De Lyon à Avignon, avec six départements, 171 communes et 40 000 hectares de vignobles, les Côtes du Rhône dessinent largement le paysage viti-vinicole régional et même national.

Avec ses 33 appellations (17 en Côtes du Rhône Villages et 16 en Crus ou appellations communales), sans compter les deux vins doux naturels Muscat de Beaume de Venise et Rasteau, chaque jour près de un million de bouteilles de CdR sont consommées quotidiennement dans le monde.

Parmi tous ces flacons, quelques uns sonnent plus particulièrement à nos oreilles. Côte-Rôtie, Château-Grillet, Hermitage ou encore Cornas en particulier parce que leurs qualités, comme leur présence sur les tables étoilées du monde en font des vins de choix.

C’est pourtant sans compter sur des appellations moins connues, voire plus discrète comme celle de Lirac.

Regardant de l’autre côté du Rhône les Châteauneuf-du-Pape, jouxtant Tavel et à situé à quelques kilomètres au nord-ouest d’Avignon, le cru Lirac se veut sobre et discret, à l’écart des grandes routes menant vers le Sud, mais bien implanté sur ses trois terroirs avec plus de 700 hectares en production. Pour mémoire, Lirac peut s’enorgueillir d’avoir été le premier cru des Côtes du Rhône à avoir produits des vins dans les trois couleurs, rouge, blanc et rosé.

Son classement ne date pourtant pas d’hier, puisque c’est en 1947 qu’il a obtenu ses lettres de noblesse et que son histoire remonte au XVIe siècle, d’aucun parlant même de vignes dès l’occupation romaine !

Aujourd’hui, quatorze négociants, cinq coopératives, cinquante cinq caves particulières en constituent l’ossature avec une production annuelle de 20 000 hectolitres essentiellement en vins rouges (83%), vendue pour plus de moitié (57%) à l’exportation.

Le chef lyonnais Luc Minaire (Le Musée) avec quelques vigneronnes et vignerons du Cru Lirac

Un cru aussi expressif que concentré

Les Lirac, vins les plus méditerranéens de la Vallée du Rhône, se jouent d’un terroir et d’un climat qui leur procurent une spécificité affirmée, certains parlant même de pépite.

Garrigue, soleil, terres arides (Eboulis calcaires, hautes terrasses alluviales et sables fins du tertiaire) et mistral séchant rapidement les faibles précipitations contribuent à cette typicité, tout en lui procurant de nombreuses facettes.

En moyenne de 35 à 42 Hl/ Ha, le rendement est raisonnable pour les principaux cépages que sont Grenache noir, Syrah, Mourvèdre et Cinsault en rouge. Grenache blanc, Bourboulenc, Clairette et Roussanne pour les blancs.

En bouche, équilibre, puissance et richesse aromatique ne masquent pas cependant une belle élégance, souvent teintée d’une délicate rusticité qui donne une finale avec beaucoup de fraîcheur.

Ce style Lirac, à l’image de ses vignerons et viticulteurs, se veut engagé, humble, mais aussi et surtout passionné. Un style qui n’hésite pas maintenant à sortir du bois avec un nouveau logo, une nouvelle bouteille et une affirmation ayant valeur de slogan : « Lirac, depuis 1947 ! »

Michel Godet

Avec nos remerciements à l’ODG Lirac et à InterRhône

Mets et vins

Si nous avons bien noté le blanc avec des Saint-Jacques  à la crème d’échalotes et poireaux au confit de vin, les petits farcis provençaux avec un rosé, nos préférences se sont tournées vers le rouge pour accompagner les lyonnaiseries militantes de Luc Minaire (Bouchon le Musée à Lyon), pour ne citer que sa terrine, ses quenelles ou encore ses andouillettes.

Plus méditerranéen, un filet de bœuf chaud à cœur, mais encore rouge, avec ses légumes poêlés, laqué au romarin avec un confit de vin est un vrai bonheur. Simple et gourmand.

Un flacon

Clos de Sixte – Lirac Rouge 2010

Domaine Alain Jaume Grand Veneur– Orange

Cépages : 50% Grenache noir, 35% Syrah et 15% Mourvèdre

Rendement 30 Hl/ Ha

Méthode de vinification :

Vinification traditionnelle en cuves inox

Vendange éraflée et foulée. Température de fermentation contrôlée à 30°.

Cuvaison de 18 jours avec pigeages

Terroir :

Vignobles en coteaux et plateaux sur 20 Ha

Sol de nature argilo-sablonneux recouvert de galets roulés

Le vin présente une robe rouge rubis intense, un nez très fruité (mûre sauvage, kirsch…). Sa structure tannique marquée est équilibrée, malgré un charnu bien marqué. La bouche quant à elle est ample, suave avec des arômes épicés, teintés de fruits rouges également.

La longueur en bouche se plait de plats cuisinés à base de viandes, mais aussi d’un beau plateau de fromages de petite expression.

Prix départ cave : 13,20€

Servir à 18°, garde de 2 à 8 ans.

Alain Jaume est le président de l’appellation LIRAC

Bœuf braisé aux carottes, avec un Lirac Rouge

Pour 8 personnes / Ingrédients :

  • 2 kg de paleron lardé et ficelé
  • 1/2 pied de veau
  • 2 kg de carottes
  • 4 oignons
  • 1 morceau de couenne fraîche
  • 50 g de beurre
  • 3 cuil. à soupe d’huile
  • 1 bouquet garni
  • 30 cl de vin blanc sec
  • 1 tablette de bouillon de volaille
  • sel et poivre du moulin

Préparation :
Préparez du bouillon en diluant la tablette dans 30 cl d’eau très chaude.

Faites chauffer le beurre et l’huile dans une cocotte et faites revenir la viande sur toutes les faces.

Égouttez-la, jetez le gras de cuisson, mettez la couenne dans le fond de la cocotte, posez le rôti dessus, mouillez avec le vin et le bouillon, ajoutez le pied de veau et le bouquet garni, couvrez et laissez mijoter 1 h 30.
Pelez les carottes et les oignons, coupez-les en grosses rondelles et ajoutez-les dans la cocotte après 1 h 30 de cuisson.

Salez et poivrez. Couvrez à nouveau et poursuivez la cuisson à feu doux pendant encore 1 h 30.
Servez la viande découpée et entourée des carottes sur un plat de service.

Demandez à votre boucher de larder le paleron avec du gras de jambon cru et de le ficeler avec 3 tranches de lard demi-sel sur le dessus.