Droits de douane : Quid des vins et alcools ? (Selon l’analyse NielsenIQ)

15% de droits de douane seront bientôt imposés aux produits européens exportés aux USA. Les vins et spiritueux français vont-ils en pâtir ?

Avec 3.8 milliards d’euros de chiffre d’affaires générés en 2024, les vins et spiritueux sont l’un des premiers marchés français à l’export vers les Etats-Unis.

Deux boissons se distinguent :

  • Le cognac : A lui seul 67% du chiffre d’affaires des spiritueux français en grandes surfaces et liquor stores aux Etats-Unis. 4ème spiritueux étranger qui y est le plus vendu

  • Le champagne : A lui seul 43% du chiffre d’affaires des vins français, tranquilles et effervescents, généré en grandes surfaces et liquor stores américains.

Dans les deux cas, l’enjeu est de savoir en quoi l’application de tarifs douaniers peut impacter les ventes.

Pour cela, regardons d’abord dans le rétroviseur.

Depuis le début de l’année, le prix moyen des cognacs et champagnes a plutôt eu tendance à baisser : -3.3% pour le cognac, de -1.1% pour Veuve Clicquot à -3.3% pour G.H. Mumm sur les champagnes par exemple.

Photographie d’illustration

Il est également intéressant de prendre le benchmark des tequilas mexicaines et des whiskies canadiens, frappés de 25% de droits de douane depuis début avril. Les prix augmentent très légèrement sur les whiskys canadiens et sont même en baisse sur les tequilas, malgré ces droits de douane. Les acteurs semblent donc juguler les hausses pour le moment.

Conséquence : on ne note pas d’effondrement des ventes sur ces deux spiritueux depuis avril.

Ensuite, essayons d’anticiper d’éventuelles baisses du marché US et voir comment les acteurs pourraient rebondir ailleurs.

Dans le cas du cognac, le marché français, 15 fois plus petit et peu dynamique, ne permettra évidemment pas de compenser de fortes baisses à lui seul. Il faudra doper d’autres débouchés, parmi lesquels :

  • Le Royaume-Uni, de très loin le premier marché européen

  • La Chine, vaste marché sur lequel les contraintes pourraient se desserrer si les accords sur l’exemption de droits de douane pour 34 producteurs de cognac et d’armagnac se concrétisent.

Dans celui du champagne, la France, disposant d’un marché domestique beaucoup plus solide que celui du cognac, sera potentiellement davantage en mesure d’absorber un impact venu des Etats-Unis. Mais là encore, d’autres débouchés seront à travailler :

  • Royaume-Uni et Chine sont deux marchés crédibles.

  • On peut y ajouter les pays du Mercosur, marché prometteur, notamment pour les vins tranquilles et effervescents français.

NB : les données de cette étude incluent les ventes en grande distribution (+ liquor stores pour les USA) et s’expriment donc hors circuits on-trade.