C’est avec une grande tristesse que nous apprenons ce matin (9 Août 2012) le décès de Paul Berliet dans sa 94e année. Le nom de Berliet est intimement lié à celui des camions éponymes, dont il a été l’infatigable « VRP de luxe » tout au long de sa vie. A sa famille, ses amis et ses collaborateurs, nous présentons nos sentiments attristés et nos plus sincères condoléances. michel godet – Rédacteur en chef de www.lyon-saveurs.fr

Document Vidéo INA – PBringuier, Jean Claude pour ORTF. Reportage dans la banlieue ouvrière de Lyon avec des images des usines Berliet de Vénissieux, de leurs ouvriers et une interview du chef d’entreprise Paul BERLIET. »19ème rue » : alignement de maisons ouvrières: cité ouvrière de Berliet. Sortie d’usine. Ouvriers mangeant dehors. Jardinier défrichant et ratissant un jardin ouvrier. Cheminées d’usine fumant. Interview de Paul BERLIET (en blouse blanche), directeur des usines BERLIET : « Tout le plan d’expansion de l’usine a été tracé il y a trente ans. Nous produisons environ quarante deux camions par jour, sixième rang mondial…Dans un souci d’efficacité, nous n’utilisons pas le téléphone, cause de perte de temps ». Nombreux plans des ateliers de l’usine.File de camions sortant des ateliers.

Né en 1918, Paul Berliet était le fils de Marius Berliet (1866-1949), lui même fils d’un tisserand lyonnais.

Photos Fondation Berliet DR

Le 10 janvier dernier, lors de la remise de la grande médaille d’or du Mérite et Dévouement français à Paul Berliet qui n’avait pu être présent pour raisons de santé, Paul Berliet avait tenu à s’exprimer grâce à ce message:

«Au soir d’une longue vie qui est loin d’avoir été un long fleuve tranquille, l’éducation aimante et stricte de mes parents, l’enseignement de mes maîtres, la formation reçue à l’Ecole de Haute Montagne de Chamonix  m’ont permis d’avoir des repères et des références irremplaçables dans mon parcours de chef d’entreprise, exercé en ayant le souci des personnes : les clients, les personnels, les peuples des pays en voie de développement».

C’est Jean-Paul de Bernis, Président de l’Académie du Mérite et Dévouement français, qui a remis au représentant de Paul Berliet, Président-fondateur de la Fondation Berliet la Grande Médaille d’Or 2011, en présence de sa famille et du Préfet Carenco.

Au second plan, Alain Mérieux (Gendre de Paul Berliet) et Marc Berliet (Fils de Paul Berliet). Au premier Victoria Brossette, épouse du Président de la Fondation Berliet, Florence Viévard, fille de Paul Berliet, Chantal Mérieux, fille de Paul Berliet, Julie Mignotte, petite-fille de Paul Berliet Photo MG réalisée le 10 janvier 2012 à l'occasion de la remise de la grande médaille d'or du Mérite et Dévouement français

Communiqué de Gérard-Collomb, sénateur-maire de Lyon:

C’est avec beaucoup de tristesse que j’ai appris le décès de Paul BERLIET, la nuit du mardi 7 août 2012. Mes premières pensées vont à ses enfants, à sa famille. Grande figure de l’innovation industrielle, à partir des années 50, M. Paul BERLIET a su par sa vision et sa créativité, assurer avec un brillant succès le développement de l’entreprise de son père Marius Berliet, à tel point que l’entreprise Berliet aura marqué le territoire de son génie dans la mécanique. Paul BERLIET était aimé de tous pour sa bonté, sa générosité, son ouverture aux autres, qualités qu’il a toujours prônées dans son parcours de chef d’entreprise. Avec sa disparition, Lyon perd un représentant d’une des plus illustres dynasties industrielles lyonnaises qui a porté à travers le monde la notoriété de Lyon et de la France.

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Biographie officielle de Paul Berliet (A l’initiative de la Fondation éponyme)

Fondation de l’Automobile Marius Berliet 39 avenue Esquirol  –  Lyon 3e Né le 5 octobre 1918 à Lyon, Paul Berliet vit, dès son enfance, dans l’ambiance des usines créées et dirigées par son père, Marius Berliet. Après des études secondaires, il travaille deux ans dans les différents ateliers de l’usine de Vénissieux, entrecoupés de stages à l’étranger, en Grande-Bretagne. Puis c’est le service militaire qu’il accomplit comme sergent moniteur à l’Ecole de Haute Montagne à Chamonix. Ensuite, c’est la mobilisation dans le 199e Bataillon de Chasseurs de Haute Montagne. Après l’Armistice, il réintègre l’entreprise où la responsabilité des Fonderies lui est confiée. En 1942, il est nommé Directeur Général des Fabrications. La production est maintenue tant bien que mal malgré les pénuries de matériaux et tombe à 4 véhicules par jour jusqu’au bombardement de l’usine en mai 1944. Marius Berliet arrête les productions. En automne, Yves Farge, Commissaire de la République, donne instructions  à Paul Berliet de redémarrer les usines. L’usine est mise sous séquestre et dotée d’un administrateur provisoire, Marcel Mosnier. En septembre 1944, Automobiles Marius Berliet est devenue un enjeu politique ; Marius Berliet et ses enfants  sont  dépossédés de l’entreprise. Pendant plusieurs années, en dépit de décisions de justice, de la grève des cadres et techniciens qui demandent en 1947 l’arrêt de « l’Expérience Berliet », ce n’est qu’en novembre 1949 que l’arrêt du Conseil d’Etat qui rend l’entreprise à ses légitimes propriétaires sera appliqué. Nommé en 1954 Directeur Général Adjoint de la Société Anonyme des Automobiles Marius Berliet, il s’attache à développer moyens et méthodes qui permettront à l’Entreprise de passer progressivement d’une cadence quotidienne de  17  véhicules  en  1950  à  une capacité de 140 véhicules par jour, d’un effectif de 7 500 personnes à 23 000 à fin 1974 et à hisser une Société régionale à un niveau international. Dès 1957, il se tourne vers les pays neufs : il fonde une usine en Algérie et au Maroc ; en 1959-60, il lance deux missions scientifiques et économiques à travers le Ténéré. C’est encore avec des pays en voie de développement, Chine, Cuba, Pologne, etc., que sont conclues des conventions d’industrialisation, d’assistance, de formation. En 1962, il accède à la Présidence de la Société des Automobiles Marius Berliet, succédant à Emile Parfait, nommé en 1949. La même année, est créé le Centre d’Etudes et de Recherches. Paul Berliet conduit une politique de décentralisation dans la région Rhône-Alpes en rapprochant  les usines des bassins d’emploi (Bourg-en-Bresse/Ain – Saint Etienne/Loire – L’Arbresle/Rhône – Chambéry/Savoie – Saint Priest/Rhône). Il signe en 1967 un accord d’association avec Automobiles Citroën qui appartient au Groupe Michelin. Il conserve sa fonction de Président directeur général d’Automobiles Marius Berliet. Il est coopté en qualité d’Administrateur de Citroën S. A. En décembre 1974, les Pouvoirs publics procèdent à la restructuration de l’industrie automobile française et imposent à Michelin de céder la Société Automobiles M. Berliet à la Régie Nationale des Usines Renault. En 1978, la Régie Nationale des Usines  Renault fusionne sa propre filiale poids lourd Saviem avec Berliet qui devient Renault Véhicules Industriels dont Paul Berliet est nommé Vice-Président. En 1982, il crée la Fondation de l’Automobile Marius Berliet reconnue d’utilité publique. Elle a pour objet la sauvegarde et la valorisation du patrimoine automobile de la région Rhône-Alpes et de l’histoire du camion, car, bus de l’ensemble des marques françaises. Il cède la présidence de la Fondation Berliet à son neveu – petit-fils de Marius Berliet – Philippe Brossette fin 2008 et devient Président-fondateur. En 2011, la Fondation Berliet dispose d’une collection  de 300 véhicules dont près de 200 sont restaurés, d’un Centre d’Archives de 300 000 documents consultables par les chercheurs. Paul Berliet, marié en 1942, veuf depuis 1988, est père de 4 enfants qui lui ont donné 13 petits-enfants et 12 arrière-petits-enfants. Il est Officier de la Légion d’Honneur depuis 1975 et Commandeur des Arts & Lettres depuis 1992 et a reçu la Grande Médaille d’Or 2011 de l’Académie du Mérite et du  Dévouement Français.. Rappelons que Paul Berliet a créé le Comité France – Chine en 1975, l’a présidé et animé jusqu’à fin 1983, date de son départ en retraite. Jusqu’à ses derniers moments, les autorités chinoises lui ont toujours témoigné admiration et respect en sa qualité de « vieil ami de la Chine » Lyon, août 2012