaux superficielles et 31% des masses d’eaux souterraines sont affectées par des pollutions diffuses d’origine agricole ;
  • les activités de production agricole sont impliquées dans les cinq principales pressions exercées sur la biodiversité (changement d’usage des terres et des mers, surplextoitation des ressources naturelles, changement climatique, pollutions, espèces exotiques envahissantes).