Fonds unique et avenir de la PAC : l’AREV alerte sur un tournant préoccupant pour l’agriculture européenne

Communiqué officiel

Bruxelles, le 16 juillet 2025

 

L’AREV a pris connaissance avec une profonde inquiétude de la proposition de budget 2027–2034 présentée par la présidente de la Commission européenne.

Ce projet marque une inflexion majeure qui affaiblit la Politique agricole commune (PAC), remet en cause ses fondements et accroît la fracture entre l’Union européenne et ses territoires ruraux.

Des choix budgétaires et politiques lourds de conséquences

Les faits sont clairs :

  • Une réduction de près de 21 % du budget alloué à la PAC ;
  • L’intégration de la PAC dans un Fonds unique, diluant sa spécificité et son autonomie ;
  • Une renationalisation rampante, via une approche fragmentée « à la carte » menaçant la cohérence européenne.

À un moment où le monde agricole appelle à plus de lisibilité, de stabilité et de reconnaissance, cette proposition semble privilégier une logique expéditive au détriment d’une vision pragmatique et unificatrice.

Franck LEROY, président de l’AREV, déclare :

« Ce texte porte un coup dur à l’agriculture et à la viticulture européennes. Il efface soixante ans d’ambition commune au profit d’une dilution progressive de la PAC. L’agriculture ne peut devenir une variable d’ajustement dans un budget globalisé. Où est passée l’ambition européenne pour la souveraineté alimentaire ? »

Alors que 482 milliards d’euros seraient nécessaires pour maintenir le niveau de la PAC tel qu’il était en 2020, la Commission n’en propose que 302. Cette coupe drastique envoie un signal alarmant sur la place de l’agriculture dans les priorités européennes.

Photo illustration – Vignoble de Jongieu © michel godet

Une politique affaiblie et déséquilibrée

Le cadre de performance proposé repose uniquement sur 32 indicateurs environnementaux et sociaux, ignorant les piliers économiques et stratégiques de la PAC, notamment en matière de souveraineté alimentaire.

L’ajout du principe « Do No Harm » et d’une double conditionnalité (27 systèmes nationaux + priorités climatiques transversales) introduit une complexité qui menace la cohérence et l’équité du dispositif.

Une renationalisation de fait

La suppression d’un cadre agricole commun solide et lisible ouvre la voie à des politiques nationales disparates, au détriment de la cohésion et de la solidarité européenne.

L’AREV exprime sa profonde préoccupation face à cette orientation et appelle les États membres et le Parlement européen à refuser cette dérive.

Des points de vigilance majeurs :

  • La priorité annoncée pour « ceux qui en ont le plus besoin » risque d’exclure de fait de nombreux producteurs actifs ;
  • Le maintien des aides couplées est salué, mais leur encadrement flou ouvre la porte à des distorsions de concurrence ;
  • La construction d’une politique de gestion des risques est nécessaire, mais les modalités de fonctionnement de la réserve de crise (6,3 milliards €) doivent être précisées rapidement ;
  • La digitalisation de l’agriculture est citée comme priorité sans accompagnement budgétaire concret ;
  • La mention possible de la viticulture ou du tabac parmi les « secteurs nuisibles » est inacceptable et scientifiquement infondée ;
  • Enfin, l’effacement programmé de la DG AGRI constitue un signal négatif fort quant à la reconnaissance des spécificités de l’agriculture européenne.

L’AREV appelle à une réécriture complète du projet.

« Il est encore temps de bâtir une PAC ambitieuse, solidaire, équitable et pleinement européenne – au service des agriculteurs, des citoyens et de la souveraineté alimentaire de l’Union », conclut Franck Leroy.

 

Ndlr En clair le monde du vin est inquiet quant à son avenir