Pour les passionnés d’histoire, mais aussi d’aviation, le CALM nous propose cette semaine, une rubrique concernant les débuts de l’aviation militaire à Bron (69).

Que le CALM en soit ici sincèrement remercié, ainsi que son bureau et tous ses membres actifs, sans oublier son actuel président, le dévoué Philippe Treillet…

MG

Le CALM

A l’heure où l’aviation connaît un fulgurant développement, où l’homme rêve de conquêtes spatiales de plus en plus lointaines, un cercle d’amis, tous professionnels ou proches de l’aéronautique, a décidé de rendre hommage aux pionniers de l’aviation.

Le 20 octobre 2000, a vu le jour sur l’aéroport de Lyon-Bron le Cercle Aéronautique des Amis de Louis Mouillard  « CALM » du nom de ce lyonnais (1830-1897), Louis Mouillard.

L’observation plus particulièrement des pigeons ramiers, l’inspira sur les techniques aérologiques basiques qui, associées au moteur, ont donné les avions d’aujourd’hui.

Il fallait donc rendre hommage aux Français, aux Rhônalpins, aux Lyonnais à qui l’on doit ces inventions et rappeler aux générations actuelles ce qu’elles représentent pour notre monde moderne.


Depuis le 2 mars 2012, sur l’aéroport de Lyon-Bron, une nouvelle équipe d’amis anime le Cercle Aéronautique Louis  Mouillard « CALM », qui se doit de promouvoir la mémoire des pionniers de l’aviation et des événements s’y rapportant en utilisant les moyens modernes d’information.

Cela s’est concrétisé par la création d’un site Internet traitant de l’histoire de l’aviation en région Rhône-Alpes. On y retrouve des informations sur les grands noms de l’histoire aéronautique de la région (Raymond de Montgolfier, Augustin Rey, Louis Mouillard ou encore Robert Esnault-Pelterie pour n’en citer que quelques-uns).

Une initiative intéressante, les débuts de l’aviation n’étant pas souvent représentés sur Internet, et encore moins à une échelle régionale.

LOUIS MOUILLARD CALM CERCLE AERONAUTIQUE LOUIS MOUILLARD

Philippe TREILLET

Président du CALM

phil.treillet@orange.fr

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LES  DEBUTS  DE  L’ AVIATION  MILITAIRE  A  BRON

L’heureuse idée, de créer à Bron, une Ecole d’Aviation, fut émise pour la première fois par Monsieur Amédée BOUCHET de FAREINS au banquet qui réunit à Yzeron, après sa conclusion, les organisateurs de la Grande Semaine d’Aviation de Lyon.

Monsieur Amédée BOUCHET de FAREINS, Administrateur délégué de la Société Régionale de Banque et de Crédit de Lyon, prend contact en juin 1910 avec Monsieur le Maire de Bron. Il lui propose de louer 40 à 50 hectares de terrain sur la commune de Bron, en vue de l’installation d’un champ d’aviation. Un Comité, présidé par Monsieur Michel LACROIX, Adjoint au Maire de Bron, comprit rapidement que des terrains,- à faible rendement agricole, pouvaient être rassemblés à peu de frais, avec extension possible, pour former une aire d’aviation. Au cours de l’été 1910, des contacts sont pris avec des propriétaires de Bron afin d’obtenir une promesse de location de leurs terrains pour une période de douze ans.

Sur les recommandations de Roger SOMMER, est créée, au cours de l’été 1910, l’Ecole Nationale d’Aviation à Bron (société anonyme au capital de 200 000 francs). Son Conseil d’Administration désigne, à sa tête, Monsieur Antonin BOULADE, Président de l’Aéroclub du Rhône.

Le 28 septembre, Monsieur BOUCHET de FAREINS, Administrateur de l’Ecole Nationale d’Aviation, informe Monsieur le Maire de Bron, du projet de réaliser «sur le terrain de votre commune, en avant des glacis du fort de Bron, sur des terrains affermés et compris entre la route nationale n°6 de Paris à Chambéry, le chemin vicinal ordinaire de Saint Priest à Vaulx en Velin et les chemins vicinaux ordinaires n° 6 du Chêne, n° 15 dit de Saint Jean, un champ d’expérience d’aviation et d’y élever des hangars, tribunes, clôtures, etc…»

Sur 75 hectares de terrains agricoles, une ligne droite d’environ 1200 mètres est aménagée pour les évolutions des aéroplanes. Quelques hangars en bois sont édifiés pour abriter les aéroplanes.

L’inauguration officielle du champ d’aviation de Bron a lieu les 12 et 13 novembre 1910 en présence de nombreuses personnalités, dont le fameux constructeur d’aéroplanes Roger Sommer.

A cette occasion, Roger SOMMER, constructeur d’aéroplanes, fait la présentation de son tout nouveau aéroplane. Il est l’initiateur de la création de l’Ecole Nationale d’Aviation de Bron. Il créa sa première école de pilotage, début 1910, à Douzy dans les Ardennes, en mars à Châlons sur Marne, en novembre à Bron et l’année suivante à La Vidamée, près de Chantilly, dans la région parisienne.

A ses débuts, l’Ecole Nationale d’Aviation de Bron était dirigée par Monsieur Léon CHEURET, breveté pilote n° 62 du 2 mai 1910, alors qu’Albert KIMMERLING, breveté pilote      n° 291 du 8 novembre 1910, assurait les fonctions de chef-pilote. En 1912, après le départ de KIMMERLING, Louis PLANTIER, brevet n° 1010 du 6 septembre 1912, sera nommé chef-pilote et Henri BILL, brevet n° 205 du 16 septembre 1913, nommé chef-mécanicien.  L’école disposait de quatre ou cinq appareils du type Henry Farman, Sommer ou Voisin.

Le 11 février 1911, KIMMERLING  accomplissait le premier vol régional avec but déterminé à l’avance, en réalisant le trajet de Bron à Ruy-Montceau (Isère), soit une distance de 40 kilomètres qui est parcourue en 30 minutes.

Un entraînement intensif des pilotes était nécessaire pour rester en contact avec les contraintes dues aux manœuvres des unités de l’Armée de Terre. C’est ainsi que KIMMERLING participe, le 22 février 1911, aux manœuvres de la garnison de Lyon, avec un passager, le Lieutenant JACQUET. C’était la première fois, dans la région, qu’un aéroplane participait à des manœuvres militaires.

Très rapidement, des officiers et des sous-officiers de toutes armes sont affectés comme élèves-pilotes à l’Ecole Nationale d’Aviation de Bron. Les premiers élèves sont désignés par la Direction du Génie et de la Cavalerie, mais les places sont limitées par manque de crédit. On note parmi tant d’autres, les noms de ces élèves-pilotes :

en 1912 :

FONTAINE Marius, brevet n° 856 du 3 mai ; GIGNOUX Georges, brevet n° 900 du 26 juin; FUZIER Camille, brevet n° 938 du 25 juillet ; MERCIER Léon, brevet n° 939 du 25 juillet ; MENDES Charles, brevet  n° 940 du 25 juillet ; des HAUTSCHAMPS Guy, brevet n° 969 du 29 août; DORDILLY Jean, brevet  n° 1009 du 6 septembre.

en 1913:

PEGOUD Célestin, brevet n° 1243 du 7 mars ; BLOT Louis, brevet n° 1272 du 4 avril; PELLETIER d’OISY Georges, brevet n° 1274 du 4 avril ; CLEMENT Pierre, brevet n° 1292 du      2 mai ; CHEVRIER Pierre, brevet n° 1321 du 2 mai ;  de DREUZ-BREZE Emmanuel, brevet         n° 1443 du 5 septembre ; de ROCCA-SERRA Henri, brevet n° 1097 du 22 octobre.

Au cours de l’année 1913, suite aux décisions ministérielles de ne former des pilotes militaires que dans des centres militaires, les élèves-pilotes sont retirés  progressivement de l’école. L’activité de l’Ecole Nationale d’Aviation  de Bron prendra fin au début de l’année 1914.

Dans les jours qui suivirent l’inauguration de l’Ecole Nationale d’Aviation de Bron, le colonel HIRSCHAUER, commandant les troupes d’aéronautique militaire à Versailles, accompagné du capitaine ETEVE, visitèrent les terrains qui pourraient convenir à l’installation d’une école militaire d’aviation dans le sud-est de la France. Par courrier du 23 février 1911, le Maire de Lyon informait Monsieur le Préfet du Rhône, que le Ministre de la Guerre envisageait la création d’un aérodrome militaire dans la région lyonnaise, à Bron, par exemple.

Le 15 juin 1911, la Municipalité de Lyon était chargée par l’Etat Français d’une étude pour la création officielle d’un centre d’aviation militaire à Bron. Une rencontre avait lieu, le 17 juin, entre le Maire de Bron, les représentants de la Municipalité lyonnaise et le Conseil d’Administration de l’Ecole Nationale d’Aviation, afin de définir l’implantation de ce centre d’aviation. Des promesses de vente étaient engagées pour quatre hectares de terrain situés au sud-est  du champ d’aviation de Bron.

La promulgation de la loi du 29 mars 1912 constituait l’acte de naissance de l’ aéronautique militaire. Elle consacrait, non seulement, l’existence de l’aviation  aux côtés des quatre armes de tradition, mais elle définissait également son fonctionnement. C’est alors qu’apparaît la notion d’escadrille : un capitaine ayant sous ses ordres sept pilotes, neuf gradés et trente soldats. Les aéroplanes de l’armée sont baptisés «avions» en souvenir de Clément Ader.

Un décret  du 22 août 1912, concernant l’organisation de l’Aéronautique Militaire, créait sept compagnies et dix sections aéronautiques réparties en trois groupes distincts implantés à Versailles, Reims et Lyon.

En date du 23 août 1912, le Conseil municipal de Bron décidait, à l’unanimité  d’appuyer la création d’un centre d’aviation militaire sur le champ d’aviation de Bron. Une somme de 500 francs était versée par la Municipalité de Bron à titre de subvention, renouvelable chaque année.

A l’automne 1912, le Lieutenant Colonel ESTIENNE, Commandant le 3ème Groupe aéronautique, au sein du 14ème Corps d’Armée, avec une compétence territoriale sur neuf régions militaires, installe son Etat-Major au Fort La Mothe (devenu Caserne Sergent Blandan) à Lyon. Ce Groupe Aéronautique  rassemble des unités d’aviation et d’aérostation, dispose de moyens pour la formation du personnel, la création d’installation et pour l’entretien du matériel.

Localement est mis en place, le Centre Aéronautique de Bron sous les ordres du Capitaine CARLIN. De ce Centre dépend :

  • la 31ème Section d’aéronautique sous les ordres du Lieutenant LE BLEU.
  • la 7ème Compagnie d’aéronautique commandée par le Capitaine LEGARDEUR avec pour adjoints les lieutenants CHABERT et MOUCHARD.
  • une Compagnie de volontaires  du Génie destinée à l’aviation.
  • l’aérostation installée au Fort de Bron;

A Bron, les personnels militaires procèdent à l’installation de six hangars d’aviation (appelé couramment «béconard»), approximativement à l’emplacement de l’actuel «hangar 6», et la troupe prend ses casernements dans le Fort de Bron.

En 1912, une vaste campagne nationale, soutenue par les grands journaux nationaux de l’époque qu’étaient «Le Temps» et «Le Matin» aboutissait à la création d’un Comité National d’Aviation présidé par Georges CLEMENCEAU. Une souscription nationale fut ouverte et recueillait, en février 1913, presque quatre millions de francs-or…Cet argent permettait d’équiper les escadrilles en formation dans l’aéronautique militaire. Ainsi, des villes, des régions, des établissements industriels ou commerciaux, des associations souscrivent et leur nom est donné à des avions.

Au sein de la 31ème Section d’aéronautique, deux escadrilles furent créées au printemps 1913:

  • l’escadrille HF 19 (sur avion Henri Farman) sous le commandement du Capitaine VOISIN.
  • l’escadrille MF 20 (sur avion Maurice Farman) sous les ordres du Capitaine GIGNOUX.

Ces appellations d’escadrilles étaient données en fonction du nom du constructeur des avions en service dans celles-ci, et suivies d’un numéro d’ordre en fonction de leur ancienneté.

A chaque avion était affecté un tracteur transportant le mécanicien, le carburant, l’outillage et les pièces de rechange nécessaires pour permettre le maintien de l’appareil  en bon état de marche. Une voiture légère  et un motocycliste assuraient la liaison de l’escadrille avec les unités qui utilisaient ses services. L’escadrille disposait, en outre, d’une section de parc composée de trois tracteurs, d’un camion-atelier et de deux motocyclistes.

Suite à la souscription nationale, voici quelques noms donnés aux avions qui équipent          l’ escadrille HF 19 à Bron :

  • Ville de Vichy, avion Henri Farman n° 85, donateur: Etablissement thermal de Vichy.
  • Ville de Saint Galmier, avion Henri Farman n° 86, donateur : Etablissement thermal de Saint Galmier.
  • Vercingétorix, avion Henri Farman n° 87, donateur : Journal «Le Moniteur du Puy de Dôme».
  • Le Gaulois, avion Henri Farman n° 88, donateur : Société Bergougnan.
  • Jeanne d’Arc, avion Henri Farman n° 89, donateur : Journal «Le Nouvelliste de Lyon».
  • Lyon-Soieries, avion Henri Farman n° 90, donateur : La Soierie Lyonnaise.
  • La Savoie, avion Henri Farman n° 91, donateur : Département de la Savoie.
  • Ville de Dijon, avion Henri Farman n° 92, donateur : Ligue aéronautique de Bourgogne.
  • Dentelles du Puy, avion Henri Farman n° 110, donateur : Arrondissement du Puy.
  • Zénith, avion Morane 9, donateur : Etablissement Rochet-Schneider de Lyon.
  • Ville de Grenoble, donateur : Ville de Grenoble.
  • Ville de Roanne, donateur : Ville de Roanne.

En août 1913, le Centre Aéronautique de Bron est appelé à participer aux grandes manoeuvres de l’Armée de Terre  qui se déroulent  dans les régions du sud-ouest de la France. Le samedi 30 août, une revue a lieu sur le terrain de Bron, 19 avions sont sortis des hangars :

  • 9 Henri Farman de l’escadrille HF 19 devant les hangars en toile.
  • 8 Maurice Farman, un monocoque Deperdussin et un Blériot  de l’escadrille MF 20 devant les hangars en bois.

Les appareils sont présentés au Colonel RENAUX, Chef du 3ème Groupe Aéronautique et au Capitaine CARLIN. Parmi les avions désignés pour ces manoeuvres, on remarque les équipages de l’escadrille HF 19 :

  • Jeanne d’Arc, piloté par le Capitaine VOISIN, Observateur Colonel RENAUX.
  • Vercingétorix, piloté par le Lieutenant FUZIER, Observateur Capitaine MARTIN.
  • Ville de Saint Galmier, piloté par le Lieutenant VILLA, Observateur Capitaine LABOEDERE.
  • Ville de Dijon, piloté par le Maréchal des Logis CLEMENT, Observateur Lieutenant PARFOURA.
  • Ville de Vichy, piloté par le Maréchal des Logis PELLETIER d’OISY, assisté d’un mécanicien.
  • La Savoie, piloté par le Brigadier BLOT, assisté d’un mécanicien.

Partis de Bron, le 1er septembre, les avions firent successivement étapes à Vichy, Montluçon, Bourganeuf, Limoges, Périgueux et Bordeaux avant d’atteindre Agen, le 5 septembre. Le retour eut lieu  par le sud de la France et la Vallée du Rhône.

En novembre 1913, en vue de réorganiser les structures de l’aéronautique militaire, il est envisagé de supprimer le 3ème Groupe Aéronautique de Bron  au profit du 2ème Groupe installé à Dijon. Le projet de départ des escadrilles de Bron pour cette nouvelle affectation, provoqua des lettres de protestation auprès du Gouvernement de la part des personnalités lyonnaises, voire même une interpellation au Sénat, le 27 janvier 1914, de la part d’Edouard HERRIOT.

Le dimanche 22 février 1914, une violente bourrasque détruisit les six hangars en toile, ainsi que les treize avions qu’ils abritaient (les dégâts furent estimés à 300 000 francs-or…).

A partir du mois de mars 1914, les avions  quittèrent Bron :

  • L’escadrille HF 19, commandée par le Lieutenant JOLAIN, rejoignit  le terrain de Toul et fut affectée au 13ème Corps d’Armée.
  • L’escadrille MF 20, sous les ordres du Capitaine GIGNOUX, rejoignit en juillet, le terrain de Dijon-Longvic et fut affectée au 14ème Corps d’Armée.

Au cours de l’été 1914 débuta la Première Guerre mondiale. Ainsi se terminait le premier épisode de l’aviation militaire à Bron.

Les Débuts de l’Aviation Militaire à Bron  (C)  C.A.L.M    08/2013

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