« LES MISÉRABLES » : CRI D’ALARME À MONTFERMEIL !
Flics et voyous sont renvoyés dos à dos dans « Les misérables » de Ladj Ly.
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Encore un nouveau film politico-social sur la banlieue ! Une fiction-brûlot de Ladj Ly, qui a grandi en cité. Sa radiographie filmée nous fait penser à « La Haine » de Matthieu Kassowitz.
Dans « Les misérables », on vit le quotidien d’une équipe de la BAC aux Bosquets, l’un des quartiers chauds de Montfermeil, dans le fameux 9-3 ( où habitaient les Thenardier de Victor Hugo). Stéphane surnommé Pento (Damien Bonnard) débarque de Cherbourg. Il fait équipe avec Chris (Alexis Manenti) qui joue les shérifs et Gwada ( Djibril Zonga). Son « bizutage » passe par la rencontre des caids locaux.
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Tension. Nos trois flics tentent d’arrêter Issa, un gamin qui a volé Johnny, le bébé lion du cirque roumain voisin; ils sont attaqués par sa bande de copains et Gwada tire au flashball sur Issa. Les policiers s’apprêtent à abandonner leur victime entre deux poubelles, mais ils réalisent qu’ils ont été filmés par un drone de l’un des jeunes du quartier…Top chrono pour récupérer sa carte mémoire !
Questions brûlantes
Comme Victor Hugo dans son chef d’œuvre, « Les misérables » de Ladj Ly évitent le piège du manichéisme. Personne n’est épargné : Policiers limite véreux, gamins livrés à eux mêmes, petits voyous, éducateurs magouilleurs, dealers défendant leurs intérêts, gitans et frères musulmans se disputent un territoire interlope et explosif. La caméra haletante, le sens du cadrage et le montage nerveux sont à l’unisson !
L’action, littéralement filmée de l’intérieur, va s’emballer à partir de la bavure policière et de la course effrénée pour retrouver la carte mémoire.
Jusqu’à la spectaculaire attaque finale dans les escaliers d’un HLM, aussi surréaliste que stupéfiante.
Ladj Ly pose des questions sociales brûlantes sans avoir la prétention d’y répondre mais place les différents protagonistes face à leurs responsabilités. Son film coup de poing, est brutal et palpitant, on en sort lessivé !
La citation de Victor Hugo « Il n’y a ni mauvaises herbes, ni mauvais hommes, il n’y a que des mauvais cultivateurs », signe la fin (et la morale) du film.
QOL