Ci-joint un article rédigé par Paul Mathevet dans le cadre du Cercle Aéronautique Louis Mouillard (CALM) en hommage à René Lecot, disparu il y a juste 80 ans.

René LECOT était journaliste, chroniqueur et chef de la rédaction sportive du Nouvelliste
Entre les deux guerres, Le Nouvelliste était un grand quotidien lyonnais de droite alors que Le Progrès était à l’époque un journal de gauche.
François LECOT, père de René, était un restaurateur connu à Rochetaillée sur Saône. De plus, il pilotait pour le compte de Ctroën, la toute nouvelle Traction-Avant Citroên en réalisant des raids entre Paris et Saint-Raphaêl
René et François LECOT étaient dans les années 1936 – 1938 des grandes figures de la vie lyonnaise
Pour les 80 ans de la mort de René Lecot, la publication de cet article lui rend hommage en toute simplicité.
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Il y a 80 ans, à Saint-Bonnet-le-Froid (Haute-Loire),

René LECOT, journaliste et pilote lyonnais,

disparaissait dans un accident d’avion

Il y a 80 ans, le 25 septembre 1936, c’était jour de foire à Saint Bonnet le Froid. La localité connaissait une animation inhabituelle. Sur le coup de midi, le regard les badauds, qui déambulaient dans le village, se porta vers un avion qui tournait dans le ciel de Saint-Bonnet-le-Froid, et dont le moteur avait des ratées. Puis, le moteur s’arrêta et l’on vit l’appareil descendre vers le sol.

Le pilote avait aperçu un terrain favorable pour un atterrissage forcé, à 1 500 mètres du village, près du hameau ‘Le Méallier’. Les témoins ont vu l’avion rouler au sol, une aile labourant le pré, puis après avoir défoncé une barrière, se renverser. L’appareil est complètement détruit , les ailes sont détachées, le sol est jonché de débris de ferrailles.

De nombreuses personnes se portent au secours du pilote qui a été projeté au sol à 30 mètres de son appareil. Le pilote est conscient, mais il est gravement blessé: une jambe brisée, fracture du bassin et un morceau de fer lui a perforé l’artère fémorale. Transporté dans l’église de Saint-Bonnet-le-Froid, le pilote expire une demi-heure plus tard.

Le pilote est René Lecot, âgé de 29 ans, marié et père de deux enfants. En ce mois de septembre 1936, comme sergent-chef et pilote de réserve à la base aérienne 105 de Bron, René Lecot effectue une période au centre d’aviation de Fréjus/ Saint-Raphaël. A l’issue de sa période, on lui propose de convoyer vers Lyon, un avion de chasse Nieuport-Delage 62 qui sort de révision. Sur le trajet de Saint-Raphaël à Lyon, le temps est très orageux sur la vallée du Rhône, aussi le pilote semble vouloir éviter cette zone en se déportant à gauche de sa route.

C’est ainsi, que ce 25 septembre 1936, René Lecot trouve la mort aux limites de la Haute-Loire et de l’Ardèche.

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Poto DR

Ses funérailles à Saint-Bonnet-le-Froid furent grandioses : le monde sportif et journalistique lyonnais, les pilotes du centre d’entraînement des réserves de Bron, les amis de François Lecot, son père, hôtelier-restaurateur à Rochetaillée-sur-Saône et fervent propagandiste de la toute nouvelle traction-avant Citroën, étaient présents.

Plusieurs témoignages locaux à Saint-Bonnet-le-Froid perpétuent la mémoire du pilote René Lecot :

sur le lieu de l’accident, ses amis journalistes et pilotes offrirent une croix en fer forgée placée sur un petit bâti en pierres avec plaque commémorative inaugurée en 1937 par le Capitaine Armand Viguier. De nos jours, la croix est d’origine, mais le soubassement a été refait et la plaque a disparu.

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Photo DR

Dans un recoin au fond de l’église, une plaque commémorative en marbre offerte par les paroissiens est scellée au mur.

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Photo DR

Le sergent-chef René Lecot, décoré de la Médaille militaire et cité à l’ordre de l’Armée de l’Air, repose dans le cimetière de Collonges-au-Mont-d’Or (Rhône).

René Lecot, né le 14 avril 1907 à Collonges au Mont d’Or, est le fils de François Lecot, hôtelier à Rochetaillée sur Saône, et de Marie-Antoinette Durand.

Son père, François Lecot est très connu pour ses nombreux raids automobiles afin de promouvoir la toute nouvelle traction-avant de Citroën.

A 14 ans, jeune adolescent, René prit à l’atelier paternel l’amour de la mécanique. Le sport automobile le captivait, à bord d’un racer Bugatti avec son père, il tournait sur le circuit du vélodrome Tête d’Or. Puis, René se lança dans le cyclisme et sur les conseils judicieux des as lyonnais, il se lança dans la compétition. On trouve son nom en bonne place au palmarès du Premier Pas Dunlop 1924 et de quelques autres courses. Pour rester en souffle, il esquisse quelques combats de boxe.

A 18 ans, il passe son permis de conduire, et à l’été 1925, participe à la caravane du Tour de France cycliste. Puis, René Lecot obtient une bourse pour l’école de pilotage de Chalon-sur-Saône, où il est breveté pilote. Il effectue son service militaire dans l’aviation où il se fait remarquer pour sa téméraire hardiesse, jamais imprudente. Il est envoyé à Istres pour suivre les cours de l’école d’acrobatie, puis affecté au Groupe de chasse ‘Les Sioux’ basé à Bron et, commandé par le Capitaine Battesti. C’est l’époque où il fait trembler d’effroi sa jeune et charmante fiancée en faisant du rase-motte sur la Saône et à passer sous le pont de Fontaines-sur-Saône. Pris en flagrant délit, son brevet de pilote lui est retiré. Mais au vu de ses qualités de pilote, son brevet lui est rapidement rendu et, en témoignage de sa brillante conduite, il obtient les galons de sergent.

Au retour à la vie civile, René Lecot continue à voler pour son plaisir. Il hésite à faire carrière dans l’Aviation, mais on lui propose de participer à la rédaction du journal ‘Lyon-Sports’

En avril 1929, il prend la direction des services sportifs du ‘Nouvelliste de Lyon’. Il est reconnu qu’il s’intéresse et participe à tous les sports tout en se livrant au reportage de l’épreuve. Chaque année, il participe à la caravane du Tour de France cycliste et ses commentaires dans la presse sont très appréciés des lecteurs, ainsi que par les auditeurs de ses chroniques sportives à Radio-Lyon.

Un accident stupide, dû à la fatalité, l’arrache très tôt à l’affection des siens et de ses amis.

A la suite de ses funérailles à Saint-Bonnet-le-Froid, un autre hommage a été rendu à René Lecot à la chapelle de l’hôpital militaire Desgenettes à Lyon où lui ont été rendus les honneurs militaires avec les discours du Colonel Ruby de la base aérienne de Bron, de Félix Garcin, Président du Conseil d’Administration du ‘Nouvelliste’ et par M. Etévent, au nom de l’Association de journalistes de la presse quotidienne. Le Général Benoist, commandant la base aérienne de Bron, après avoir lu la citation de la part du Ministre de l’Air, épingla la Médaille militaire sur le drap mortuaire.

Au cimetière de Collonges-au-Mont-d’Or, des discours ont été prononcés par Clément Sahuc, au nom du Syndicat National des journalistes, et par M. Pays, Maire de Collonges.

Aujourd’hui, en septembre 2016, le Cercle Aéronautique Louis Mouillard qui se doit de promouvoir et pérenniser la mémoire des personnes et des évènements liés à l’aviation en région Rhône-Alpes vous rappelle les circonstances de ce drame aérien survenu à Saint-Bonnet-le-Froid (Haute-Loire), il y a 80 ans, et rend hommage à la mémoire de ce pilote et journaliste.

Sépulture de la famille LECOT au cimetière de Collonges au Mont d’Or:

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Photo Dominic Boyer

 

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Photo Dominic Boyer

 

Avec l’aimable collaboration de la Municipalité de Saint-Bonnet-le-Froid et de Mesdames : Dominic BOYER, Adjoint au Maire de Collonges-au-Mont-d’Or et  Evelyne CLERC du Groupe Histoire et Patrimoine de Collonges-au-Mont-d’Or.

Hommage à René LECOT, 80 ans de sa disparition © C.A.L.M 06/2016