Dans le grand livre de sa vie, Eric Obeuf clos le chapitre professionnel après un quart de siècle passé sur les bords du Rhône, au Sofitel Lyon Bellecour.

« C’est une décision mûrement réfléchie et calculée » insiste celui qui marquera l’histoire de l’hôtellerie et de la vie lyonnaises, tant il est vrai que tout ce qui se déroule d’important  entre Rhône et Saône passe par le Sofitel.

Né à Tunis le 6 mars 1949, d’un père nordiste et d’une mère corse, Eric Obeuf passe sa jeunesse à Saint-Tropez et fourbit ses premières aventures hôtelières à l’Hôtel de Paris, grâce à un ami  de son père qui envisageait pour lui une carrière dans la fonction publique. Loin de lui cette idée, c’est un diplôme de gestion hôtelière obtenu à Paris qui lui mettra le pied à l’étrier.

Eric Obeuf comptabilise un quart de siècle au service du Sofitel Lyon Bellecour !

L’hôtel Coburg à Londres, l’hôtel Excelsior à Cologne, l’ouverture  du Byblos à Saint-Tropez,  le  Plaza Athénée à Paris sont de formidables écoles pour celui qui rentre dans le groupe Accor en 1974.

Lucien Chapat sera son mentor au Sofitel Lyon Bellecour de 1976 à 1980 avant de passer par les Sofitel de Nantes, Porticcio ou encore Mineapolis.

Il est de retour à Lyon en 1989, non plus comme sous-directeur, mais comme directeur général cette fois pendant 21 ans.

Durant toutes ces années, il ne cesse de faire de l’Hôtel lyonnais de référence un must dans les domaines de l’hôtellerie comme de la restauration. « Il y a toujours un os à ronger » insiste-t-il avant d’énumérer quelques unes des missions qu’il a su mener à bien.

Sans doute la tenue du G7 (Juin 1996) et la « réquisition » de l’hôtel par la Maison Blanche et Bill Clinton resteront des pierres blanches gravées à jamais dans sa mémoire. De la voiture bourrée d’électronique basée en permanence devant l’hôtel aux groupes électrogènes de sécurité installés derrière sans oublier les portiques de sécurité, tout était aux couleurs du Stars and Stripes du drapeau américain, y compris un duty free shop installé dans le salon Ampère !

De cette visite présidentielle placée sous le signe de la sécurité, Eric Obeuf garde particulièrement en mémoire le jour du départ de Bill Clinton, quand celui ci lui a demandé de poser avec tout le personnel de l’hôtel.

Eric Obeuf et son successeur Silvio Iacovino avec une partie du personnel du Sofitel Lyon Bellecour

La vie du Sofitel ce sont également de nombreux investissements pour mettre encore et toujours sur le devant de la scène un établissement qui affiche depuis peu cinq étoiles. « Vous connaissez beaucoup de groupes ou d’établissement qui ont été capables d’investir 6,5 millions d’euros dans les deux dernières années et en pleine période de crise ? »

Nouveau patio, nouveaux bars, nouveaux restaurants sans parler des chambres, le Sofitel affiche une classe internationale de plus en plus affirmée.

Autre challenge pour Eric Obeuf, celui de l’accession du restaurant gastronomique dans la reconnaissance du Guide Rouge. Une course à l’étoile, menée pendant quatre années, contre vents et marées, par le chef exécutif Alain Desvilles et son équipe en collaboration avec Alain Senderens. La première étoile récompense en 2005 cette excellence gastronomique et panoramique, sans pour autant renier l’histoire de cette belle maison.

Sans ne jamais oublier d’où il vient Eric Obeuf reste un ami fidèle, un patron juste mais exigent et surtout un homme de terrain qui veille toujours au moindre détail. « Les petits détails font les grandes maisons » lui a si souvent répété Lucien Chapat.

Lyon regrette déjà ce grand professionnel, n’en prenons pour preuve que tous ses amis qui sont venus lui rendre hommage le 30 juin dernier lors de sa soirée d’adieu. Pour ne citer que le Sénateur-Maire de Lyon, qui lui a rendu un vibrant hommage, Gilles Pélisson, le président du Groupe Accor, Jean-Michel Daclin, adjoint au maire de Lyon qui lui a remis la médaille d’honneur de la ville, sans oublier tout le personnel et ses nombreux amis.

Jean-Michel Daclin, Gérard Collomb, Silvio Iacovino, Eric Obeuf, la directrice de la marque Sofitel et le directeur régional

C’est donc les yeux chargés d’émotion qu’Eric Obeuf a remis les clefs du Sofitel à son successeur, Silvio Iacovino. Âgé de 42 ans, marié et père de trois enfants, ce dernier originaire d’Italie arrive du Luxembourg où il avait en charge le Sofitel Grand Ducal.

Eric Obeuf a présenté son successeur, Silvio Iacovino et son épouse

Que va faire à présent ce jeune retraité ?

« Je vais en corse à côté du Sofitel Porticcio pas très loin du maquis ! » conclut-il ému en fermant définitivement cet important chapitre professionnel.

Mais connaissant ses compétences et son amour du métier, on ne voit pas Eric Obeuf prendre le maquis trop longtemps. On le verrait bien faire du conseil, pourquoi en hôtellerie internationale … A suivre.

Michel Godet

Des ambitions internationales pour Lyon

Pour Eric Obeuf, Lyon doit énormément à Paul Bocuse

Le directeur du Sofitel Bellecour  a toujours dit ce qu’il pensait. Une qualité qu’il a tenu une nouvelle fois à assumer en donnant sa vision internationale de l’agglomération lyonnaise.

« Je voue une estime et une admiration particulières à Paul Bocuse qui a toujours su animer de très nombreuses manières cette ville à commencer par la création du Bocuse d’Or. Il est l’un des véritables fers de lance de la ville. A ce propos, pour moi Lyon n’est pas un ville internationale, juste une ville moyenne européenne ! »

Et de citer quelques exemples qui chagrine le jeune retraité:

Cette gare de Saint-Exupéry, presque toujours vide et qui fait penser à Il était une fois dans l’Ouest,

Ces lignes aériennes Lyon New-York qui n’arrivent jamais à décoller d’une manière pérenne. L’inexistence de liaisons aéreinnes directes pour l’Asie,

Le départ du Grand Prix de Tennis de Lyon pour Montpellier, qui coûte* à l’hôtel 700 nuitées et plus de 300 repas,

ou encore la mise en place tardive (cet été) d’une liaison ferroviaire entre le centre de la ville et l’aéroport.

Au travers de ces remarques amères, on le comprend facilement, pour Eric Obeuf l’international est le vrai moteur du développement d’une capitale, fusse-t-elle régionale !

*Sofitel Lyon Bellecour, CA 2009 13 millions d’euros. Le chiffre d’affaires moyen, hors période de crise, avoisinant les 16 à 18 millions d’euros, la plus belle année ayant été 1998.