Sur la centaine de métiers en alimentation, éligibles au titre de Meilleur Ouvrier de France, celui de MOF Poissonnier Ecailler n’est pas le plus médiatique.

Depuis cette édition 2011, qui vient à peine de se terminer fin mai dernier, cette catégorie « Poissonnier Ecailler » comporte quatre lauréats de plus, dont deux à Lyon. Louons cette réussite et félicitons Cédric Bejaoui (Lyon 2è), Jean-Luc Vianney (Lyon Croix-Rousse), David Gomes (Bagnères-de-Bigorre 65) et Arnaud Vanhamme de Paris.

Si la finale du concours qui leur a permis d’obtenir le titre envié et mérité de « Un des meilleurs Ouvriers de France » s’est déroulée le 13 avril dernier au Marché de Rungis, voila plus de deux années que les candidats ont démarré la course au titre.

Pour Cédric Bejaoui, arborant le col Bleu Blanc Rouge sur sa veste de poissonnier, ces deux années resteront marquées dans son existence. Joie, doute, persévérance, remise en question de soi, nuits d’insomnie, découragement, essais, essais et encore essais, recherche d’informations, de conseils ont parsemés malgré tout vingt quatre mois d’abnégation. Dans sa petite poissonnerie de la rue Vaubecour (Lyon 2è), à 38 ans il se remémore cette histoire, qui est devenue « La belle aventure de sa vie ».

« Ce sont mes filles qui m’ont poussé à faire le concours ! »

Cela mérite explication. En effet, il y a trois ans Lyon a accueilli l’exposition nationale du travail à la Cité internationale, présentant les chefs d’œuvre et autres réalisations de Meilleurs Ouvriers de France. Une exposition superbe qui a reçu entre autre la visite de plusieurs milliers d’écoliers et lycéens, dont les filles de Cédric (12 ans, 9 ans et 7 ans). Et c’est en rentrant à la maison que ces dernières lui ont dit « Papa tu dois faire ce concours ».

Dont acte pour le poissonnier dans ses murs depuis cinq années maintenant. Une histoire qui fera sans aucun doute plaisir à Gabriel Paillasson, pâtissier avec deux titres de MOF à Saint-Fons, président fondateur de la Coupe du monde de pâtisserie et cheville ouvrière de cette exposition lyonnaise et dont la transmission du savoir est l’une des priorités.

©Photo CB et buffet de Cédric Bejaoui

On connait la suite. Comme les autres candidats, neuf sur dix neuf au départ, Cédric Bejaoui s’est donc retrouvé confronté à lui même pour les épreuves finales le 13 avril à Rungis. Auparavant, il avait réalisé un dossier écrit sur cinq produits halieutiques. Saint-Pierre, sandre, seiche, cigale de mer et couteau.

L’épreuve orale d’une demi-heure passée, en début de cette journée bien pleine, il lui a fallu réaliser un certain nombre de « buffets étalages » afin de présenter les produits qu’il avait sélectionnés, préparés et mis en valeur sur le thème unique des tropiques.

Un étalage avec des produits transformés (Rôtis, paupiettes …), un buffet de fruits de mer pour huit convives, un étalage de présentation de poissons que Cédric avait amené en camion réfrigéré et représentant une valeur d’achat d’environ 4 000,00 € !

©Photo CB et buffet de Cédric Bejaoui

Les critères de notation sont nombreux et souvent éliminatoires. Ce concours ne laissant place à aucune approximation. Sélection, choix, qualité ou encore fraîcheur étant quelques uns de ces critères.

La journée du 13 avril a été longue pour ce stéphanois d’origine installé à Lyon, d’autant que les résultats ne sont plus communiqués à présent en fin de concours. Alors quand le téléphone sonne et que le facteur vous apporte la bonne nouvelle, inutile de vous dire la joie que vous éprouvez.

Avec beaucoup d’émotion et de retenue, mais tout en dissimulant sa fierté, Cédric est fier de son titre qu’il n’a pas encore affiché, ni du logo tricolore non plus qu’il n’a pas encore apposé sur sa vitrine. Il attend sans doute le mois de juillet, à l’issue duquel il aura refait son magasin. « Mon banquier est beaucoup plus compréhensif avec moi maintenant pour mes projets ! » lance-t-il en apparté.

©Photo CB et buffet de Cédric Bejaoui

Et puis après ce qu’il appelle « sa belle aventure humaine » qui lui a permis avec les autres candidats de vivre un partage humain extraordinaire dans une « belle entente cordiale », comme une expérience professionnelle unique, Cédric Bejaoui dédie ce titre à ses filles, tout en souhaitant déjà transmettre son savoir, continuer d’apprendre et aider les futurs candidats à se lancer dans ce qu’il nomme « le projet d’une vie ».

On compte à présent dix professionnels qui ont le titre de MOF Poissonnier-Ecailleur, dont deux à Lyon.

Michel Godet

NB Merci de prendre note que les photos qui illustraient jusqu’à ce mercredi 15 juin cet article, ne correspondaient pas au travail de Cédric Bejaoui. Avec nos excuses. Les bonnes photographies sont en ligne depuis le jeudi 16 mai.

Cédric Bejaoui

Poissonnier Ecailler (Un clin d’œil à son jeune poissonnier Sébastien)

6 rue Vaubecour Lyon 2è (A côté de la place Antoine Vollon)

Téléphone 04 72 41 08 50

Ouvert du Mardi au samedi de 8h00 à 12h45 et de 16h00 à 19h30. Fermé le dimanche et lundi en été. Ouvert le dimanche matin en saison.

Né à saint-Etienne et âgé de 38 ans, Cédric Bejaoui est marié et papa de trois filles. Le VTT est l’une de ses passions.

Il a débuté en passant un CAP de charcutier-traiteur à Lyon, métier qu’il a effectué pendant treize ans  aux Petites Halles des Brotteaux  où il réalisait des plats traiteurs à base de poissons.

Photographie d'illustration DR

Ayant pris goût aux produits halieutiques, il décide de quitter le « charcutier traiteur » et rachète en 2005 la plus vieille poissonnerie actuelle de Lyon qui affiche quelques 120 années au compteur.

Sans pour autant omettre de continuer à réaliser des plats traiteurs à base de poissons, comme chez Gaston Moreau avant (Bouillabaisse, brandade de morue, opéra de saumon, terrine de poissons, quenelles au brochet, salade de fruits de mer …)

Qualité des produits, fraîcheur,  arrivages quotidiens restent et demeurent ses priorités pour conseiller ses clients exigeants de toute la ville. Avec ses trois ports de prédilection, La Rochelle, Quiberon et St-Gilles-Croix-de-Vie et ses amis pêcheurs, il n’est donc pas en peine de proposer lottes, soles, bars ou encore saumons qui sont très en vogue actuellement.

Photographie d'illustration DR