Après une semaine de polémique, le Ninkasi souhaite réagir à la vive émotion qu’a provoqué la programmation du concert du groupe « Death in June » le 29 octobre dans sa salle du Kao. Date interdite par le Préfet du Rhône depuis vendredi 25/10.

Pour lire le communiqué préfectoral CLIC !

Nous sommes aujourd’hui attristés par la polémique et l’annulation du concert de « Death in June ».

Nous nous questionnons sur la déontologie de ceux qui ont utilisé des titres racoleurs pour créer et alimenter une polémique qui ne vise qu’à dresser les gens les uns contre les autres.

Souvent, leurs propos accusateurs sont mal documentés et ne font preuve d’aucune trace de recherche sur la démarche artistique de Death In June.

Nous nous permettons de reprendre ici les termes d’un fan :   « J’ai 20 ans, j’écoute Death In June depuis mes 15 ans, je ne suis pas devenu nazi, je suis devenu communiste et intéressé par l’Histoire.

Death In June ne fait pas de propagande, interroge simplement le public de manière intelligente sur son rapport aux images et à l’Histoire. De manière générale, Death in June est un groupe qui n’a jamais rien dit et voilà ce qui trouble.

Il ne dit pas Bien ou Mal, il dit que ces choses existent et s’interrogent sur leur pouvoir, le pouvoir du mot et le pouvoir de l’image. C’est aussi une position qui se rapporte à l’esthétique Punk et à la recherche du franchissement de tabou qui fonde ce mouvement ».

Le groupe depuis le début de leur carrière, il y a 30 ans, parle des mots et des symboles de l’histoire qui ont un poids et qui se répètent indéfiniment.

Nous nous questionnons sur le discours de ceux qui n’ont pas hésité à reprendre cette polémique pour tenir un discours moralisateur. Pourquoi ne pas laisser les gens décider par eux-mêmes plutôt que de leur dire, ce qu’ils doivent voir ou ne pas voir, écouter ou ne pas écouter.

Nous n’acceptons pas l’ordre moral, le politiquement correct que l’on cherche à nous imposer.

Il est diffamatoire de dire, comme cela a été repris sur beaucoup de sites internet, que le Ninkasi accueille un groupe qui fait l’apologie du Nazisme et de Klaus Barbie.

La polémique lancée par la presse a donné lieu à un lynchage sur les réseaux sociaux. Certaines associations qui défendent de nobles causes ont participé par manque de discernement, à ce déferlement de violence et de menaces.

Ce groupe a joué à Tel-Aviv, sommes-nous plus lucides que les Israéliens qui accepterait sans sourciller qu’un groupe vienne dans leur capitale faire l’éloge du National Socialisme ?

D’anciens musiciens du groupe sont Juifs, le groupe affiche ostensiblement sur scène le drapeau de la communauté homosexuelle lors de concerts en Russie où l’on sait qu’elle est la situation de cette communauté. On peut se demander de quel côté se  trouvent l’obscurantisme et la provocation dans cette polémique.

Pour finir, plus que jamais le projet culturel que porte le Ninkasi reste d’actualité :

« Ninkasi est un lieu de vie et de brassage populaire qui favorise la pluralité des formes et des pratiques artistiques afin de soutenir et d’incarner la diversité culturelle. Ce travail est vital pour conserver une expression plurielle et régénératrice. Ce projet est fondé sur une conviction profonde que les musiques actuelles peuvent contribuer à l’ouverture de nos horizons de pensée. En ce sens, elles sont perçues comme un vecteur de tolérance, d’ouverture sur le monde et de rencontre avec l’Autre. À cet égard, elles apportent une contribution importante au lien social et au vivre ensemble ».

Communiqué du Ninkasi Kao, ce 29 octobre 2013

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Communiqué de Steelwork :

Depuis quelques jours, et encore plus depuis quelques heures, nous assistons à un déferlement de mensonges scabreux, répétés, déformés ad nauseam, auquel nos droits de réponses ne peuvent rien puisqu’ils sont systématiquement censurés.
L’ampleur de la polémique concernant la tournée française de Death In June que nous organisons, nous oblige à remettre les pendules à l’heure, face à des extrémistes qui utilisent la menace de la violence pour faire annuler des concerts par des maires obnubilés par leur image et avec l’aide complice de médias qui se contentent de copier-coller des informations sans rien vérifier ni sans consulter les personnes directement concernées – le groupe, le public, et nous, organisateurs.
S’il y a bien une chose que nous dit le groupe depuis le début c’est que les mots et les symboles de l’histoire ont un poids et qu’ils se répètent indéfiniment. Ce qui se passe actuellement en est l’exemple le plus flagrant, sous la pression d’une poignée de personnes, fermées au dialogue et enchaînées dans une culture de haine et de violence, les mairies et salles de Paris et Cognac ont décidé d’annuler la venue de Death In June, sous le prétexte que le groupe ferait l’apologie du national-socialisme ou autre fascisme. Mais nous sommes bien obligés de constater que les seuls qui usent de méthodes fascistes sont ceux qui veulent interdire le groupe : menaces, chantage, propagande, etc… Tout le cortège nauséabond est présent, tout ça pour interdire in fine la tenue d’une manifestation culturelle. Si notre mémoire est bonne, au regard de l’histoire, les régimes politiques qui qui se comportaient de la sorte, sont ceux-là même que ces groupuscules tendent à vouloir combattre.
Mais qu’en est-il vraiment ?

Est-ce que Death In June fait de la politique (sur scène ou dans les textes) ? La réponse est non, mille fois non.
Est-ce que Death In June s’est rendu coupable de déportation durant son existence ? Non.
Death In June expulse-t-il des ressortissants étrangers ? Non.
Death In June milite-t-il pour une quelconque suppression d’acquis sociaux, la délocalisation d’entreprises,  ou la mise au ban de la société d’un groupe d’individus (de race, de sexualité ou de confession différente) ? Non, Death In June fait de la musique, juste de la musique. Death In June s’est toujours refusé de dicter aux auditeurs ce qu’ils devaient penser, Death In June ne dit pas ce qui est bien ou ce qui est mal, Death In June nous renvoie juste au constat de nos sociétés et de notre histoire. Et c’est tout, malheureusement dans le contexte actuel, où nous sommes obligés de prendre position sur tout et n’importe quoi, un contexte actuel où les pensées iconoclastes sont devenues source de suspicion, dans le moindre des cas ; le positionnement de Death In June dérange. Et il devient donc urgent de l’interdire, et cette vague d’interdictions et de pressions s’opère sous le pouvoir d’un gouvernement socialiste, qui pourtant se drape, dès que l’occasion se présente, du blanc sein de la liberté d’expression, et de la sauvegarde de la culture, qu’elle soit populaire ou institutionnelle. Et pourtant ce sont bien des élus de la république de cette mouvance qui ont pris la décision de censurer, d’interdire, quand bien même le terreau de leur mouvement se trouve dans l’esprit de mai 68 et son fameux slogan « il est interdit d’interdire » … sauf quand c’est eux qui le décident finalement.
Par contre, on nous dit à longueur de colonnes que les concerts seront interdits, mais rien concernant une hypothétique poursuite vis à vis de groupuscules qui menacent impunément l’ordre public. Avouez que l’ironie est saisissante.
A ceux qui font pression sur les salles de concert et sur les municipalités, nous leur demandons, qui est fasciste ? Vous ne valez pas mieux que Civitas s’en prenant à l’exposition ‘Piss christ’, que ceux qui s’en prenaient à Orelsan pour son titre ‘Sale P*te’ accusé de ‘sexisme’, que Christine Boutin s’attaquant au Hell Fest. Pourquoi ne faites vous pas un autodafé avec les disques de Death In June?
Donc qui est fasciste ? Death In June ? Ou celles et ceux qui usent de la menace pour interdire une manifestation culturelle en faisant plier les élus de la république ?
Dorénavant, et malheureusement, nous savons quelle est la réponse.

Et nous savons aussi que la liberté d’expression est définitivement enterrée dans ce pays, il serait donc urgent qu’un artiste, subventionné et adoubé par l’état, planche sérieusement sur un projet de statue en sa mémoire.

« Ci-gît, la liberté d’expression. »
NOUS, organisateurs, assumons nos idées : nous sommes de gauche, favorables à une Europe sociale et solidaire. Nous n’avons aucun problème de conscience. Mais nous n’avons définitivement rien en commun avec ces élus, et ces groupuscules. Nous, organisateurs, sommes farouchement opposés à toute forme de censure sur une manifestation artistique, quelle qu’elle soit. Et nous méprisons toute forme de violence exercée envers quiconque pour des raisons ethniques, sexuelles, religieuses ou politiques.
Le public de Death In June? Il est adulte et conscient. Capable d’avoir ses propres opinions, sa propre réflexion par rapport au propos de Death In June, et il n’est pas moins diversifié que la population de ce pays – sexuellement, politiquement, ethniquement.
Quant au groupe, qui a joué à Tel-Aviv, qui a joué à Moscou en arborant le drapeau de la communauté gay, dont on trouve dans l’entourage proche des ex-collaborateurs juifs, un tourneur américano-iranien, un producteur afro-américain…  il est capable de s’exprimer par lui-même :
« I am a musician and I do not involve myself in politics and I refuse to be forced into becoming involved in politics. When the German Goth group Das Ich suddenly attempted to politicize a Christmas Festival in Hamburg, Germany in 1992, Death In June, along with another English group and Projekt Pitchfork from Germany, decided to drop out and not to become involved in what was after all local politics. We wrote, signed and distributed a joint statement explaining our decision, abhorring all forms of violence directed at anyone regardless of race, religion or sexuality.” – Douglas Pearce
“Death In June was named after I thought I heard a colleague say those words during our first recording session in 1981. It was an accident of mishearing. I have said this in countless interviews over the years since. It is merely post-rationalization to assume it refers to any one particular event, historic or otherwise. A common interpretation was that it referred to the assassination of Arch Duke Ferdinand in Sarajevo in June 1914. It didn’t, and doesn’t refer to anything else than ‘Death In June!’
Before becoming a musician I was a student of 20th century history, as is clearly stated in the whole interview with Zillo magazine in 1992. Apparently a small quote is taken out of context from this interview referring to my interest in Ernst Roehm. I cannot see how one cannot be interested in events and personalities that led directly, or indirectly, to the biggest tragedy of the 20th century World War II.” – Douglas Pearce
…au sujet du titre “C’est Un Rêve » :
“C’est Doug qui l’a écrite, je ne sais pas ce qu’il en pense. Pour moi, c’est comme un livre que j’ai lu sur des jeunes américains qui n’ont jamais fait de mal à personne et qui vont au Vietnam et deviennent des meurtriers. Ils tuent alors qu’ils n’auraient jamais été capables de cela. C’est toujours facile. Mais il faut voir le contexte. Il y a un Klaus Barbie en chacun de nous” – Patrick Leàgas
“C’est un rêve ne concerne pas spécialement Klaus Barbie. Son nom est plutôt utilisé d’une manière symbolique. Il y a beaucoup  de gens comme Barbie, il n’a rien de spécial, il s’est juste trouvé du côté des perdants et il a été attrapé. Les gens n’aiment pas penser que sous plusieurs d’entre eux se cache un nouveau Barbie. Nous n’avons qu’à regarder en Afrique, en Amérique du Sud ou même en Irlande du Nord pour trouver des exemples contemporains. Barbie est le miroir auquel nous ne pouvons faire face.
Toutefois, la conduite de la résistance française durant la guerre fut-elle si irréprochable? Je ne le pense pas. Il y a plusieurs points d’interrogation qui planent sur la conduite de la France après sa capitulation et sa libération. Néanmoins, je pense que ce procès fut une déception car les questions les plus générales d’humanité n’ont pas été développées.  Plus de 50 000 français et françaises ont été exécutées après la guerre pour faits de collaboration. Était-ce là l’œuvre d’une société dite ‘humaine’? Je crois que ce cas de conscience ne s’est posé que pour l’Europe de l’Ouest. Combien de gens Klaus Barbie a-t’il tué ou torturé? Aucune importance car je pense qu’il est indubitablement coupable. Mais la France est-elle pour autant innocente?” – Douglas Pearce
Il faut également préciser que, par exemple, lors de la Révolution Libyenne, le texte de ce titre joué en concert était devenue « Où est Kadhafi » au lieu de « Où est Klaus Barbie ».
Lorsque l’armée américaine jetait le corps de Ben Laden dans l’océan, le texte, encore une fois en concert, devenait, avec une pointe d’humour très noir, « Où est Ben Laden, Il est dans la mer, il est dans la mer noire » au lieu de « Il est dans le cœur, il est dans le cœur noir »…
Faut-il supposer que Death In June chante également leur gloire?
« leur logo est une Totenkopf (le logo des SS) à peine trafiquée »
« C’est vrai que beaucoup de gens ont une fausse vision de Death in June. Mais je pense que le public a compris. Ce sont souvent les médias qui ont déformé notre image : ils ont trop Souvent vu Death in June superficiellement. Ils n’ont pas cherché à approfondir réellement… Quant aux gens qui nous prennent pour des nazis, nous n’avons rien à leur dire. Ils pensent ce qu’ils veulent. Cela nous intéresse beaucoup de savoir et voir tout ce qu’on a pu faire aux gens par le nazisme, mais cela ne veut pas dire que nous sommes nazis. Nous ne le sommes pas! » Douglas Pearce
« sur l’album « Brown book », ils reprennent l’hymne nazi tel quel (le Horst Wessel Lied) »
« quelles idées peuvent émerger dans un jeune cerveau – même si en 2013 les amateurs du début du groupe doivent plutôt tourner autour de 45/50 ans – qui entendrait ces paroles: « Déjà pleins d’espoir par millions ils regardent la croix gammée » ?
(DIJ- Brown Book – Horst-Wessel-Lied) »
“The fact that I am homosexual as was Ernst Roehm was another point of interest that led to a song ‘Brown Book’ written in 1986, before German unification, which uses the Horst Wessel Lied to create the atmosphere to a narration juxtaposing the homophobia of a Nazi stormtrooper to the suicidal fatalism of his sexual partner, a Jewish grandmother. The song evokes Germany, 1936. The title comes from the name of the book the Communist authorities of former East Germany kept listing ex-members of the N.S.D.A.P. and S.S. etc. and their positions held in government and other work places in West Germany. A thought provoking song with many contradictory themes which is typical of Death In June.” – Douglas Pearce
“ou sur une autre encore, le mot « Heil », allusion au salut nazi. »
Mensonge… Si l’on retrouve le mot « Heilige », ou le titre « Hail the white grain » (Hail étant le nom d’une rune), il n’y a pas de salut nazi. Tout comme le groupe n’a jamais fait de salut nazi sur scène. JAMAIS.
« Je n’ai plus d’intérêt dans la politique des masses mais plutôt dans celle des individus. Je trouve risible que ceux qui expriment leurs inquiétudes pour les masses, les races ou les nations opprimées me suggèrent à moi ou à n’importe qui d’autre d’améliorer la vie. Ils devraient commencer avec leur propre misérable existence! L’imagerie est un conglomérat de styles européens puissants que nous trouvons très attrayants. Cependant si des gens préfèrent choisir le côté fasciste plutôt que le côté fétichiste de cela alors c’est leur choix » – Douglas Pearce
« Je n’ai rien à voir avec le National Front de ce pays. Je me fous de l’ignorance et du fanatisme. La plupart de ses membres sont les gens les plus stupides de la population : mais une fois de plus, combien de personnes valent encore quelque chose dans la population anglaise ? Pas beaucoup. Ce n’est pas une question de couleur de peau mais d’une mentalité, de façon de se comporter en tant qu’homme, et très peu comprennent ceci. Je pense qu’aujourd’hui, il y a de plus en plus de gens inhumains, d’existences inhumaines, et ce sont ceux-là qui prennent le dessus. Les gens intelligents vont être de plus en plus minoritaires. Et pour eux ce sera de plus en plus dur d’exister dans ce monde que nous connaissons actuellement. Le National Front est fondé sur des émotions rudimentaires : la peur, le fanatisme et les préjugés » Douglas Pearce
Enfin, on nous ressort également les vieilles histoires de Tony Wakeford, qui aurait soi-disant été membre du BNP. Tony Wakeford a quitté Death In June en 1984, des suites de son adhésion au NF (et non pas le BNP). 20 ans après il s’est expliqué à ce sujet :
“Many years ago I was a once a member of the National Front. It was probably the worse decision of my life and one I very much regret. However, I have no connection with, sympathy for, or interest in those ideas nor have I had for around 20 years. A number of friends and musicians whom I work with (including my wife of 8 years), my bass player, my percussionist and engineer/producer, would be at best discriminated against or at worse dead if a far-right party took power. None of the artists I work with hold such views either, and I doubt they would want to work with me if they thought I did. I am willing to discuss this matter privately with friends and associates and with those who are genuinely interested in my music or wish to work with me. However, this is the last public statement I plan to make on the subject. I am too fat to jump through hoops for people.
In the end people will either have to believe me or not.” – Tony Wakeford
Quant à Boyd Rice, même si là n’est pas le sujet, quitte à le citer comme collaborateur de Death In June, nous aurions pu aussi nous aussi sortir moult photos, mais une simple recherche dans «Google Images » sur le nom de ‘Boyd Rice’ affichera des photos du personnage en compagnie des Delfonics, de Johnny Cash, de Marilyn Manson, d’Anton La Vey, etc… parfois en uniforme noir, mais pas d’uniforme nazi…
Boyd Rice est un provocateur iconoclaste, le genre qui se fait arrêter par les services secrets de la Maison Blanche alors qu’il tente d’offrir la tête d’un mouton décapité à la Première Dame des États-Unis (à l’époque, la femme du Président Gerald Ford) sur un plateau d’argent. Concernant son machisme outrancier, il faudra poser la question à son épouse…

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