Suite à la découverte de deux bombes la semaine dernière sur la plateforme aéroportuaire de Lyon-Bron, des opérations de déminage ont permis ce matin (jeudi 8 août 2013) de désarmorcer ces engins explosifs américains en toute sécurité, qui comportait chacun près de 30 Kg d’explosif.
Nous profitons de ce fait divers pour vous narrer l’histoire du bombardement de l’aéroport de Bron, pendant la dernière guerre, grâce au CALM (Cercle aéronautique Louis Mouillard) et à son bienveillant président, Philippe Treillet.
Qu’il en soit ici sincèrement remercié, ainsi que tous les membres actifs du CALM.
Michel Godet
–
Le CALM lance un site consacré à l’aviation en région Rhône-Alpes
A l’heure où l’aviation connaît un fulgurant développement, où l’homme rêve de conquêtes spatiales de plus en plus lointaines, un cercle d’amis, tous professionnels ou proches de l’aéronautique, a décidé de rendre hommage aux pionniers de l’aviation.
Le 20 octobre 2000, a vu le jour sur l’aéroport de Lyon-Bron le Cercle Aéronautique des Amis de Louis Mouillard « CALM » du nom de ce lyonnais (1830-1897), Louis Mouillard.
L’observation plus particulièrement des pigeons ramiers, l’inspira sur les techniques aérologiques basiques qui, associées au moteur, ont donné les avions d’aujourd’hui.
Il fallait donc rendre hommage aux Français, aux Rhônalpins, aux Lyonnais à qui l’on doit ces inventions et rappeler aux générations actuelles ce qu’elles représentent pour notre monde moderne.
Depuis le 2 mars 2012, sur l’aéroport de Lyon-Bron, une nouvelle équipe d’amis anime le Cercle Aéronautique Louis Mouillard « CALM », qui se doit de promouvoir la mémoire des pionniers de l’aviation et des événements s’y rapportant en utilisant les moyens modernes d’information.
Cela s’est concrétisé par la création d’un site Internet traitant de l’histoire de l’aviation en région Rhône-Alpes. On y retrouve des informations sur les grands noms de l’histoire aéronautique de la région (Raymond de Montgolfier, Augustin Rey, Louis Mouillard ou encore Robert Esnault-Pelterie pour n’en citer que quelques-uns).
Une initiative intéressante, les débuts de l’aviation n’étant pas souvent représentés sur Internet, et encore moins à une échelle régionale.
LOUIS MOUILLARD CALM CERCLE AERONAUTIQUE LOUIS MOUILLARD
Philippe TREILLET
Président du CALM
BOMBARDEMENTS ALLIES SUR L’AERODROME DE BRON
Bombardement du 30 avril 1944
Dans le cadre de l’ «Opération 329», la 8th Air Force lance, depuis les bases en Angleterre, 232 B 17 (Forteresses volantes) et des chasseurs d’accompagnement pour les bombardements des terrains d’aviation de Lyon-Bron et de Clermont-Aulnat, et 52 B 24 (Liberator) contre un objectif situé dans le Pas de Calais.
Les appareils sont répartis en deux formations. Celle destinée à bombarder Bron quitte la base de Selsey Bill, près de Portsmouth à 8h 30. Dans la région du Mans, une vingtaine de Fw 190 allemands tentent l’interception de la formation, mais les chasseurs d’ escorte du 78th Fighter Group engagent le combat. Entre 10h 41 et 10h 55, les bombes tombent sur le terrain d’aviation de Bron. Durant 14 minutes, 114 B 17 des 91, 92, 303, 305, 606, 379, 381 401 et 457th Bomb Groups larguent 555 bombes de 1000 lb à grande puissance d’une altitude comprise entre 6000 et 7000 mètres. Le rapport d’opération qualifie ce bombardement de «très bon».
Sur le chemin du retour, les B 17 sont à nouveau attaqués par les chasseurs allemands, mais les chasseurs d’escorte ne peuvent empêcher qu’un bombardier soit abattu dans l’ouest de la France.
Tout au long du trajet aller et retour, entre leurs bases d’Angleterre et leurs objectifs, 13 groupes d’avions de chasse américains assuraient la protection des bombardiers.
Pendant ce temps et probablement pour disperser la chasse ennemie, plusieurs reconnaissances armées furent lancées sur la région lyonnaise et la vallée du Rhône.
Après avoir participé à l’escorte des bombardiers qui sont intervenus sur la base aérienne de Bron, les P 51 «Mustang» du 4 Fighter Group effectuent diverses missions d’opportunité sur la région lyonnaise et la vallée du Rhône:
- attaque du poste électrique de La Boisse (Ain), au cours de laquelle le Ju 86 E, Wnr 0245 de la Ln.Sch.4 de Bron est abattu, dans son approche de Bron. On retire six corps carbonisés et un blessé grave des débris de l’appareil qui s’est écrasé au quartier de Saint Martin à Miribel (Ain). La victoire est attribuée aux pilotes : Lt. Leo LONG, Lt Monroe SHELTON et Major Waclaw «Mike» SOBANSKI, d’origine polonaise, du 334th Fighter Squadron appartenant au 4 Fighter Group
Waclaw SOBANSKI est né le 29 juillet 1919 dans une famille de Varsovie. Il est blessé en 1939 alors qu’il combattait dans l’infanterie. Originaire d’une région annexée par l’occupant, il essaye d’obtenir un visa pour l’étranger avec l’aide sa famille. Il arrive aux USA au cours de l’été 1940, puis vient au Canada pour s’engager dans la RAF, mais il ne réussit pas aux examens. Très courageux, il réussit néanmoins à suivre un entraînement au pilotage, et en mai 1942, il est incorporé au 132 puis 164 squadron de la RAF. Mais devenu citoyen américain, il est transféré à la 8 Air Force pour être affecté au 334 squadron du 4 Fighter Group à la mi avril 1944. Il trouve la mort à sa seconde mission le jour du débarquement en Normandie. Il était crédité de 51 missions de guerre. Ses camarades se souviennent de lui comme étant un bel homme parlant anglais avec un fort accent polonais.
- quatre hydravions LeO 242 d’Air France mouillés sur le plan d’eau du Grand Large à Décines (69) sont mitraillés et coulés par les appareils du 336th Fighter Squadron
- sur le terrain d’aviation de Saint Rambert d’Albon (Drôme), une vingtaine de Bloch 152 dépourvus de leurs hélices, et disposés par la Luftwaffe à titre de leurres, sont mitraillés.
- lors du mitraillage du terrain d’aviation de Valence-Chabeuil (Drôme), le P 51 Mustang du 2nd Lieutenant Frederick W.GLOVER, touché par les tirs de la Flak, s’écrase au sol sur le territoire de la commune de Beaumont-Monteux (Drôme). Le pilote indemne est recueilli par la Résistance locale et sera dirigé vers l’Espagne. Le pilote sera de retour à son unité, le 28 mai.
La base aérienne de Bron est en grande partie détruite. On ignore les pertes en vies humaines des miliaires allemands qui l’occupent, mais il n’y avait pas d’unités opérationnelles stationnées.
Dans le voisinage de la base aérienne, il y a 21 maisons détruites, 24 endommagées et 47 légèrement détériorées, dont l’église Saint Denis de Bron et le groupe scolaire Ferdinand Buisson. On déplore seulement 2 brondillants tués.
Suite aux bombardements du 30 avril 1944 sur la base aérienne de Bron, les pertes alliées sont les suivantes:
D’après un rapport de la Luftwaffe, les chasseurs de la JG 2 revendiquent avoir abattu, entre 11h 30 et 12h 15, six B 17 dans la région d’Orléans et avoir perdu quatre chasseurs. Ces pertes sont: B 17, serial 42-107012, appartenant au 407 Bomber Squadron du 92nd Bomber Group, crashé dans la région d’Orléans, B 17, abattu dans la région d’Aubigny, quatre B 17 abattus dans la région d’Orléans.
Par ailleurs, l’aviation américaine revendique 8 B 17 endommagés.
Dans les rapports alliés de cette journée, on note la perte du B 17 G-35-DL, serial 42-107012
L’appareil s’écrase, vers 11h 30, près de Viglain à 7 km au sud-est de Sully sur Loire dans le Loiret par 37°50’Nord et 02° 17′ Est.
L’équipage se composait : 1st Lt CAMPBELL John C, O-747376 pilote, ; 2nd Lt REGAN Joseph F, 0-816693 co-pilote; 2nd Lt KITT Murray, O-814338 navigateur; 2nd Lt WILSON Joseph B. O-679267 bombardier; S/Sgt POWERS William J, 32732538c mécanicien navigant; Sgt WERNETH Harry W, 13045228 mitrailleur ventral, Sgt ANGELILLO James J, 3276843 mitrailleur latéral droit ; Sgt ADAMS Jr. George, 39121194 mitrailleur latéral gauche, Sgt MAGNANI George F, 32863098 mitrailleur arrière; S/Sgt WELLS John E, r37655867 radio.
Sept corps carbonisés sont retirés des décombres de l’appareil (CAMPBELL, WERNETH, ADAMS et MAGNANI sont inhumés au Cimetière américain d’Epinal, POWERS, ANGELILLO, WELLS sont inhumés aux USA).
Le co-pilote REGAN qui a sauté en parachute a atterri au sud de Tigy (Loiret) est recueilli par la Résistance locale, puis traverse la France pour passer en Espagne à Hendaye et regagner Gibraltar et l’Angleterre;
Le navigateur KITT et le bombardier WILSON qui ont également sauté en parachute sont faits prisonniers. MACR n°4466
Bombardement du 14 août
Le bulletin météorologique indiquait que les conditions météo de base seraient mauvaises tôt le matin en s’améliorant vers 8 heures. Les conditions nuageuses devaient être claires à peu nuageuses sur la France, et deviendraient très nuageuses plus tard dans l’après-midi. A la suite de cette prévision, il fut décidé que les unités aériennes de la 8th Air Force stationnées en Angleterre attaqueraient des objectifs sur la France et en Allemagne.
Ces unités se voyaient assigner, parmi bien d’autres missions, l’attaque de l’aérodrome de Lyon-Bron avec un effectif de deux escadres, l’objectif secondaire étant le complexe industriel du Creusot. Ce Groupe de bombardement se voyait affecter pour accompagnement un groupe de P 47 Thunderbolt et deux groupes de P 51 Mustang.
Entre 11h 43 et 11h 51, 108 B 17 du 14th Bomber Wing (44 et 392 squadrons) et du 95th Bomber Wing (489 et 191 squadrons) de la 8th Air Force, larguent 1813 bombes de 100 lb, 494 bombes de 500 lb et 1142 bombes de 100 lb. incendiaires sur le terrain d’aviation de Lyon-Bron.
Il semble que le but de ce bombardement soit la destruction de la piste bétonnée et de l’infrastructure aéroportuaire à l’est de l’aérodrome.
Les Allemands eurent recours à des requis civils et à des détenus politiques, extraits de la prison Montluc à Lyon, pour combler les entonnoirs causés par l’explosion des bombes. Les journées des 17, 18 et 19 août virent l’exécution sommaires de 109 patriotes détenus politiques, juifs pour la plupart, qui furent jetés dans les trous de bombes. Un monument, en bordure du Fort de Bron, commémore leur mémoire.
Soyez cool, partagez cette information:
Voila un article très intéressant sur d’aérodrome de BRON . Il semble que ces obus de la dernière guerre soient encore très nombreux sur le territoire français.
Merci.