Le GIE «Les Producteurs du Goût », vient d’être classé numéro 1 de l’appel d’offres lancé en 2011 par la ville de Lyon, pour la reprise de la Halle de la Martinière (Lyon 1er), soit une superficie de 432 mètre-carrés.

Situé dans un quartier en devenir, les halles construites en 1838 par l’architecte René Dardel sont sans doute le plus vieux marché couvert lyonnais. Malgré une rénovation à minima en 2004 par la ville, les vicissitudes autant structurelles qu’économiques ont entraîné sa fermeture récemment. Et Gérard Collomb d’ajouter « Depuis des temps ancestraux il y a eu des difficultés dans cet endroit. Il y a donc nécessité à présent d’un projet fort ».

Le projet mené par le GIE, outre son aspect architectural résolument orienté vers la transparence sur rue avec de larges vitrines surmontées de jalousies et un pigeonnier faisant office de puits de lumière, s’inscrit en plein dans une volonté consistant en mettre en avant des producteurs locaux en circuits courts (Donc avec des tarifs au plus juste), pour ne citer que ceux de fruits et légumes, essentiellement AB (Agriculture Biologique) et en agriculture raisonnée. Sans oublier viandes et fromages par ailleurs. On ne devrait donc pas voir des fraises poussées hors sol et provenant de la région de Duerne.

Il est vrai que les trois entités, avec une responsabilité solidaire et indéfinie, composant le GIE créé pour soutenir ce projet se nomment Saveurs du coin, Coteaux du Lyonnais et Robin des champs (sept producteurs de céréales). cet ensemble représentant ainsi une centaine de producteurs de la ceinture lyonnaise. De quoi proposer un approvisionnement locavore dans l’air du temps, insiste Pascal Guichard-Favrin, maraîcher à Caluire-et-Cuire et responsable du GIE, tout en mettant en exergue les notions de produits frais et de saison. Il est vrai aussi que des fraises en hiver ou des poireaux en été interpellent toujours  le consommateur attentif !

Pascal Guichard-Favrin

Au delà de ce projet, c’est bien l’objectif de soutenir une production locale qui est en jeu, tout en pérennisant  quelques exploitations agricoles.

Sur l’organisation, la nouvelle structure de ce marché couvert – et ouvert sur l’extérieur tout à la fois -, sera organisée autour d’échoppes individuelles, comme de «corners», sans parler des espaces centraux dédiés à la petite restauration.

Pour une plus grande transparence !

Sur le fond, cette organisation d’échoppes éphémères médiévales dans la Halle, qui ne sont pas du reste sans rappeler ce qui se faisait sur les ponts au dessus de la Saône reliant le Vieux Lyon, s’organisera ainsi:

Les producteurs, qui ne sont pas les vendeurs, livrent leurs produits et 24 salariés embauchés par le GIE, travaillant sous la houlette d’un responsable, vont les commercialiser, comme dans une surface de vente traditionnelle, de style supérette (432M2). Certes les producteurs viendront périodiquement pour réaliser des animations autour de leurs produits. L’idée est donc d’instaurer une épicerie associative qui soutiendra donc une production locale, tout en mettant en adéquation la qualité des produits vendus et celle du projet lui-même.

Question intendance, les négociations vont actuellement bon train entre les notaires pour une signature définitive prochaine d’un bail emphitéotique de 35 ans entre la ville de Lyon et le GIE.

Sous l’égide de l’architecte Denis capitan et Bâtiments de France, les travaux devraient débuter au premier trimestre 2013 (mars ?) pour une livraison fin de la même année ou début 2014. A n’en pas douter le sénateur-maire de Lyon souhaiterait fermement que l’inauguration ait lieu le 8 décembre 2013 et il l’a même demandé officiellement !

Le budget de ce projet est valorisé à 1,7 million d’euro (1,2 m pour la réhabilitation et 0,5 pour l’aménagement intérieur) et le CA prévisionnel avoisinnera 1,380 million d’euro la première année. L’idée étant de trouver un équilibre entre le loyer et la rénovation du bâtiment remarque le maire.

Le sénateur-maire de Lyon trinque avec les producteurs des Coteaux du lyonnais au démarrage et à la réussite de ce projet

La superficie de 432M2 avec trois façades transparentes comportera, outre les échoppes, une zone technique de stockage à l’arrière avec une façade borne. Les initiateurs de l’opération souhaite également que cette halle soit un lieu d’approvisionnement local incontournable pour les restaurateurs. Une idée peut-être difficilement réalisable, tant il est vrai que les chefs de cuisine s’y rendent de moins en moins, comme par le passé, les fournisseurs individuellement en en groupe effectuent des livraisons directes aux clients des CHR, pour ne parler que de la Halle de Lyon Paul Bocuse. Cela reviendrait alors à faire d’une partie de cette halle un spot de semi-gros, ce qui n’est pas de la volonté du GIE.

Quant à la restauration collective, des accord existent déjà avec des producteurs proches, pour une consommation responsable et locavore.

Parallèlement, la nouvelle Halle de la Martinière va s’inscrire dans le cadre d’un projet de rénovation visant à redynamiser ce quartier, très proche des nouvelles berges de Saône

Seul regret dans ce dossier, l’association des anciens commerçants  « Halle’ Mart » arrivée en N°2, devant la Communauté du Goût et Casino, qui est dépitée de ne pas avoir été retenue dans cet appel d’offres. En d’autres termes, la prime est sortant n’a pas fonctionné.

Quant aux vins, si l’on se réjouit de voir les Coteaux du lyonnais sortir de l’ombre, on aurait cependant aimé une pluralité vineuse à Lyon, capitale mondiale de la gastronomie, installée au centre de nombreuses régions viti-vinicoles. Peut-être ont-ils été plus rapides à la détente que les autres ?

Michel Godet Photos M. Godet et Cab D. Architectes


GIE Les Producteurs du Goût

Saveurs du coin: 65 exploitations

Coteaux du lyonnais: 23 opérateurs potentiels de cette AOC

Robinson des champs, Victor le boulanger avec 7 producteurs de céréales pour une petite restauration de style bouchon avec mâchons et une offre de produits à consommer sur place tout au long de la journée.

Animations récurrentes:

Café des riverains chaque 1er jeudi du mois, banquet des voisins, animations et dégustations annuelles et mini ferme sur la place attenant.


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La commission d’appel d’offres était composée de Mesdames Gay, M.O. Fondeur, I. D. Gleizé, Messieurs Kimelfeld, Ph. Grillot, un représentant de la CMA et l’ABF (Architecte des bâtiments de France).

Elle a statué sur des critères techniques et architecturaux, économiques et relatifs à l’offre juridique et financière.