L’UNESCO, vient d’annoncer sa présélection pour l’inscription au Patrimoine mondial:

La Grotte Chauvet (Région Rhône-Alpes) et les Volcans d’Auvergne (Région Auvergne).

« La France vient de retenir les candidatures de la Grotte Chauvet et des Volcans d’Auvergne, pour être présentées à la 38ème session du Comité du Patrimoine mondial ».

Exit la Bourgogne et ses climats, ainsi que la Champagne qui, à n’en pas douter ont les yeux rivés vers janvier 2014 pour une inscription en 2015.

La Bourgogne, pour sa part, forte de ses 50 000 soutiens, regarde donc déjà vers l’avenir.


La Grotte Chauvet

Le dimanche 18 décembre 1994 sur le cirque d’Estre, Jean-Marie Chauvet, conduit ses deux amis Éliette Brunel et Christian Hillaire vers les falaises : un léger courant d’air, émanant d’un petit trou, au fond d’une petite grotte a attiré son attention et il veut en avoir le cœur net. Leur passion à tous trois est la spéléologie, et ils ne comptent plus les découvertes et les premières.

L’après-midi est avancée et la petite cavité, dans laquelle ils pénètrent, est déjà connue, située tout près d’un chemin de grande randonnée. Mais là, derrière l’éboulis, il y a quelque chose c’est sûr, alors ils creusent et dégagent un passage dans lequel ils se faufilent. Ils finissent par surplomber un vide obscur, ils n’ont pas assez de matériel pour continuer.

Ils rejoignent leurs véhicules alors qu’il fait déjà nuit, prennent l’essentiel, hésitent un peu, et finalement, retournent à leur découverte. Ils descendent par leur échelle spéléologique et découvrent une vaste salle au plafond très haut remplie de splendides concrétions scintillantes. Ils progressent en file indienne vers une autre salle, tout aussi vaste, et admirent les inattendues beautés géologiques qui les entourent.

Ils aperçoivent aussi des ossements d’animaux. Ils parcourent presque tout le réseau et sur le chemin du retour, Éliette aperçoit dans le faisceau de sa frontale un petit mammouth à l’ocre rouge sur un pendant rocheux : «  Ils sont venus !  » s’écrie-t-elle et, à partir de cet instant, ils observèrent avec attention toutes les parois, découvrant des centaines de peintures et de gravures.

DR Grotte Chauvet

Leur vie bascula ce jour là. De retour, chez Éliette, ils relatent leur aventure à sa fille qui, ne les croyant pas, les oblige à retourner à la grotte : il est plus de 21 heures, et malgré la fatigue et les émotions, ils cèdent. Ils font d’autres découvertes et ressortent, certes émerveillés, mais aussi avec une certaine anxiété face à tant de responsabilités. Le samedi suivant, la veille de Noël, ils décident de protéger le sol en recouvrant la trace de leurs empreintes d’un lai de plastique, matérialisant ainsi un chemin sacrifié qui sera emprunté par tous, désormais.
Après déclaration de la découverte, Jean-Pierre Daugas Conservateur du Patrimoine à la Direction régionale des affaires culturelles Rhône-Alpes avertit Jean Clottes alors conseiller scientifique au Ministère de la Culture et spécialiste des grottes ornées pour une authentification. Le 29 décembre 1994, sous la conduite des découvreurs, l’expédition est montée.
La préservation:
près avoir pris, dès les premiers jours, une instance de classement à l’inventaire des Monuments Historiques, la grotte fut classée le 13 octobre 1995. L’état engagea ensuite des mesures d’expropriation, dès 1995, après avoir identifié les propriétaires au nombre de trois. L’état devint propriétaire de la grotte le 14 février 1997.
Les premières mesures de protection ont consisté en une surveillance immédiate de l’entrée jour et nuit par la gendarmerie. Puis, une solide porte et un système d’alarme simple ont été placés, avant que n’intervienne le Commandant Cadias, attaché au Ministère de la Culture pour tous les problèmes de sécurité des Monuments Historiques. Une opération d’envergure fut mise sur pied afin de doter la grotte d’un système de fermeture fiable. La grotte est aujourd’hui sous surveillance audio et vidéo permanente et un protocole complexe est requis avant toute entrée. Les personnes autorisées sont soumises à une convention comportementale les obligeant à porter une combinaison et des chaussures qui n’ont pas été en contact avec l’extérieur afin d’éviter au maximum les échanges biologiques avec la cavité.
À l’intérieur, un dispositif de surveillance climatologique et biochimique a été mis en place par le Laboratoire Souterrain du CNRS de Moulis et le Laboratoire de Recherche des Monuments Historiques . Il contrôle en permanence l’hygrométrie et la température ainsi que la bactériologie et les concrétionnements.
Enfin, un programme d’aménagements des abords de la grotte et du cheminement intérieur est actuellement en cours.

Candidature Unesco :
une première étape franchie pour La Grotte Chauvet-Pont d’Arc

Ce 25 janvier 2013, le président de la République François Hollande et le Gouvernement Français ont décidé de présenter la candidature de La Grotte Chauvet Pont-d’Arc à l’inscription sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco.

Cette décision constitue une étape majeure pour cette candidature portée par la Région Rhône-Alpes et le Conseil général de l’Ardèche, en lien avec l’État français et l’Association pour la mise en valeur de La Grotte Chauvet. « Le premier acte culturel de l’humanité qui nous interroge sur notre civilisation et nous renvoie à 36000 ans sera bientôt gravé dans le marbre du patrimoine mondial. C’est une merveilleuse récompense pour les premiers artistes de l’histoire, se félicite le président Pascal Terrasse, député de l’Ardèche. Elle récompense l’engagement et la mobilisation des territoires ardéchois et rhônalpin. Elle s’inscrit également dans le prolongement de la journée du 12 octobre dernier, où 36 000 ans après que nos ancêtres de la Combe d’Arc ont laissé leurs empreintes sur les parois de La Grotte Chauvet, 17 ans après que Jean-Marie Chauvet, Eliette Brunel et Christian Hilaire ont découvert cette cavité exceptionnelle, nous avons posé la première main de l’espace de restitution. Aurèlie Filippetti ministre de la Culture et de la communication présente à nos côtés ce jour-là, a joué un rôle prépondérant dans ce choix ».

Cette présentation du dossier par la France constitue un pas de plus vers une inscription officielle au patri- moine mondial de l’Unesco en 2014. La procédure d’inscription se poursuit désormais avec une phase d’ex- pertise de 18 mois suivi du verdict du Comité du patrimoine mondial de l’Unesco attendu pour l’été 2014.

Pour Jean-Jack Queyranne, président de la Région Rhône-Alpes, cette décision est « une double reconnais- sance, d’abord de la valeur universelle de la cavité et de ses représentations, ensuite de la mobilisation de toute la région. Il s’agit désormais de faire entendre notre désir commun de voir cette aventure aller à son terme pour offrir à notre région son second site classé au patrimoine mondial ».

Hervé Saulignac président du Conseil général de l’Ardèche rappelle que « cette candidature s’inscrit dans un ambitieux projet culurel et territorial. Nous serons fiers fin 2014 de restituer aux Français et au monde ce très grand chef d’œuvre de l’humanité ».

Pour le préhistorien Jean Clottes qui a expertisé la grotte quelques jours après sa découverte et dirigé les re- cherches scientifiques de 1998 à 2006, « cette grotte unique avec ses peintures merveilleuses mérite d’être inscrite à l’Unesco ». Ce joyau présente en effet trois caractéristiques très rarement réunies : l’ancienneté, la qualité de la conservation et la richesse et l’abondance des représentations artistiques : 1000 dessins dont 425 figures animales. La Grotte Chauvet est un trésor remarquablement conservé et donc un objet de recherche inestimable pour les scientifiques du monde entier.

Marc Ladreit de Lacharrière, président de l’Association pour la mise en valeur de La Grotte Chauvet Pont- d’Arc commente enthousiaste : « Nous sommes très heureux que ce trésor de l’humanité ait franchi cette première étape décisive vers sa légitime inscription au patrimoine mondial de l’Unesco ».

En souhaitant inscrire La Grotte Chauvet Pont d’Arc au patrimoine mondial de l’Unesco, les élus, la com- munauté scientifique et l’ensemble des acteurs des territoires de l’Ardèche et de Rhône-Alpes affichent la volonté de mener leur action de protection et de valorisation sur la durée et de transmettre aux générations futures, l’héritage exceptionnel légué par nos ancêtres aurignaciens il y a 360 siècles.

En attendant l’ouverture de l’Espace de restitution, le Grand projet Grotte Chauvet Pont-d’Arc, propose en 2013, dans le cadre d’un partenariat avec le musée du quai Branly, l’exposition Chasses magiques, les arts premiers dialoguent avec La Grotte Chauvet en Ardèche (du 2 juillet au 3 novembre 2013) au Château de Vogüé (Ardèche).

A travers 55 pièces uniques (masques, sculptures, trophées, ornements, armes…, originaires d’Afrique, de Nouvelle-Guinée, d’Australie et d’Amérique du sud), l’exposition invite à voyager entre la pensée religieuse magique et les pratiques de la chasse dans les sociétés préhistoriques.