Savoir manger, c’est manger en gastronomie

Posted: 18 Jul 2020 09:17 AM PDT

1. Et si savoir manger, c’était manger de façon analytique ? Les dysfonctionnements alimentaires,  qu’il s’agisse d’obésité ou de d’anorexie, mais aussi les mille déviations possibles, semblent être associées un manque de réflexion  ou de rationalité : on mange, mais on ne se demande pas ce que l’on mange ni pourquoi l’on mange.

2. J’ai l’impression que l’on gagnerait, à ce propos, à évoquer,  analyser et synthétiser.

3. Analyser d’abord, bien sûr, parce que c’est seulement quand l’analyse a été faite que la synthèse peut l’être. L’analyse, c’est de ne pas manger, mais de s’interroger sur ce que l’on mange, par exemple si l’on est face à un œuf dur mayonnaise, suivi d’un steak avec des frites, puis de camembert avec du pain,  et d’une mousse au chocolat (pour ne pas évoquer le repas anthologiques des Barbouzes).
Pour chaque élément, on peut donc s’interroger : s’interroger sur le plat lui-même, puis, remonter de la préparation finale aux ingrédients, puis des ingrédients à leur production, sans oublier le raisonnement qui a conduit à utiliser certains ingrédients particuliers pour obtenir une telle préparation.

4. Considérons donc cet objet qu’est l’œuf dur mayonnaise. Quand est-il apparu  dans l’histoire de la cuisine ? Comment le produit-on ? Quelles sont les variations régionales, locales, particulières aux cuisiniers ? Et pour l’oeuf dur mayonnaise, il y a l’oeuf dur, et la mayonnaise. Pour chacun, à nouveau les questions précédentes… mais aussi mille questions « gastronomiques » : historiques, donc, géographiques, mais aussi chimiques, physiques, biologiques, littéraires, artistiques (au sens de l’art culinaire)… & j’en oublie ! Là, il est la question de la cuisson des oeufs durs & celle de la préparation de mayonnaise.

5. Pour la mayonnaise, par exemple, il y a lieu de s’intéresser aux circonstances de son apparition, sans doute empirique à partir de la rémoulade. Mais il faut aussi  considérer sa confection, et s’interroger sur sa redondance avec l’ œuf dur.

6. Et puis, il y a les ingrédients qui la constituent : l’oeuf, mais aussi le vinaigre, ce qui suppose d’avoir du raisin et du vin. Et l’huile, qui suppose d’en disposer même dans les régions les oliviers ne sont pas présents.

Je m’arrête dans l’analyse, parce que ma démonstration est faite : manger, c’est manger en culture, en « gastronomie » !